2 : Exploiter la niche des PME
L'expérience du groupe Bank Of Africa (BOA) est une
inspiration que nous proposons pour une meilleure exploitation de la niche des
PME par les BA. Pour ce faire, elle se fonde sur quatre axes :
Le premier, et sans doute le plus décisif, est le
partage des risques liés aux crédits des PME avec d'autres
institutions bancaires. Outre son intérêt direct pour les banques,
qui minimisent ainsi les pertes potentielles, ce partage favorise aussi la
prise de conscience par d'autres bailleurs de fonds du caractère
essentiel de ce public mais aussi des difficultés inhérentes
à la satisfaction de ses besoins. Deux principales approches sont
envisageables et sont testées par le réseau BOA. L'une, globale,
consiste à utiliser des lignes de garantie de portefeuille,
accordées pour un montant donné et pouvant être
affectées à un portefeuille de PME librement choisi par la
banque. La Société Financière Internationale (SFI) a ainsi
accordé
81 Bank Of Africa (BOA) a obtenu en Octobre 2016,
l'agrément COBAC pour exercer au Cameroun et devient ainsi la
15ème banque commerciale du Cameroun et la
7ème BA à s'installer au Cameroun
103
une telle ligne de garantie, couvrant 50 % des risques pris
par la banque, à la BOA Mali pour 1,5 milliard de FCFA. Elle devrait
mettre en place sous peu un dispositif identique pour les quatre BOA d'Afrique
de l'Est pour un montant total de 10 millions de dollars US. L'autre approche
s'appuie sur des garanties individuelles. Les dossiers sont alors soumis par
les banques à des fonds de garantie qui les étudient au cas par
cas. L'efficacité de ces mécanismes est cependant très
liée à la qualité, encore souvent médiocre, de
l'équilibre entre rigueur de gestion de ces fonds et souplesse de mise
en jeu des garanties.
La création de départements
spécialisés au sein des banques constitue un deuxième
exemple de solution envisageable pour rapprocher les banques des PME.
L'expérience tentée en la matière à la BOA Mali,
lors de l'opération menée avec la SFI, montre l'apport
réel d'une telle spécialisation. Encadrée par un assistant
technique étranger spécialiste de ce segment, une équipe
de deux personnes est entièrement dédiée aux PME. Des
critères d'analyse des dossiers et de suivi des financements,
spécifiquement adaptés au cas des PME, ont été
définis. Ces critères prennent davantage en compte
l'activité des entreprises et les revenus attendus que les garanties
offertes par les promoteurs. Les efforts ainsi entrepris témoignent
clairement de la volonté de la banque de servir les PME et permettent
à ces dernières de bénéficier d'interlocuteurs bien
identifiés et parlant mieux leur langage.
La diversification des outils de financement proposés
aux PME apparaît comme une troisième voie à explorer pour
améliorer les relations banques-PME. Le crédit-bail,
l'affacturage sont à inclure dans l'éventail des instruments
utilisables. Le développement de ces produits se heurte néanmoins
d'une part au fait qu'ils sont souvent étrangers à la culture des
PME et, d'autre part, aux dispositions réglementaires
généralement peu favorables à ces instruments
spécialisés. L'effort pour promouvoir leur
généralisation doit cependant être poursuivi. Les trois
sociétés de crédit-bail du réseau BOA ont en effet
montré leur viabilité et leur utilité depuis plus de 10
ans.
La quatrième voie est encore insuffisamment
exploitée et s'inscrit davantage dans le futur. Elle vise à
compléter et renouveler la panoplie des garanties capables de mieux
sécuriser les dossiers des PME. A côté des garanties
immobilières, souvent peu appropriées, de nouvelles pistes sont
à explorer. La caution conjointe apportée par des personnes
connues de la banque, la création évoquée depuis longtemps
mais jamais mise en oeuvre de sociétés de caution mutuelle
à base sectorielle ou géographique, ou encore le partenariat de
PME avec des grandes
104
entreprises à travers des contrats de sous-traitance
(donnant ainsi de fortes assurances de niveau d'activité) apparaissent
par exemple comme des solutions réalisables et prometteuses.
En somme de cette deuxième partie, le secteur bancaire
camerounais a connu une certaine évolution depuis l'époque
coloniale jusqu'aux crises bancaires des années 80 et 90. A la suite de
ces crises, une importante réforme a été entreprise, avec
la mise en place d'un organe sous régional de supervision bancaire : la
COBAC, et une plus grande ouverture du système bancaire à
l'international entre autres réformes. Cette ouverture a favorisé
l'installation de nouveaux acteurs africains que sont les BA.
Les principales BA en activité au Cameroun sont :
Ecobank, la Société Commerciale de Banque (Groupe Attijariwaffa),
United Bank for Africa, BGFI Bank, et Afriland First Bank. Dès lors, les
BA s'intègrent dans une dynamique d'accompagnement de la croissance de
l'économie africaine en général et celle du Cameroun en
particulier. L'évaluation de leur performance au Cameroun nous a permis
de constater qu'elles sont rentables et se positionnent dans le peloton de
tête des banques du secteur bancaire camerounais en termes de parts de
marchés que ce soit dans la collecte des dépôts de la
clientèle, ou dans l'octroi des crédits.
Toutefois ces performances réalisées au Cameroun
sont en deçà de celles réalisées dans les autres
régions et pays du continent et ceci est dû à des facteurs
macroéconomiques liés à la fragilité du
système bancaire et au faible financement des PME par les concours
bancaires. Pour remédier à ces entraves, il serait judicieux que
les autorités renouvellent les règles du système bancaire
camerounais, et que les BA mettent en oeuvre des stratégie pour une
exploitation plus efficiente de la niche des PME qui reste largement
inexploitée, alors que ces dernières constituent le moteur de la
croissance économique du pays.
105
|