Section 2. La période de 2002 à 2009
Cette section a pour objectif d'examiner la sphère
monétaire en R.D.
Congo de 2002 à 2013. Les points ci-après feront
l'objet de cette section :
? Analyse de la situation monétaire;
? Analyse de solde de finance publique ;
? Analyse de solde de balance de paiement
Notons toutefois que, durant cette période, la
politique économique du pays s'était inscrite dans le cadre de
différents programmes à savoir : le Programme Intérimaire
Renforcé (PIR) qui a couvert la période allant de 26 mai 2001 au
26 mars 2002 ; le Programme Economique du Gouvernement (PEG) qui était
un programme triennal qui a couvert la période allant de l'année
2002 à 2005 et le Programme Relais de Consolidation
(élaboré en 2006)38.
Le PIR qui était suivi par les services du FMI, visait
essentiellement à casser l'hyperinflation, stabiliser le taux de change,
réduire le déficit du compte courant extérieur et
résoudre le problème des arriérés de la dette
extérieure.
La réalisation satisfaisante du PIR39 a
ouvert la voie à la conclusion d'un programme économique et
financier appelé « Programme Economique du Gouvernement »,
PEG40 en sigle, couvrant la période d'avril 2002 à fin
mars 2006, soit six semestres. Ce Programme bénéficiait des
ressources au titre de la Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et pour la Croissance (FRPC) d'un montant de 580,0 millions de
DTS dont 420,0 millions étaient affectés à l'apurement des
arriérés vis-à-vis du FMI et le reste, destiné au
soutien à la Balance des paiements à raison de 26,7 millions de
DTS à chaque conclusion satisfaisante d'une revue.
Sur les six revues semestrielles du programme, cinq ont
été conclues de manière globalement satisfaisante. Quant
à la sixième, elle n'a pas été
évaluée, la RDC s'étant retrouvée hors délai
de l'expiration de l'accord sur la FRPC, arrêté à fin mars
2006. Pour maintenir le cap, il a été mis sur pied, en 2006, un
programme de référence suivi par les Services du FMI
appelé Programme Relais de Consolidation, PRC en sigle. A l'instar du
PIR, le PRC ne portait que sur le volet « ajustement », les appuis
budgétaires et/ou à la balance des paiements ayant
été suspendus.
Après maintes reconductions du PRC faute de
résultat, la dernière évaluation a été
jugée satisfaisante, et a permis enfin au pays d'accéder au
deuxième Programme Economique du Gouvernement appuyé par un volet
financier.
38BCC, Note d'informations et de statistiques,
août 2009, p.43.
39Car le PIR a permis de mettre fin à une
longue période d'hyperinflation.
40Ce programme avait pour but : consolider la
stabilité macroéconomique, la relance d'une croissance soutenable
et la réduction de la pauvreté.
Serge KASEREKA KANYAMA Page 91
« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans
l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»
Conformément à l'article 3 de la loi n°
005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution, à
l'organisation et au fonctionnement de la B.C.C, la politique monétaire
en RDC a comme objectif intermédiaire la masse monétaire moins
les dépôts en devises et les provisions pour
importations41.
En outre, la politique monétaire a comme :
? objectif final : la stabilité du niveau
général des prix ;
? objectif opératoire : la base monétaire. Il
s'agit plus exactement de la base monétaire au sens strict.
Notons par ailleurs que conformément à cet
article, la Banque Centrale du Congo est indépendante dans la
réalisation de ces objectifs.
2.1 L'analyse de la situation monétaire
Par rapport à notre première période
d'analyse (1980-2001), qui était caractérisée par des
politiques monétaires expansionnistes, la présente (de 2002
à 2009) quant à elle, est caractérisée par
l'application d'une politique monétaire restrictive et prudente.
Dans ce paragraphe, il sera question d'analyser
l'évolution de l'offre de monnaie, c'est-à-dire la masse et la
base monétaire ainsi que les composantes et contreparties de la masse
monétaire.
2.1.1 L'évolution de l'offre de monnaie
Il ressort de l'observation du tableau n° 12, que depuis
2002 la BCC applique une politique monétaire prudente et restrictive, ce
qui a permis à stabiliser le niveau général des prix et
par ricochet l'inflation.
41 Journal officiel, Loi n° 005/2002 du 07 mai 2002 relative
à la constitution, à l'organisation et au fonctionnement de la
Banque Centrale du Congo, Art. 3, alinéa 1 et art. 6, alinéa 1 et
2, Kinshasa, 2002.
Serge KASEREKA KANYAMA Page 92
« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans
l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»
Tableau n°12. L'évolution de la masse et base
monétaire en Millions USD42
Année
|
Masse Monétaire
|
Variation Masse Monétaire en %
|
Base
Monétaire
|
Variation Base Monétaire en %
|
Multiplicateur
|
Taux de Change
|
2002
|
258,63
|
28,12
|
137,0595
|
38,23
|
1,8869907
|
382,14
|
2003
|
349,2932
|
31,66
|
181,8103
|
29,31
|
1,9211959
|
372,52
|
2004
|
500,4088
|
70,79
|
252,0271
|
65,25
|
1,9855357
|
444,09
|
2005
|
642,5326
|
24,69
|
299,6246
|
15,46
|
2,1444588
|
431,28
|
2006
|
882,2512
|
57,67
|
405,3632
|
57,92
|
2,1764462
|
503,43
|
2007
|
1309,007
|
50,79
|
563,7426
|
38,95
|
2,3219941
|
502,99
|
2008
|
1628,882
|
58,06
|
591,406
|
33,34
|
2,7542534
|
639,32
|
2009
|
1709,986
|
48,22
|
522,5912
|
24,76
|
3,2721293
|
902,66
|
2010
|
2,21455347
|
30,1
|
30,1
|
29,6
|
3,278439
|
907
|
2011
|
2,66187364
|
21,7
|
21,7
|
30,5
|
3,058963
|
918
|
2012
|
3,21421574
|
21
|
21
|
6,3
|
3,481747
|
918,7
|
2013
|
3,79923872
|
18,3
|
18,3
|
17
|
3,533683
|
919,5
|
Source : BCC, Rapport Annuels 2002-2009
La situation monétaire de la R.D.Congo au cours de la
période sous examen est caractérisée par une expansion
modérée de la masse monétaire, tel que décrit par
le tableau ci-dessus43.
En effet, nous quittons d'un volume de 77.143,732 Millions de
CDF en 2002 pour atteindre 1.543.536,135 Millions de CDF en 2009. Cette
progression de la masse monétaire en terme courant s'est fait sous
l'impulsion de l'accroissement du crédit intérieur net
(crédits à l'Etat et crédit à
l'économie)44.
Toutefois, il nous semble important de souligner que ces
expansions nominales des liquidités intérieures se sont traduites
par une augmentation de leurs valeurs réelles en millions de dollar USD.
La masse monétaire s'est accrue sous l'effet de la maîtrise de
l'inflation. En 2002, la masse monétaire s'est
caractérisée par un taux de croissance à deux chiffres
soit 28,12% contre 227,46% en 2001. Ce faible taux est consécutif
à l'interdiction d'accorder des avances à l'Etat.
42Les variations de la masse et base
monétaire sont établies en valeurs nominales afin de mettre en
évidence la relation : Masse monétaire et le taux d'inflation.
43 Multiplicateur monétaire =masse monétaire
base monétaire
La masse monétaire comprend l'ensemble des moyens
à la disposition des agents économiques et peut être
entendue dans un triple sens :
? M1, ou ensemble des disponibilités monétaires :
monnaie divisionnaire, monnaie fiduciaire et monnaie scripturale ;
? M2, ou ensemble des disponibilités monétaires et
quasi-monétaires, ces dernières étant transformables en
moyens de paiement sans perdre de capital. Il s'agit d'avoir
déposés dans la Banque : dépôts sur comptes-livrets,
dépôts à terme, bons de caisse, etc. ;
? M3, ou ensemble des liquidités : on ajoute à M2
l'ensemble des avoirs déposés dans les institutions
financières et transformables en moyens de paiements sans perte de
capital.
44 Données obtenues sur base des valeurs nominales.
Serge KASEREKA KANYAMA Page 93
« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans
l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»
L'évolution de la masse monétaire et de
l'inflation en RDC est représentée par le graphique suivant qui
nous permet de constater une diminution du taux de croissance de la masse
monétaire et du taux d'inflation.
Graphique 8. L'évolution de la masse
monétaire, base monétaire et taux
d'échange
Source : l'auteur à partir de données
recueillit 2002-2009
La base monétaire a joué un rôle important
dans la maîtrise du niveau général des prix. En effet,
étant donné que la BCC ne peut mieux contrôler la masse
monétaire qu'au travers de la base monétaire, la maîtrise
du rythme de la base monétaire a été favorable à la
maîtrise de la masse monétaire et par ricochet à la
maîtrise de l'inflation.
|
|