Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).par Jacques Simo Djilo Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018 |
CONCLUSIONAu terme de ce chapitre, nous avions pour ambition de vérifier l'hypothèse selon laquelle Bandjoun avant la période coloniale avait bâti un puissant legs patrimonial tant dans la dimension matérielle que dans la dimension immatérielle. Il ressort clairement que grâce à la diversité des origines des artistes du royaume, le peuplement progressif, un milieu naturel assez favorable, la production culturelle matérielle de la chefferie Bandjoun s'est affirmée au coeur du patrimoine culturel Bamiléké. Cette production du patrimoine matériel était visible dans tous les aspects de la vie du peuple Bandjoun. On a pu constater que ce patrimoine culturel matériel était composé des objets sculptés, de la vannerie, de la poterie, des produits de la forge, les instruments de musique, les objets de la vie quotidienne, les objets de l'art du corps etc. Par ailleurs, la richesse du patrimoine culturel immatériel de cette entité politico-traditionnelle reposait sur les piliers tels que les sociétés sécrètes, les danses traditionnelles, les rites, les valeurs morales et éthiques et surtout l'univers religieux. Dès lors, la question que l'on peut se poser est la suivante : qu'est devenu ce patrimoine culturel Bandjoun ? CHAPITRE III : LES FACTEURS DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUNINTRODUCTIONS'il existe une vérité sur laquelle les auteurs camerounais et étrangers tels que Jean Paul Notué, Jacques Marquet, Perrois Louis, Raymond Lecoq, Lamb, sont unanimes, c'est la diversité et la richesse du patrimoine culturel Bandjoun à l'aube du XIXème siècle. Malheureusement, une observation minutieuse au début du XIXème et du XXème siècle expose une triste réalité. Un constat assez amer se dégage : ce patrimoine culturel a traversé et continue d'ailleurs de traverser des périodes les plus obscures de son existence. Alors, notre objectif dans ce troisième chapitre est de déceler les racines ou les véritables mobiles de la dégradation progressive de ce patrimoine culturel qui a perdu la quasi-totalité de sa noblesse d'antan. Pour une approche judicieuse de ce chapitre, nous l'avons subdivisé en deux parties à savoir les facteurs exogènes et les facteurs endogènes. 3.1 LES FACTEURS EXOGENES DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUNDans la logique de ce travail, nous appréhendons les facteurs exogènes comme l'ensemble des mobiles responsables du pillage du patrimoine culturel matériel ou du recul progressif du patrimoine culturel immatériel mais qui sont externes à la chefferie Bandjoun. D'une manière plus simple, il s'agit des facteurs qui n'émanent pas de la responsabilité du Royaume Bandjoun dans la destruction de son patrimoine culturel. Dans ce registre nous avons rangé les alinéas naturels, les guerres d'occupation, le facteur religieux, l'administration coloniale, la guerre d'indépendance et la modernité. 3.1.1 Les aléas naturelsLa nature et ses différents caprices exercent un choc assez important sur le patrimoine culturel matériel Bandjoun. Les eaux de pluies et quelques animaux rongeurs participent d'une manière considérable au pillage du patrimoine culturel Bandjoun notamment et le patrimoine matériel. Les images qui suivent démontrent clairement l'action des alinéas naturels sur la destruction du patrimoine culturel Bandjoun. Photo 28: Un tambour horizontal (ndu') attaqué par les eaux de pluies Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun. Cette photo laisse apparaitre clairement une colonne de pluie qui s'est tracée vers l'extrémité gauche du Tambour. Il est donc évident qu'avec le temps, le décor esthétique de ce legs ancestral sera complètement modifié. Ce tambour est placé dans l'une des petites cases de la place du grand public appartiendrait à la société sécrète Nyeleng. Photo 29: Cadre de porte rongé par les termites.
Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun. Ce cadre de porte est celui de l'une des cases appartenant à une épouse du chef Bandjoun Kanga I156(*). Située juste du côté gauche de l'entrée principale de la chefferie Bandjoun, cette case est abandonnée et comme l'atteste davantage l'image ci-dessus, les termites ont pratiquement réduit à néant cette oeuvre architecturale. * 156 Entretien avec Albertin Koupgang le 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun. |
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