2 : Les autres indicateurs financiers de
performance
Quatre autres indicateurs financiers de performance bancaire
peuvent être présentés. Il s'agit du Taux de Rendement
Interne (TRI), du Ratio du Retour sur Fonds Propres ajusté au Risque
(RAROC), du Taux de Rendement des Titres (TRT) et du Coefficient d'Exploitation
(CE).
2.1 : Le taux de rendement interne (TRI)
La notion de TRI et la méthode qu'elle inspire
permettent de formuler une appréciation financière sur les
projets d'investissement. Le TRI d'un investissement est synonyme du taux de
rentabilité de cet investissement. En clair, c'est le taux
d'actualisation pour lequel la valeur actuelle nette (VAN) de l'investissement
est nulle. D'un point de vue financier, il permet donc de juger de
l'intérêt de l'investissement : Il suffit pour cela de le comparer
au taux de rentabilité à exiger du projet compte tenu de son
risque. S'il lui est supérieur, il y a création de valeur, sinon
l'investissement ne mérite pas, d'un point de vue financier,
d'être réalisé. La VAN et le TRI conduisent aux mêmes
décisions lorsqu'il s'agit simplement de savoir si un investissement
peut être entrepris ou non. Ce n'est que lorsqu'il faut choisir entre
deux investissements mutuellement exclusifs que le critère du TRI est
moins bon que celui de la VAN.
2.2 : Le ratio du retour sur fonds propres ajusté
au risque (RAROC)
Le RAROC de l'anglais Risk Adjusted Return on Capital est un
indice qui a été utilisé dans un premier temps pour les
activités de marché. Cette mesure a permis d'évaluer la
performance des opérations de crédit afin de déterminer le
montant de capital nécessaire pour couvrir les risques de nature
très différente.
L'élaboration de la méthode RAROC a
commencé vers la fin des années 70, dans une période
où la finance directe prenait le pas sur la finance
intermédiée, notamment après la nouvelle théorie de
portefeuille de Markowitz, basée sur la diversification et
l'optimisation du couple Rentabilité/Risque. La méthode RAROC a
été lancée aux Etats-Unis au sein de Bankers
Trust, par ingénieur financier Charles S. Sanford30.
L'idée originelle était de mesurer le risque
30 Gene D. Guill, Bankers trust and the Birth of
Modern Risk Management, The Warton school, University of pensylvania,
2007
33
de portefeuille de crédit bancaire, aussi bien
que le montant de capitaux propres nécessaires pour limiter
l'exposition des déposants de la banque et autres créanciers a
une probabilité spécifiée de perte. Depuis lors, cette
méthode a connu une large diffusion auprès de plusieurs
banques, d'abord dans les pays anglo-saxons, puis
rapidement, dans le reste du monde bancaire comme outil par excellence de
l'évaluation et de couverture du risque de crédit.
Dans sa définition la plus large, le RAROC
est un indicateur synthétique permettant de mettre en exergue
la rentabilité réelle d'une opération avec le risque qui
lui est associé. Nous retrouvons ainsi les notions classiques de
frontière efficientes sur une analyse en
rentabilité/risque. Dans ce sens, il se calcule de la
manière suivante :
Marge nette --Perte nette
RAROC =
Capital économique
La perte moyenne représente ici une perte
prévisible. Elle est calculée à partir d'une provision
évaluée ex ante. Le capital économique, quant à
lui, représente le niveau de fonds propres nécessaires pour
recouvrir le risque de perte inattendue. Le retour sur fonds propre
ajusté au risque de crédit peut être
défini comme une mesure des transformations de risque
provoqué par l'addition ou la soustraction d'un actif
donné. Cet indicateur est notamment utilisé pour le suivi des
produits dérivés.
Remarque : Au niveau du portefeuille
bancaire, il serait hasardeux d'effectuer un lien direct entre les objectifs du
ROE de la banque et son RAROC global il garder à l'esprit que le RARAC
n'a pas vocation à traiter le risque opérationnel par
exemple, alors que le ROE est un indicateur
synthétique de toutes les activités
2.3 : Le taux de rendement des titres (TRT)
Le TRT représente le taux de rendement
instantané, prenant en compte les dividendes rapportés à
la valeur d'acquisition du titre. Le rendement d'une action est le rapport,
exprimé en pourcentage, entre le dividende et le cours en bourse. C'est
donc le revenu annuel que procure, à un instant donné, une action
à son détenteur, en supposant que le dividende soit maintenu. A
dividendes constants, plus les cours montent, plus le rendement diminue. A
l'inverse, plus les cours baissent, plus le rendement augmente.
34
Pour une banque qui ne distribue pas de
dividendes, bien entendu son TRT sera nul. Par ailleurs, si une banque n'a pas
distribué des dividendes pendant un ou plusieurs exercices, le calcul du
rendement sur la base du dernier dividende n'a pas de signification.
Le rendement est un critère d'appréciation
important. Il donne en effet, une mesure de la rentabilité d'une valeur
(le retour que peut attendre un actionnaire de son investissement,
en faisant abstraction de la plus-value de portefeuille). Mais si un rendement
élevé (c'est-à-dire sensiblement supérieur à
la moyenne du marché) constitue une protection pour l'actionnaire
notamment en cas de baisse du marché, il ne donne pas forcément
un signal d'achat. Tout dépend en fait des perspectives de croissance de
la banque et de sa capacité à
dégager chaque année un
bénéfice par action en progression. D'autant plus
qu'une société peut bien puiser dans ses réserves ou
distribuer un dividende exceptionnel qui ne sera pas reconduit l'année
suivante, alors qu'une autre ne distribuera qu'un montant symbolique,
privilégiant l'autofinancement de ses investissements. Le mieux
d'ailleurs est de calculer le TRT sur la base du dividende prévisionnel,
mais cela n'est pas toujours chose aisé.
TRT = Dernier dividende
versé
Cours du titre
Remarque : Plus le rendement est
élevé c'est-à-dire supérieur à la moyenne du
marché, plus il est intéressant d'investir sur le titre dans un
objectif de long terme. Toutefois, si le rendement constitue pour
l'actionnaire une protection, ce n'est pas forcément un
signal d'achat. Il faut également passer en revue les
perspectives de croissance de la banque et ses capacités à
dégager un bénéfice net par action (BNPA).
2.4 : Le coefficient d'exploitation
Cet indicateur se calcule de la manière suivante :
Frais généraux
Coeff d'exploitation =
Produit Net Bancaire
Le calcul de ce coefficient permet non seulement une analyse
de la performance, mais également une analyse de
l'exploitation. Le produit net bancaire (PNB) est une mesure qui
intègre une addition entre la marge
d'intérêts (intérêts reçus -
intérêts versés), les commissions, les gains ou les pertes
sur opérations financières. Le calcul du PNB permet de
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bien reconnaitre la nature de l'activité de
l'établissement. Il aide à identifier si l'établissement
est en intermédiation classique ou prestation à la commission.
La marge d'intérêt dépend principalement
des conditions de refinancement des établissements. L'évolution
des frais généraux est également un indicateur d'analyse
de l'exploitation. Les frais généraux sont calculés
à partir des frais de personnel et des frais d'administration. Le CE est
donc un ratio déterminant, dans la mesure où il mesure la
consommation du PNB par les frais administratifs et les frais de personnel.
Le CE est donc un indicateur de performance, il est en quelque
sorte le nerf de la guerre. Il permet de mesurer la proportion des gains
bancaires absorbés par les coûts fixes. En France par exemple,
depuis 2008, les banques réduisent leurs charges pour améliorer
leur rentabilité. Le CE permet de jauger cet effort. Plus il est faible,
plus la banque est rentable.
Remarque : Un coefficient
très bas peut dissimuler une situation de liquidité et de
solvabilité insuffisante. A contrario, un coefficient
élevé peut résulter de facteurs non récurrents
comme des dépréciations ou encore des charges exceptionnelles.
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