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La question de la performance des banques africaines au Cameroun.


par Jean Pierre Dany Menguele
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master professionnel en relations internationales 2017
  

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2 : Exploiter la niche des PME

L'expérience du groupe Bank Of Africa (BOA) est une inspiration que nous proposons pour une meilleure exploitation de la niche des PME par les BA. Pour ce faire, elle se fonde sur quatre axes :

Le premier, et sans doute le plus décisif, est le partage des risques liés aux crédits des PME avec d'autres institutions bancaires. Outre son intérêt direct pour les banques, qui minimisent ainsi les pertes potentielles, ce partage favorise aussi la prise de conscience par d'autres bailleurs de fonds du caractère essentiel de ce public mais aussi des difficultés inhérentes à la satisfaction de ses besoins. Deux principales approches sont envisageables et sont testées par le réseau BOA. L'une, globale, consiste à utiliser des lignes de garantie de portefeuille, accordées pour un montant donné et pouvant être affectées à un portefeuille de PME librement choisi par la banque. La Société Financière Internationale (SFI) a ainsi accordé

81 Bank Of Africa (BOA) a obtenu en Octobre 2016, l'agrément COBAC pour exercer au Cameroun et devient ainsi la 15ème banque commerciale du Cameroun et la 7ème BA à s'installer au Cameroun

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une telle ligne de garantie, couvrant 50 % des risques pris par la banque, à la BOA Mali pour 1,5 milliard de FCFA. Elle devrait mettre en place sous peu un dispositif identique pour les quatre BOA d'Afrique de l'Est pour un montant total de 10 millions de dollars US. L'autre approche s'appuie sur des garanties individuelles. Les dossiers sont alors soumis par les banques à des fonds de garantie qui les étudient au cas par cas. L'efficacité de ces mécanismes est cependant très liée à la qualité, encore souvent médiocre, de l'équilibre entre rigueur de gestion de ces fonds et souplesse de mise en jeu des garanties.

La création de départements spécialisés au sein des banques constitue un deuxième exemple de solution envisageable pour rapprocher les banques des PME. L'expérience tentée en la matière à la BOA Mali, lors de l'opération menée avec la SFI, montre l'apport réel d'une telle spécialisation. Encadrée par un assistant technique étranger spécialiste de ce segment, une équipe de deux personnes est entièrement dédiée aux PME. Des critères d'analyse des dossiers et de suivi des financements, spécifiquement adaptés au cas des PME, ont été définis. Ces critères prennent davantage en compte l'activité des entreprises et les revenus attendus que les garanties offertes par les promoteurs. Les efforts ainsi entrepris témoignent clairement de la volonté de la banque de servir les PME et permettent à ces dernières de bénéficier d'interlocuteurs bien identifiés et parlant mieux leur langage.

La diversification des outils de financement proposés aux PME apparaît comme une troisième voie à explorer pour améliorer les relations banques-PME. Le crédit-bail, l'affacturage sont à inclure dans l'éventail des instruments utilisables. Le développement de ces produits se heurte néanmoins d'une part au fait qu'ils sont souvent étrangers à la culture des PME et, d'autre part, aux dispositions réglementaires généralement peu favorables à ces instruments spécialisés. L'effort pour promouvoir leur généralisation doit cependant être poursuivi. Les trois sociétés de crédit-bail du réseau BOA ont en effet montré leur viabilité et leur utilité depuis plus de 10 ans.

La quatrième voie est encore insuffisamment exploitée et s'inscrit davantage dans le futur. Elle vise à compléter et renouveler la panoplie des garanties capables de mieux sécuriser les dossiers des PME. A côté des garanties immobilières, souvent peu appropriées, de nouvelles pistes sont à explorer. La caution conjointe apportée par des personnes connues de la banque, la création évoquée depuis longtemps mais jamais mise en oeuvre de sociétés de caution mutuelle à base sectorielle ou géographique, ou encore le partenariat de PME avec des grandes

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entreprises à travers des contrats de sous-traitance (donnant ainsi de fortes assurances de niveau d'activité) apparaissent par exemple comme des solutions réalisables et prometteuses.

En somme de cette deuxième partie, le secteur bancaire camerounais a connu une certaine évolution depuis l'époque coloniale jusqu'aux crises bancaires des années 80 et 90. A la suite de ces crises, une importante réforme a été entreprise, avec la mise en place d'un organe sous régional de supervision bancaire : la COBAC, et une plus grande ouverture du système bancaire à l'international entre autres réformes. Cette ouverture a favorisé l'installation de nouveaux acteurs africains que sont les BA.

Les principales BA en activité au Cameroun sont : Ecobank, la Société Commerciale de Banque (Groupe Attijariwaffa), United Bank for Africa, BGFI Bank, et Afriland First Bank. Dès lors, les BA s'intègrent dans une dynamique d'accompagnement de la croissance de l'économie africaine en général et celle du Cameroun en particulier. L'évaluation de leur performance au Cameroun nous a permis de constater qu'elles sont rentables et se positionnent dans le peloton de tête des banques du secteur bancaire camerounais en termes de parts de marchés que ce soit dans la collecte des dépôts de la clientèle, ou dans l'octroi des crédits.

Toutefois ces performances réalisées au Cameroun sont en deçà de celles réalisées dans les autres régions et pays du continent et ceci est dû à des facteurs macroéconomiques liés à la fragilité du système bancaire et au faible financement des PME par les concours bancaires. Pour remédier à ces entraves, il serait judicieux que les autorités renouvellent les règles du système bancaire camerounais, et que les BA mettent en oeuvre des stratégie pour une exploitation plus efficiente de la niche des PME qui reste largement inexploitée, alors que ces dernières constituent le moteur de la croissance économique du pays.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille