WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La question de la performance des banques africaines au Cameroun.


par Jean Pierre Dany Menguele
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master professionnel en relations internationales 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III- DELIMITATION DU SUJET

Notre étude est délimitée dans le temps et dans l'espace.

Sur le plan temporel, nous avons choisi la période de 2010 à 2014. D'un côté, le choix de l'année 2010 est guidé par le fait que cette année est charnière en terme pénétration des BA au Cameroun. C'est également l'année de maturation des nombreuses réformes du secteur bancaire (en Afrique et au Cameroun) entreprises à la fin des années 90. D'un autre côté, le choix de l'année 2014 se justifie par rapport aux derniers rapports d'activités des banques disponibles et

11 SCB Cameroun a par exemple été Banque Chef de file des opérations d'Emprunt obligataire de l'Etat du Cameroun en 2013 et 2014

7

au dernier classement annuel des banques africaines réalisé par le magazine Jeune Afrique au moment où nous menons notre étude.

Sur le plan spatial, notre étude se délimite sur le secteur bancaire camerounais, bien que des exemples soient empruntés à partir d'autres cadres spatiaux en l'occurrence, la zone CEMAC, l'Afrique et l'Europe.

IV- REVUE DE LA LITTERATURE

L'activité internationale des banques a largement été abordée dans la littérature financière et est communément définie par le terme de « diversification géographique ». Les premiers travaux se sont focalisés sur les mobiles de l'internationalisation bancaire, par la suite plusieurs auteurs ont étudié les modes d'implantation des banques à l'étranger ainsi que l'impact de la diversification sur la performance des banques. Bien que la littérature soit très développée à ce sujet, aucun consensus n'a réellement été trouvé sur les bienfaits de la diversification. La théorie explique que la diversification alloue, d'une part de la crédibilité aux banques en tant qu'intermédiaires financiers, et d'autre part, de la garantie aux déposants pour la sécurité de leurs fonds [Diamond, (1984)]. La plupart des travaux se concentrent sur deux types de diversification ; l'une sur plusieurs activités bancaires, et l'autre sur plusieurs zones géographiques.

Les raisons de l'internationalisation bancaire

La littérature financière s'est penchée sur les mobiles de l'expansion transfrontalière des banques dès la fin des années 1970. Les résultats de la première vague d'études sont très différents de ceux que l'on observe aujourd'hui. Ceci peut être lié au fait que l'internationalisation des banques est aujourd'hui très différente et beaucoup plus autonome [Pastré, Blommestein, Jeffers, Pontbriand (2005)].

Les raisons principales expliquant la diversification géographique des banques sont regroupées en deux catégories dans la littérature : il existe des déterminants internes et des déterminants externes à la banque, comme le soulignent Nekhili et Karyotis (2008). L'ensemble de ces facteurs décrivent les principales caractéristiques de l'expansion bancaire.

8

- Les déterminants internes

Il existe quatre principaux facteurs décisifs liés à l'installation étrangère : la réalisation de profit, la clientèle, l'accès au capital et les motivations managériales.

La réalisation de profit : La première raison évoquée dans la littérature financière pour expliquer l'expansion internationale des banques est la recherche de performance et d'efficacité. En effet, en s'internationalisant les banques recherchent une diminution des coûts, grâce à l'élargissement de leurs bases de dépôts ou grâce à l'exploitation de nouvelles ressources [Deng et Elysiani (2008)] ; [Bout et Schmeits, (2000)] suggèrent que la diversification permet aux banques de réduire la volatilité des résultats. Ainsi, l'expansion géographique abaisse les risques et accroît la valeur de l'entreprise. Aussi, pour Berger et al. (2000) la diversification géographique des banques conduit à une meilleure performance en élargissant le pouvoir de marché et en améliorant l'efficacité des institutions financières. De son côté, Caves (1981) affirme que les institutions en se diversifiant, augmentent non seulement leur pouvoir de marché12, mais exploitent aussi des ressources qui ne sont généralement pas disponibles. Ensuite Cerasi et Daltung (2000) stipulent qu'il existe un niveau optimal de diversification dans la mesure où les banques opèrent généralement un arbitrage entre l'augmentation des coûts et les bénéfices résultant de la diversification.

Les banques s'expatrient également afin de suivre leurs clients internationaux et d'augmenter leur portefeuille de clientèle.

Suivre la clientèle et trouver de nouveaux clients : L'expansion internationale s'explique par le désir des banques de suivre leur clientèle à l'étranger. Le marché bancaire est caractérisé par une relation de long terme entre une banque et ses clients [Dietsch, (1992)]. C'est pourquoi les banques accompagnent leurs clients à l'étranger. Pour Grubel (1977) les banques qui suivent leurs clients à l'étranger peuvent exploiter la connaissance acquise sur le marché local et en acquérir une autre. Ces banques cultivent aussi les informations recueillis sur les marchés étrangers afin d'y implanter des filiales. La stratégie constituant à suivre la clientèle, représente un moyen de tester un nouveau marché [Casson (1990)]. Certaines études développées dans les années 80, telles que celle proposée par Goldberg et Saunders (1981) ont prouvé que les investissements directs étrangers opérés étaient liés à la présence de banques dans les pays ciblés.

12 Le pouvoir de marché peut être défini comme la possibilité de pouvoir fixer les prix de manière unilatérale sur le marché (Nekhili et Karyotis, 2008)

9

La décision de développer au-delà de ses frontières est également due au souhait des banques de trouver de nouveaux clients. En effet, en suivant les clients existants, elles essaient de construire un portefeuille composé d'une clientèle étrangère. Pour Molyneux (2003), les banques choisissent dans ce cas, l'établissement à l'étranger. Cette forme d'implantation à l'étranger est pour lui la moins coûteuse, afin d'augmenter son portefeuille de clients. En effet, la proposition de services et de produits liés à l'activité internationale génère des coûts élevés si la banque doit opérer depuis son pays d'origine. Une implantation dans le pays cible réduit les barrières à l'entrée et permet de diminuer les coûts.

D'autres facteurs internes tels que l'accès au capital, influencent sur les décisions des banques de s'installer à l'étranger.

L'accès au capital et la liquidité : En dépit de la réglementation bancaire, l'accès au capital est une problématique propre aux établissements bancaires. Le coût du capital d'une banque diffère de celui d'une entreprise industrielle. En effet, le coût des fonds propres des banques endosse une position primordiale en dépit du fait que les banques ont un effet levier plus important que les entreprises industrielles [Zimmer et Cauley, (1991)]. Le coût d'un produit financier représente pour une banque la moyenne pondérée des coûts spécifiques des diverses sources de financement, le facteur de pondération de chaque source de financement étant la valeur de marché de celle-ci. Ainsi si une banque établit un prix pour un produit financier, en dessous de son coût du capital, celle-ci expose ses actionnaires à une perte.

Pour Acharya et al., (2006) il existe plusieurs raisons pour lesquelles les banques décident d'étendre leurs activités au niveau international. L'une d'entre elles est que celles-ci exercent dans un environnement règlementaire nécessitant des exigences e capital étroitement liées au risque de l'actif, aux filiales et à la restriction en termes de crédit. Ainsi, la diversification géographique peut être vue comme un moyen de diminuer les coûts de régulation liés à l'exigence en capital et de diminuer les risques liés aux prêts. Les revenus nets d'intérêts sont pour beaucoup de banques une source de profit intéressante.

Par conséquent, comme nous l'avons souligné plus haut, l'international leur permet d'avoir des profits plus intéressants si les taux d'intérêt sont plus élevés dans les pays étrangers. La différence des taux d'intérêt peut dans ce cas être soit un facteur d'attraction soit un facteur de rejet : un facteur d'attraction si les taux d'intérêt sont plus élevés dans le pays étranger, un facteur de rejet dans le cas inverse [Slager, (2004)]. Lorsqu'une banque obtient un coût sur capital moins élevé que ses concurrentes, cela se répercute généralement sur sa part de marché.

10

Les motivations managériales : Amihud et Lev (1981) mentionnent que les décisions prises dans une entreprise sont généralement associées aux motivations du gestionnaire et non à la seule décision des actionnaires. Berger et Ofek (1996), ainsi que Demsetz et Strahan (1997) font valoir que l'établissement à l'étranger est directement lié au désir du gestionnaire de protéger son emploi, son pouvoir et de diversifier son propre risque. Aussi, les décisions du gestionnaire en termes de diversification de marchés sont fonction de sa propre rémunération ou des avantages indirects qu'il peut recevoir après la diversification.

De ce fait, la recherche de l'efficience et de la performance, le désir de suivre son client et d'en trouver d'autres et la volonté du gestionnaire de diversifier son propre risque sont autant de facteurs qui poussent à l'internationalisation bancaire. Cependant il existe également des déterminants externes à la banque.

- Les déterminants externes

Les facteurs externes sont, quant à eux, représentés par les innovations financières, la réglementation, le risque pays et par la similitude des cultures.

Les innovations financières et le progrès technologique : le progrès technologique ainsi que les changements économiques et financiers encouragent souvent l'expansion transfrontalière. Miller et Parkhe (2002) ont montré que les banques américaines étaient plus intéressées par les pays où les pratiques bancaires étaient bien développées. Les innovations financières sont une garantie pour les banques de réaliser des économies d'échelle et de créer de la valeur. Ainsi, la création de nouveaux outils tels que les centres d'appels ou les services bancaires en ligne, développe fréquemment de nouvelles opportunités et génère de la performance. Outre l'ensemble des innovations financières, la réglementation financière et bancaire adoptée par un pays peut aussi avoir des conséquences sur les stratégies internationales bancaires.

La réglementation : La réglementation a également un impact sur le choix de diversification géographique des banques. La dérèglementation du secteur bancaire français dans les années 80 a entraîné l'augmentation des partenariats bancaires. En conséquence les banques ont opéré une diversification dans plusieurs activités différentes ainsi que dans des régions variées [Lacoue Labarthe (2001)]. Aux Etas-Unis, le Gramm-Leach-Billey Act en 1999, a permis aux banques de diversifier leurs activités et a impulsé un mouvement de fusions et acquisitions entre banques de détail et banques d'investissement.

11

De plus, la réglementation renforce l'exigence en matière de liquidité. En Europe, les réformes réglementaires Bâle III pourraient avoir un impact réel sur les fusions-acquisitions internationales réalisées dans le secteur bancaire. Bâle II, selon Nekhili et Karyotis (2008), avait déjà eu des conséquences sur les opérations internationales en particulier sur la gestion des risques opérationnels et de crédit ainsi que sur la répartition des capitaux propres. De ce fait, la réglementation du pays d'origine et celle du pays cible sont des facteurs déterminants pour l'expansion internationale tout comme le risque pays.

Le risque pays : Le risque pays représente aussi un facteur discriminant pour l'établissement à l'étranger. Cerruti et al. (2007) estiment que le risque pays est le résultat de déterminants politiques et économiques tels que la que la stabilité des taux de change ou e niveau de dette publique. Pour ces auteurs, le risque pays est composé des risques économiques et politiques. Coeurderoy et Quelin (1997) expliquent également que la stratégie internationale des banques est fonction des risques politiques, économiques et sociaux. Les différences de langue et de culture représentent aussi un risque pays. Les banques doivent également faire face à un risque inattendu tel que des contagions dues à une défaillance du système financier et politique [Greuning et Bratanovic (2004)]

Les déterminants culturels et historiques : L'histoire et la culture peuvent être des facteurs discriminants, notamment si le pays domestiques partage la même culture et la même langue que le pays cible. Lorsqu'une institution financière s'implante dans un pays qui possède la même langue, il apparaît plus facile pour celle-ci de proposer des produits adaptés à la clientèle locale selon Slager (2004). D'ailleurs, la plupart des stratégies de mondialisation des banques européennes ont pour point d'appui l'héritage colonial. En effet, les banques espagnoles et anglaises ont opté dans un premier temps pour une installation dans les anciennes colonies.

Les logiques de l'internationalisation bancaire sont donc à la fois rythmées par des facteurs propres à la banque, mais également par des déterminants extérieurs. Ces caractéristiques nous démontrent que les banques recherchent avant toutes choses de meilleures conditions d'exploitation.

Performance des banques à l'international

Certaines études empiriques se penchent sur les effets d'une expansion géographique [Cubo-Ottone et Murgia, (2000)]. D'autres expliquent les conséquences sur la performance et le risque de la diversification par le biais de lignes d'activités bancaires différentes telles que

12

l'assurance [Wall et Eisenbeis, (1984)], ou encore le crédit à la consommation [Sinkey et Nash, (1993)]. Et enfin, certains auteurs se préoccupent des deux dimensions, à savoir la diversification sur les zones géographiques différentes et la diversification à travers plusieurs métiers [Stiroh et Rumble, (2006)].

Berger et al. (2000) ont essayé d'évaluer les effets des acquisitions transfrontalières sur la performance des banques européennes (France, Espagne, Allemagne, et Italie) et des banques américaines dans les années 1990. Ils concluent que les banques transfrontalières réalisent moins de profit que les banques nationales.

En revanche, Forcarelli, Panetta et Salleo (2000) constatent que les fusions transfrontalières sont accompagnées d'une augmentation des profits. Cependant, l'expansion internationale induit des difficultés directement liées à l'établissement à l'étranger. Les banques doivent faire face aux risques politiques et économiques. Elles doivent également contrôler les difficultés liées aux différences culturelles et linguistiques.

D'autres frais peuvent aussi survenir en raison de la hausse du taux de change ou encore de l'augmentation des frais de personnel. Atumbas et Marques (2008) ont également examiné les effets des fusions et acquisitions transfrontalières sur la performance des banques européennes et ont trouvé des conséquences négatives sur la performance. Hayden, Porath et Westernhagen (2006) ont démontré que la diversification réduisait le Return on Equity (ROE) des banques détenant beaucoup de filiales réalisaient moins de bénéfice.

Bergen, Hansan et Zhou (2010) se sont intéressés à la diversification des banques chinoises (en termes de métiers et de zones géographiques) et remarquent que les deux dimensions de diversification apportent une baisse des profits et une hausse des coûts.

Ainsi, bien que la littérature ait largement débattu sur les mobiles de l'internationalisation des banques, de même que sur l'impact de cette internationalisation sur leurs performances, il n'en demeure pas moins que ces travaux se sont plus focalisés sur les banques occidentales et asiatiques. Le cas des banques africaines est très peu évoqué. Aussi, nous allons présenter dans la section suivante la problématique de notre recherche.

13

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore