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Les déterminants de l'offre de monnaie dans l'économie congolaise de 1980 à  2013.

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par Serge KASEREKA KANYAMA
Université Pédagogique Nationale - Licence en sciences économiques 2015
  

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2.1.2 Les contreparties de la masse monétaire

La lecture du tableau ci-dessous, nous renseigne que depuis 2002, le niveau du crédit à l'Etat tend à s'égaliser avec celui du crédit à l'économie. L'on pourrait penser qu'il y a une réelle diminution de l'effet d'éviction, et pourtant, les experts de la Banque Centrale nous mettent en garde dans l'interprétation de cette baisse du crédit à l'Etat45.

Etant donné que plusieurs opérations financières ne suivent pas la chaine de dépense. Celles-ci se placent dans le budget de l'Etat dans la rubrique dépenses à régulariser. Dans la situation monétaire intégrée, le compte Autres Postes Nets46 est aujourd'hui un compte fourre-tout dans lequel sont placées toutes opérations financières à régulariser financées par les avances de la Banque Centrale et constitue la part la plus dominante dans les contreparties de la masse monétaire.

45 Propos recueillis lors de nos recherches à la Banque Centrale du Congo.

46Les APN comprennent les postes suivants: Comptes du capital, Comptes de réévaluation, Fonds de contrepartie et Divers nets. L'accroissement des APN est non seulement imputable aux Dépenses à régulariser qui se logent au poste Divers Nets mais aussi à la dépréciation monétaire laquelle s'est traduite par une augmentation du poste « réévaluations ».

Serge KASEREKA KANYAMA Page 94

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

C'est ainsi que nous pesons que le crédit à l'Etat reste toujours supérieur aux crédits à l'économie.

Tableau n°13. Les contreparties de la masse monétaire en millions USD

 

Années Avoirs Crédits à Crédits à Autres

Extérieurs l'Etat l'économie Postes Nets
Nets

2002

-581,811

-27,192

36,51

831,122

2003

-695,25

-4,205

52,676

996,072

2004

-634,492

51,821

93,796

1092,072

2005

-784,206

196,085

147,165

1083,489

2006

-790,364

259,49

239,915

1173,21

2007

-343,15

350,33

391,933

910,722

2008

-464,231

389,319

743,594

920,2

2009

-45,374

191,475

760,651

803,234

2010

907,9

-3335,2

815

681

2011

834,9

-161,3

913,3

808

2012

1.337,8

-593

1.141,6

862,9

2013

1.450,4

-495,6

1.581,9

956,8

Source : BCC, Rapport Annuels 2002-2009

2.1.3 Les composantes de la masse monétaire en millions USD

L'analyse des composantes de la masse monétaire, nous renseignent une montée des dépôts en devises.

En effet, malgré la maitrise du taux d'inflation à un niveau modéré en 2002, le phénomène de dollarisation s'est accentué au point qu'aujourd'hui la quasi - monnaie (M2-M1) est supérieure à la monnaie (M1). En effet, les dépôts en devises sont compris, dans la situation monétaire intégrée, dans la quasi-monnaie, et demeurent la part importante du principal agrégat monétaire.

Ainsi, ils représentent 58,06% du total de la masse monétaire en 2008 contre 65,98% à fin 2009. Cette progression traduit une accentuation de la dollarisation de l'économie d'une année à l'autre.

Serge KASEREKA KANYAMA Page 95

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

Tableau n°14. Les composantes de la masse monétaire en millions USD

Années

Circulation
Fiduciaire

Dépôts à vue en MN

Dépôts à
terme en

MN

Dépôts en devises

Provision pour paiements des importations

2002

130,207

21,289

0,423

94,296

12,415

2003

169,517

24,057

0,862

139,782

15,076

2004

228,484

35,152

0,816

220,293

15,664

2005

278,091

43,93

0,885

296,832

22,768

2006

376,345

59,093

0,877

423,245

22,692

2007

463,733

132,415

4,97

672,905

34,984

2008

476,393

137,515

2,042

945,779

67,152

2009

422,624

108,999

3,874

1128,328

46,16

2010

510,071

1075,3

96,6

1.364,8

45,012

2011

647,487

1637,2

167,5

1685,8

25,199

2012

642,56

2249,4

223,6

2.055,8

22,791

2013

760,458

2495,9

291,8

2385,1

21,652

Source : BCC, Rapport Annuels 2002-2009

L'évolution de la masse monétaire observée durant la période sous analyse s'explique par l'efficacité des instruments utilisés par la BCC.

En effet, dans le cadre de mise en oeuvre de sa politique monétaire, la BCC a abandonné le dispositif de contrôle direct resté en vigueur jusqu'à mi-décembre 2005 ainsi que le certificat de dépôt en décembre 2002 et a adopté le billet de trésorerie. C'est ainsi que la politique monétaire de la BCC ne dispose plus que d'instruments indirects (le taux directeur, le billet de trésorerie et le coefficient de réserve obligatoire) lesquels s'inscrivent dans la logique du développement des marchés et de l'ouverture vers l'extérieur.

Cette restructuration de la politique monétaire de la BCC a eu le mérite de faire jouer à la politique monétaire son rôle au travers des instruments utilisés, comme le montre l'analyse suivante :

? Le taux d'intérêt

L'objectif poursuivi par la Banque Centrale du Congo en matière de taux d'intérêt est le réajustement régulier du taux directeur en fonction du taux d'inflation et le maintien d'une marge de positivité en terme réel dudit taux d'intérêt.

Depuis plus de huit ans, la BCC a fixé une marge de positivité de 10 points au-dessus du taux d'inflation et ce, en vue de garantir un redressement positif en terme réel des opérations bancaires compte tenu de l'évolution favorable du cadre macroéconomique et d'une très bonne maitrise de l'inflation. La BCC a progressivement ramené la marge de positivité de 10 à 5 points avant de la fixer en 2003 à 3 points au-dessus du taux d'inflation.

Serge KASEREKA KANYAMA Page 96

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

La politique rigoureuse de gestion de cet instrument a eu le mérite de faire jouer au taux directeur de la Banque Centrale son rôle de taux de référence du système bancaire. En effet, au 30 juin 2004, les taux d'intérêt interbancaires se sont situés au niveau du taux directeur de la BCC, soit 8% l'an.

Il est à noter que la BCC applique une politique libérale en matière des taux d'intérêt. En d'autres termes, les banques sont libres de fixer les conditions d'octroi de leur crédit et de rémunération des dépôts de la clientèle. S'agissant des taux débiteurs, ceux-ci varient d'une banque à l'autre.

Quant aux taux créditeur, les banques commerciales les fixent de commun accord avec les clients suivant les conditions du marché.

Tableau 15. L'évolution du taux d'inflation, du taux directeur réel et du taux de la croissance en %

Années

Taux d'inflation fin période en %

Taux

directeur

réel

Taux

croissance

2002

15,8

8,2

3,47

2003

4,4

3,6

5,79

2004

9,2

4,8

6,64

2005

18,2

7,5

7,8

2006

21,3

2,8

5,6

2007

9,96

13,24

6,3

2008

27,6

12,4

5,9

2009

51,2

13,8

2,5

2010

19,8

22

7,1

2011

15,4

20

6,9

2012

2,7

4

7,2

2013

1,07

3

8,5

Source : BCC, Rapport Annuels 2002-2009

Au regard de ce tableau, il ressort qu'en 2002, on a assisté à un ralentissement considérable du taux de croissance de l'inflation. En effet, le taux d'inflation fin période est passé de 135,1% en 2001 à 15,80% en 2002 tandis que le taux directeur est passé de 140% en 2001 à 24,4% en 2002. Ces résultats très encourageant ont continué de 2003 à 2004, avec une situation relativement apaisée.

Cependant, en 2005, il a été observé de fortes pressions inflationnistes marquées par une hausse prononcée des taux d'inflation fin période par rapport à l'année précédente. En effet, le taux d'inflation fin période a été de 21,30% en 2005, contre 9,20% en 2004, alors que le taux directeur a été de 28,8% en 2005, contre 14% en 2004. En 2006 et 2007, l'inflation a été relativement maitrisée à l'instar de la période 2003-2004. En 2008, on a constaté de nouveau une augmentation remarquable du taux de croissance de l'inflation par rapport à l'année 2007. Le taux

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d'inflation fin période est passé de 10% en 2007 à 27,6% en 2008 alors que le taux directeur est passé de 22,5% en 2007 à 40% en2008.

? Le Billet De Trésorerie (BTR)

Depuis le 16 décembre 2002, la Banque Centrale a émis le « Billet de trésorerie » qui est un instrument de régulation des liquidités. Cet instrument permet à la Banque Centrale d'éponger la liquidité ou réguler la masse monétaire en circulation dans l'économie et a essentiellement pour mission d'assurer le financement sain du déficit budgétaire de l'Etat.

Le taux d'intérêt des billets de trésorerie est un taux créditeur et ce taux réagit à des chocs permanents sur la liquidité bancaire.

L'utilisation du billet de trésorerie par voie d'appel d'offre a permis d'éponger l'excédent des liquidités en circulation. Par exemple, le BTR a permis de stériliser 47,0 milliards de CDF en 2008 contre 32,9 milliards une année auparavant, soit une ponction nette de 14,1 milliards. Au cours de l'année 2009, cet instrument a permis de stériliser la liquidité pour une valeur de 9,7 milliards de CDF.

? Le coefficient de réserve obligatoire

Depuis juin 2001, l'assiette de calcul de la réserve comprend les dépôts de la clientèle tant en monnaie nationale qu'en monnaies étrangères.

Cet instrument de régulation monétaire a subi, au 31 juillet 2003, une modification importante dans le but notamment d'accroitre son efficacité. Pour un meilleur contrôle des ressources pouvant exercer un effet direct sur la base monétaire, seuls les dépôts de la clientèle sont ciblés.

Toutefois, la compression de l'assiette de calcul de la réserve obligatoire a été composée par l'incorporation des ressources en monnaie étrangère jadis exclues de la réserve ce qui a mis fin au traitement discriminatoire à l'égard des ressources en monnaie nationale.

Notons, que le calcul et le contrôle de la réserve s'effectuent sur une base mensuelle contre une base hebdomadaire précédemment.

Néanmoins, le coefficient de la réserve obligatoire a été fixé à 2% au 31 juillet 2003 afin d'éviter toute stérilisation excessive des ressources des banques et même de financer l'économie. La non constitution de la réserve obligatoire est sanctionnée par une pénalité égale au taux appliqué aux avances en comptes courants augmenté de la moitié.

Ces innovations ont eu pour effet d'améliorer l'efficacité de cet instrument par la stérilisation d'un volume beaucoup plus important de liquidité étant donné que 55% des dépôts bancaires sont en devises.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984