Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).par Jacques Simo Djilo Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018 |
3.2.6. La mauvaise conservation des objets patrimoniauxDans la quête des raisons qui pouvaient justifier la dégradation des objets patrimoniaux dans le village Todjom, le résultat de nos observations nous a montré que les conditions de conservation de certains biens patrimoniaux étaient lamentables. Certains même présentant un visage d'abandon. Les clichés suivants sont une illustration parfaite de la mauvaise conservation des objets patrimoniaux à la chefferie Bandjoun. Photo 34: Mauvaise conservation des objets patrimoniaux Source : Photo Simo djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun. Ces deux images présentent respectivement un tambour horizontal et une chambre de collection des objets d'art Bandjoun. Ce tambour horizontal nous l'avons photographié au dehors d'une des anciennes cases appartenant à la reine mère Ma Mefoteka. Tel qu'il se présente on peut conclure que pour les autorités en charge de ce patrimoine culturel, ce Tambour n'aurait plus peux être une valeur culturelle. La deuxième image qui est une sale de collection d'objets d'art, on remarque que les objets sont carrément posés à même le sol. Cette autre situation justifie la destruction du patrimoine culturel matériel Bandjoun. Certes que pendant les périodes coloniales et précoloniales les techniques de conservation n'étaient pas véritablement systématiques. Mais alors le constat ci-dessus était amer quand, nous avons découvert cet état de chose, en outre en pleine cour de la place publique de la chefferie Bandjoun des objets patrimoniaux pratiquement abandonnés dans des casettes, à quelques pas de la case nemo nous avons photographié des maisons des reines mères décédées devenues des lieux d'habitation par excellence des Rongeurs. C'est la raison pour laquelle plusieurs interrogations sont nées dans notre esprit : la protection et la conservation du patrimoine culturel Bandjoun sont-elles réservées exclusivement aux objets royaux ? Les autres objets et biens culturels or du palais royal n'ont-ils pas aussi de valeur pour être protégées ? 3.2.7 La rupture de transmission des savoir-faire.Il convient de préciser que la régression du patrimoine culturel Bandjoun, et plus particulièrement celle du patrimoine matériel est en partie due à la rupture du cordon ombilical qui relie l'artiste et les générations futures. Certaines activités telles que la forge revêtaient un caractère sacré. C'est pourquoi, elle était pratiquée pendant des jours précis loin des populations non initiées. Cette disposition aurait contribué à limiter la vulgarisation des activités et des techniques artistiques. L'entretien que nous avons eu avec le forgeron Tienou Flaubert du quartier Famleng Topo nous a révélé que les vanniers, les sculpteurs, les potiers et surtout les forgerons sont devenus de plus en plus rares dans le royaume à Car : « On il y'a une absence d'enseignement des techniques des constructions traditionnelles, de sculpture des objets, de fabrication des parures et même de la forge qui est mon activité ». 202(*) Pour soutenir les idées de Tienou Flaubert, le célèbre Vannier Emmanuel Tchoupo du quartier Mbieng nous a conté qu'à leur époque, ils étaient obligés d'assister leurs parents notamment dans la réalisation des clôtures traditionnelles appelées kèpé. Ainsi progressivement ils évoluaient dans cet apprentissage et devenaient plus tard des spécialistes. Malheureusement rares sont les concessions ou nous pouvons encore retrouver les clôtures en bambou, même la chefferie qui est le coeur de la tradition, les barrières sont à base des matériaux importés. La conséquence est que les jeunes n'ont plus l'occasion d'avoir accès aux apprentissages artisanaux203(*). Photo 35: Fabrication d'un flanc de mur en Bambou Source : Archives de la chefferie Bandjoun consultées le 26-01-2019. Cette photo présente des hommes fortement engagés dans l'art du bambou. Cette photographie tirée des archives de la chefferie a été prise en 2005 après l'incendie. Ces hommes réalisaient un flanc de mur en bambou qui devait être fixé plus tard sur les murs déjà élevés en parpaings ou en briques de terre. Un constat est facilement fait et qui peut justifier d'ailleurs la disparition du savoir-faire culturel de la chefferie Bandjoun. Sur cette photographie, on constate que les individus qui y sont habiles sont tous du troisième âge. La question qu'on peut se poser est celle de savoir pourquoi il n'y a pas de jeunes parmi ? Pourquoi ne sont-ilspas initiés ? La réponse à ces questions se trouve dans l'argument qui suit. * 202 Entretien avec Tienou Flaubert le 26-04-2019, à Famleng Topo. * 203 Entretien avec Emmanuel Thoupo le le 04-04-2019 à Mbieng. |
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