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La question de la performance des banques africaines au Cameroun.


par Jean Pierre Dany Menguele
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master professionnel en relations internationales 2017
  

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SECTION II : LES DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE

Le phénomène grandissant de l'expansion des banques à l'internationale suscite un intérêt particulier quand à l'impact qu'il génère sur la performance de ces entreprises toutes particulières. Le plus souvent, une banque décide de s'internationaliser pour des raisons bien définies, mais qui aboutissent toutes à la quête d'une meilleure performance. Aussi, il convient de déterminer les domaines de la performance bancaire. La présente section se propose de présenter les indicateurs quantitatifs ou financiers d'une part et les indicateurs qualitatifs ou non financier d'autre part.

A : LES INDICATEURS FINANCIERS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE

Les banques accordent une très grande importance à la performance bancaire. Les analystes financiers utilisent de nombreux types d'indicateurs financiers afin d'appréhender la performance des banques. Ces indicateurs peuvent être budgétaires ou encore comptable. Dans cette section nous nous focaliserons essentiellement sur la rentabilité bancaire d'une part, et sur les autres indicateurs financiers d'autre part.

1 : La rentabilité bancaire

La rentabilité peut être globalement définie comme « l'aptitude de l'entreprise à secréter un résultat exprimé en unités monétaires ».28 Ainsi définie, cette notion renvoie à l'appréciation de l'efficacité de l'entreprise, mais privilégie une évaluation monétaire des performances.

Qu'elle apparaisse comme le reflet d'une conception étroite de l'efficacité, ou, au contraire comme une expression synthétique des performances de toute nature, la rentabilité est généralement présentée comme une des références fondamentales qui orientent les décisions et les comportements des entreprises. Mais la façon dont ces dernières la prennent en compte dans la formulation de leurs projets donne lieu à des appréciations divergentes.

Afin de mieux appréhender la rentabilité bancaire, nous présenterons d'abord ses différentes approches, avant de nous appesantir sur sa mesure.

28 B. Colasse, Gestion financière de l'entreprise, PUF, Paris, 1993

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1.1 : Les différentes approches de la rentabilité bancaire

Nouy (1993) définissait la rentabilité bancaire comme la capacité d'une banque à dégager de son exploitation des profits élevés lui permettant de poursuivre son activité, tout en déduisant les coûts nécessaires à la poursuite de l'activité. Les analystes financiers peuvent mesurer cette rentabilité financière de trois manières différentes.

D'abord, la rentabilité est évaluée à partir des marges, des coûts et des rendements. Nouy (1993) précise que la variation de la rentabilité est fonction de l'évolution des taux mais également de la variation des volumes. Pour lui, il convient donc de tenir compte de la variation de ceux-ci afin d'apprécier la performance bancaire. Pour ce faire, l'étude des rendements mais aussi des coûts est nécessaire. Cet examen est réalisé habituellement en comparant les montants des intérêts perçus et versés avec les montants des prêts et emprunts qui correspondent.

Ensuite, l'analyse de la rentabilité des banques est aussi effectuée à partir des Soldes Intermédiaires de Gestion (SIG). Ces soldes permettent de comprendre et de connaître les différents éléments qui ont permis d'obtenir le résultat net de la banque. Les SIG représentent généralement le Produit Net Bancaire (PNB), le Produit Brut d'Exploitation (PBE), le Produit Net d'Exploitation (PNE) et le Résultat Net (RN). Certaines études à l'image de Hubrecht et Guerra (2005) étudient la performance des banques à partir du PNB. Ces auteurs, qui analysent la performance des agences bancaires, considèrent que celles-ci peuvent être analysées comme des succursales dans la mesure où celles-ci sont organisées de telle sorte que les décisions en dotation de ressources ou en amortissement de produits sont prises par la direction générale. Le PNB est égal à déduction des charges bancaires des produits bancaires, résultant des activités de prêts et d'emprunt, de change et des opérations de titres.

Enfin, les analystes s'intéressent également à la structure de l'exploitation mise en exergue par les ratios d'exploitation. Ces ratios sont représentés par le Return On Equity (ROE) exprimant la rentabilité du point de vue de l'actionnaire ; Le Return On Asset (ROA), représentant le rendement de l'actif, ou encore le coefficient global d'exploitation mesurant la partie des profits réalisés, absorbés par les coûts fixes bancaires.

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1.2 : Mesure de la rentabilité bancaire : rentabilité financière et rentabilité économique

La littérature bancaire et financière assimile souvent le concept de rentabilité aux concepts d'efficience et d'efficacité. Ces deux concepts sont très proches dans beaucoup d'études de rentabilité bancaire. Le concept d'efficience met en relation les gains réalisés et les procédés utilisés pour les obtenir. L'efficience peut être donc définie comme un processus menant à la réalisation des gains élevés accompagnés d'une minimisation des coûts. L'efficience implique donc une rentabilité élevée et une productivité. L'efficacité quant à elle, est caractérisée par la capacité d'une banque, à réaliser et à atteindre un résultat désiré, prévu, et surtout appréciable. En effet, l'efficacité d'un gestionnaire est ordinairement reconnue dans l'aptitude à celui-ci à réaliser des objectifs fixés. Ces deux notions font donc appel à celle de rentabilité.

Comme nous l'avons souligné précédemment, la mesure de la rentabilité peut être faite à partir du résultat opérationnel (exprimant l'efficacité des systèmes d'investissement et d'exploitation), et du RN ou encore des ratios de rendement des capitaux propres (ROE) ou de rendement de l'actif (ROA).

D'ailleurs, l'étude de la performance bancaire se fait majoritairement dans la littérature, à partir du ROE et du ROA. L'utilisation de ces ratios est très commune dans la mesure où l'évaluation de la performance faite uniquement à partir des coûts possède des limites. En effet, De Young, Hunter et Udell (2004) utilisent ces indicateurs afin d'évaluer la performance des banques. Ils stipulent qu'une mesure de la rentabilité prenant en compte exclusivement des coûts ne révèle pas la rentabilité réelle de la banque. En effet, celle-ci peut décider de mener une politique d'investissement en personnel qualifié ou en équipement de qualité ou en équipement de qualité pesant sur les coûts, l'objectif étant de maximiser les bénéfices. Dans ce cas, la banque se révèle moins efficiente en termes de coûts. Ces différents investissements rapportés au total de l'actif nous communiquent la rentabilité de l'actif bancaire.

En ce sens, le ROE, mesurant la rentabilité des capitaux propres, évalue la capacité de la banque à utiliser au mieux ses actifs pour réaliser de bons résultats. Ce ratio correspond de ce fait, au bénéfice net perçu par l'ensemble des actionnaires. Cette mesure traduit la santé financière de la banque quand celle-ci connaît des difficultés, aucun dividende ne sera versé aux actionnaires. De même, si elle dépose son bilan, les investisseurs en capitaux propres ne seront remboursés que si le créancier l'est. Dans le cas contraire, si elle a une bonne santé financière, le ROE reste aussi un bon indicateur, puisque les actionnaires perçoivent tous les

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bénéfices. Ce ratio permet également de rendre compte de la réelle capacité bénéficiaire de la banque, et de la rentabilité des capitaux injectés dans celle-ci [De Coussergues et Bourdeaux, (2010)]. Aussi, le ROE est calculé en rapportant le RN aux fonds propres moyens. Les capitaux propres moyens représentent les capitaux appartenant définitivement aux apporteurs, dont la rémunération est assise sur le RN.

Résultat Net

ROE =
Capitaux propres moyens

La définition de ratio de rentabilité des capitaux propres varie en fonction de l'activité. Par exemple, si on se focalise sur des organismes de crédit, la définition du ROE peut être faite à partir des fonds pour risque bancaire généraux. Le ratio devient alors le suivant :

ROE = Résultat net +ou-dotations ou reprises du fond pour risque bancaire généraux dans l'année

Capitaux propres moyens

Le ROA, mesurant la rentabilité de l'actif, est utilisé par tous les établissements financiers. Cet indicateur est aussi assimilé à la rentabilité économique. Il donne la rentabilité instantanée de l'ensemble des actifs gérés. Le calcul du ROA se fait de la façon suivante :

ROA = Résultat Net ou ROA = Résultat net

Total du bilan Actifs gérés

Ce taux représente également le niveau de rentabilité des capitaux propres s'il n'y a aucun endettement. Cette mesure est bien adaptée aux activités de banque privée et de gestion d'actifs. Cependant, ce taux reste un taux comptable qui ne prend pas en compte l'aspect risqué de l'activité bancaire. Son utilisation reste donc limitée, même si il indique l'efficacité financière de la banque. Le ROA représente également un indice permettant de mesurer l'efficience des managers puisque ce taux est utilisé notamment dans le cas des filiales, afin de comprendre la manière dont les dirigeants transforment les actifs en bénéfices.

La rentabilité de l'actif (ROA) et la rentabilité des capitaux investis (ROE) sont des taux à prendre avec précaution. En effet, pour De Coussergues et Bourdeaux (2010) le développement des activités hors bilan et des prestations et services peuvent changer la valeur de la rentabilité de l'actif (ROA). De plus, il existe une relation d'interdépendance entre ces

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deux ratios dans la mesure où le ROE équivaut au ROA multiplié par le rapport entre le total du bilan et les fonds propres29.

ROE = ROA Total bilan

Fonds propres

Tableau 1 : ROE et ROA des banques européennes

Banques

ROE (%)

ROA (%)

BNP Paribas

5,83

0,18

Commerzbank

0,33

1,01

Crédit Agricole

2,7

0,08

Emporiki Bank of Greece

-66,67

-1,72

HSBC

5,52

0,27

Société Générale

7,69

0,25

Source : Statistiques Bankscope, taux de rentabilité des capitaux propres et de l'actif, année 2008

Les niveaux de ROE et de ROA des banques européennes représentées dans le tableau ci-dessus, nous montrent les difficultés rencontrées par celles-ci lors de la crise financière de l'année 2008. Pour De Coussergues et Bourdeaux (2010), le ROE et le ROA d'une banque devraient être respectivement être supérieurs à 15% et 1%. Ce qui n'est pas le cas pour les banques susmentionnées. Le ratio de rentabilité des capitaux propres (ROE) est aussi trompeur dans certains cas puisque le haut niveau de celui-ci peut provenir d'une relative faiblesse des fonds propres. Ces ratios doivent donc être pris avec précaution.

Il existe d'autres indicateurs financiers de la performance bancaire, le prochain paragraphe fera l'objet de leur présentation.

29 C'est-à-dire au levier des fonds propres

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite