SECTION II : APPRECIATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN
Le dernier classement (2014) des banques africaines publié
par le magazine Jeune Afrique, présente les résultats suivants
:
Tableau 18 : Classement des 200 premières banques
africaines en 2014
Rang
2014
|
Banque
|
Pays
|
Total de bilan (millions USD)
|
PNB (millions USD)
|
1
|
STANDARD BANK GROUP
|
Afrique du Sud
|
163 816
|
7 250
|
7
|
ATTIJARIWAFA BANK
|
Maroc
|
44 372
|
2 148
|
15
|
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
|
Togo
|
24 244
|
2 280
|
20
|
UNITED BANK FOR AFRICA GROUP
|
Nigéria
|
15 001
|
1 045
|
25
|
UBA - NIGERIA
|
Nigéria
|
12 700
|
818
|
32
|
ECOBANK NIGERIA
|
Nigéria
|
9 548
|
965
|
45
|
BGFIBANK HOLDING CORP.
|
Gabon
|
5 692
|
345
|
63
|
AFRILAND FIRST GROUP
|
Cameroun
|
3 287
|
232
|
72
|
ATTIJARI BANK TUNISIE
|
Tunisie
|
2 839
|
141
|
82
|
BGFI GABON
|
Gabon
|
2 758
|
154
|
103
|
ECOBANK GHANA
|
Nigéria
|
1 802
|
292
|
127
|
BGFI BANK CONGO
|
Congo
|
1 791
|
87
|
137
|
AFRILAND FIRST BANK
|
Cameroun
|
1 523
|
86
|
141
|
ECOBANK COTE D'IVOIRE
|
Côte d'Ivoire
|
1 330
|
81
|
144
|
SOCIETE GENERALE CAMEROUN
|
Cameroun
|
1 331
|
90
|
148
|
BICEC
|
Cameroun
|
1 249
|
100
|
157
|
ECOBANK BURKINA
|
Burkina Faso
|
1 121
|
71
|
163
|
ECOBANK SENEGAL
|
Sénégal
|
1 047
|
68
|
172
|
ECOBANK BENIN
|
Bénin
|
1 014
|
75
|
183
|
SCB CAMEROUN
|
Cameroun
|
833
|
71
|
189
|
ECOBANK CAMEROUN
|
Cameroun
|
813
|
68
|
Source: Jeune Afrique, spécial finance,
17ème édition 2014
Selon ce tableau, les BA exerçant au Cameroun se
positionnent parmi les banques les moins performantes du continent et pourtant
leurs filiales soeurs exerçant dans les autres régions du
continent se positionnent dans les premières places.
Aussi, Le panorama du secteur bancaire en Afrique
établi à partir des données de la BEI, du FMI et des
Banques centrales d'Afrique donne les chiffres suivants : Afrique du Nord : 571
Milliards d'USD d'actifs ; 51% du PIB régional pour 125 banques. En
Afrique de l'Ouest : 168 Milliards d'USD d'actifs ; 31% du PIB régional
pour 211 banques. Afrique de l'Est : 62 Milliards d'USD d'actifs ; 31% du PIB
régional pour 200 banques. Afrique Australe : 459 Milliards d'USD
d'actifs ; 75% du PIB régional pour 176 banques. Afrique centrale : 20
Milliards d'USD d'actifs ; 19% du PIB régional pour 69 banques.
L'Afrique centrale se
96
positionne comme la dernière zone du continent en
termes d'actifs bancaires, du nombre de banques et de contribution du secteur
bancaire au PIB comme le montre la figure 6 ci-dessous :
Figure 6 : Panorama du secteur bancaire en
Afrique
Source : Laureen kouassi-Olsson, julien
Lefilleur, soutenir l'émergence d'un secteur financier pérenne en
Afrique, In Secteur privé et Développement, n° 13, Mai 2013,
pp. 12-14
Dans le paragraphe précédent nous avons
procédé à une évaluation de la performance des BA
dans le secteur bancaire camerounais et il en est ressorti que dans l'ensemble
les BA sont rentables, réalisent de bons résultats, et se
positionnent dans le peloton de tête des banques en
97
activité au Cameroun, mais paradoxalement au niveau
continental elles sont parmi les moins performantes. Il en découle donc
que cette faiblesse de performance à l'échelle continentale tient
à des facteurs liés à la zone, et plus
particulièrement au pays. La présente section se propose
d'exposer les principales entraves à une performance optimale des BA au
Cameroun d'une part et de proposer des mesures correctives d'autre part.
A : LES ENTRAVES A UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN
Les principales entraves à une performance optimale des
BA au Cameroun résident principalement dans la fragilité du
système bancaire camerounais, et le faible financement des PME par les
banques.
1 : La fragilité du système bancaire
Le système financier camerounais s'est non seulement
développé, mais a aussi considérablement gagné en
stabilité. Alors qu'à la fin des années 80 et le
début des années 90, le pays subissait une crise bancaire
systémique, le système bancaire est aujourd'hui stable, bien
capitalisé et extrêmement liquide, au point même de nuire
à sa capacité d'intermédiation. Cependant, le secteur
financier connaît encore des problèmes d'échelle et de
volatilité. En effet, la taille réduite de l'économie
camerounaise permet difficilement aux BA de réaliser des
économies d'échelle ; aussi le degré élevé
d'informalité augmente les coûts pour les établissements
financiers et exclut d'importants segments de la population des services
financiers formels. La volatilité individuelle et agrégée
alourdit les coûts et nuit à la gestion des risques. Les
problèmes de gouvernance persistent dans de nombreuses entreprises
publiques et privées et entravent aussi bien l'activité des BA
que les tentatives de réforme et les interventions publiques pour
corriger les défaillances de marché. Ces circonstances
défavorables expliquent pourquoi le système bancaire camerounais
demeure concentré et peu compétitif. Elles expliquent aussi le
coût encore très élevé des services financiers et
des taux d'intérêts, les durées de prêt
réduites et la préférence des banques camerounaises pour
les obligations souveraines au détriment des prêts au secteur
privé, et en l'occurrence les PME.
98
Par ailleurs, le taux de bancarisation reste faible au
Cameroun, environs 17,9% selon un récent rapport de la COBAC. Le poids
des crédits bancaires dans le Produit Intérieur Brut (PIB) est
toujours très inférieur à celui de nombreux pays à
développement économique comparable. Dans un tel système
bancaire dominé par de vastes réseaux, la banque centrale est
confrontée à des risques nouveaux posés par les banques
transafricaines, et notamment les BA, dans lesquelles le contrôle d'un
établissement installé au Cameroun est exercé par une
autre banque d'une autre zone géographique du continent. Les motivations
des maisons mères peuvent ne pas coïncider avec les
priorités économiques du Cameroun où leurs filiales sont
installées. L'autorité Monétaire du pays d'une Holding
installée au Cameroun peut elle-même être davantage
préoccupée par le risque systémique qu'un ensemble de
filiales va faire courir à une institution qu'elle contrôle et
prendre des décisions peu compatibles avec la contribution optimale de
sa filiale au développement économique du pays.
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