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Les déterminants de l'offre de monnaie dans l'économie congolaise de 1980 à  2013.

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par Serge KASEREKA KANYAMA
Université Pédagogique Nationale - Licence en sciences économiques 2015
  

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1.1.2. Les contreparties de la masse monétaire

L'analyse des contreparties de la masse monétaire en RDC durant la période sous étude nous renseigne que la part du crédit intérieur a été souvent dominante. Les avoirs extérieurs nets sont demeurés négatifs. Cette contreperformance s'explique par le solde négatif de la balance des paiements.

21 Graphique établi sur base des valeurs nominales.

22 La Base Monétaire ne comprend que la monnaie de la Banque Centrale.

Serge KASEREKA KANYAMA Page 73

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

Tableau n°03 : Les contreparties de la masse monétaire en millions USD

Années

Avoirs Extérieurs

Nets

Crédits à l'Etat

Crédits à l'économie

Autres Postes

Nets

1980

-293,201

997,8777

356,9065

176,1511

1981

-131,073

863,8356

306,484

21,23288

1982

-434,191

1371,774

335,8435

127,8609

1983

-11,4031

794,7442

223,3953

78,68217

1984

-15,2754

370,7888

124,3371

40,2574

1985

-12,2158

297,7201

140,0582

54,18087

1986

-18,9985

417,6034

191,5492

46,17987

1987

-147,544

296,2367

223,274

34,85765

1988

-26,4902

633,3761

232,3283

15,85765

1989

-310,893

222,2581

188,241

-20,7575

1990

-234,734

763,8961

214,38

-120,415

1991

-190,974

1488,611

153,2895

-278,018

1992

-1,7979906

1,1834206

8,5929608

2,1080406

1993

-1,7291606

3,8781907

3,3038108

2,2887606

1994

-5441363

40868

27276

726431

1995

-609,6333333

16,9454

37,5841333

781,6648

1996

-619,0753774

36,5203028

39,2481887

746,847576

1997

-439,1622672

231,779977

36,0862366

421,492084

1998

-854,9257404

348,509083

61,0532658

970,234553

1999

-512,0666308

793,424287

83,0540027

609,537006

2000

-434,5819729

27,4594596

58,9620615

572,186595

2001

-229,7531792

39,8483323

42,5802966

393,318594

Source : banque centrale du congo, rapport annuels, 1980-2001, pp.242 211, 215et 223. 1.1.3 Les composantes de la masse monétaire

L'étude de la structure de la masse monétaire dans le tableau n°04 montre une aggravation de la pénurie des signes monétaires dans le circuit bancaire et donc une baisse sensible du niveau de l'épargne nationale, laquelle paralyse l'intermédiation des banques dans le financement des activités de production. En effet, les dépôts à vue en monnaie nationale sont passés de 212,2458 millions USD en 1980 à 34,29132015 millions USD en 2001. De même, les dépôts à terme en monnaie nationale sont passés de 42,31924 millions USD en 1980 à 7,9585505 millions USD en 2001.

Serge KASEREKA KANYAMA Page 74

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

Tableau n°04 les composantes de la masse monétaire en millions USD

Année

Circulation fiduciaire

Dépôts à vue

en MN

Dépôts à terme en MN

Dépôts en devises

Provisions pour importations

1980

983,1688

212,2458

42,31924

Non disponible

Non disponible

1981

811,5674

116,0855

23,86836

Non disponible

Non disponible

1982

194,7664

118,1172

25,34835

Non disponible

Non disponible

1983

475,6589

556,8217

52,93798

Non disponible

Non disponible

1984

243,6258

248,9538

27,52837

Non disponible

Non disponible

1985

246,5189

212,2318

20,99258

Non disponible

Non disponible

1986

317,9853

287,2852

31,06347

Non disponible

Non disponible

1987

243,8345

118,1228

44,86655

Non disponible

Non disponible

1988

442,1705

363,4483

49,45202

Non disponible

Non disponible

1989

391,9541

273,6959

34,98502

Non disponible

Non disponible

1990

334,1753

234,3689

54,5833

Non disponible

Non disponible

1991

695,795

462,5416

14,57189

Non disponible

Non disponible

1992

6,0954807

6,7487407

1,6080408

1,2211107

1,5628107

1993

4

1,8692407

1,3076208

1,6612407

1,707907

1994

849266

35693

425

92941

42703

1995

109,6238

22,043

58393333

53,0338

41,2764667

1996

78,0229717

25,5141226

1,23060377

58,4905519

40,2824717

1997

116,1607481

54,3254962

60757252

54,9217023

24,1805115

1998

319,5776652

76,7913839

2,89164099

78,8700801

46,7403919

1999

732,462454

128,813393

44409652

61,1873368

51,0662605

2000

319,2557782

68,2046053

716472

52,6069442

31,0867874

2001

100,1821843

34,2913202

7,9585505

86,204442

25,2365115

Source : Rapports Annuels BCC : 1980-2001, pp.209, 213 et 217.

Il est important de souligner que l'effondrement observé des dépôts bancaires semble provenir surtout de la méfiance généralisée du public congolais envers le système bancaire à la suite, non seulement de son incapacité à convertir la monnaie de second rang en numéraire, mais aussi et surtout du niveau élevé de l'inflation qui rend négatif les taux d'intérêt et offre par ailleurs les possibilités de réduire la valeur réelle de la monnaie nationale se trouvant encore dans le circuit bancaire. Cette évolution indique une accentuation de la dollarisation de l'économie congolaise.

Il est nécessaire de souligner que l'incapacité attestée des institutions émettrices de la monnaie à convertir en numéraire les dépôts bancaires et la pénurie des signes monétaires dans les circuits bancaires, procèdent du cycle de financement monétaire excédentaire du Trésor qui rende incapable d'une part la BCC d'assurer la

convertibilité en numéraire des soldes créditeurs des comptes ordinaires des
banques en ses livres, et d'autre part, les banques de second rang de faire face aux retraits des fonds de la clientèle.

En effet, l'Etat effectuait les paiements en faveur de ses fournisseurs au moyen des virements non couverts en comptes bancaires. Ces paiements se faisant par écriture comptable, ont fini par générer un gap important entre les dépôts

Serge KASEREKA KANYAMA Page 75

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

bancaires et leur couverture en espèces. Il s'en est suivi une offre excédentaire de monnaie scripturale dont la persistance a fini par placer les banques commerciales dans l'incapacité de faire face à la demande d'espèces formulée par le public. Cette faiblesse a fait que les demandeurs d'argent reportaient leurs pressions sur un marché parallèle plus liquide.

C'est ce qui explique la décote ou l'inconvertibilité au pair de la monnaie scripturale en monnaie fiduciaire et la conséquence de la forte circulation d'espèces sonnantes hors banque23.

Tableau n°05 l'évolution de la monnaie scripturale 1992 à 1997 (nombre de NZ en cheque pour 1nz en espèce)

Mois

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Janvier

1

12

2

3,5

1

3

Février

1

16

10

3,4

1

3

Mars

1

18

10

1,2

1

4

Avril

2

30

6

1,2

1

8

Mai

2,5

60

16

1,1

1

1,1

Juin

3

170

4

1,15

1

1

Juillet

3

80

3

1,08

1

1

Août

4,5

50

1,5

1,1

1

1

Septembre

5,5

30

1,5

1,18

1

1

Octobre

6

1

1,4

1,02

1

1

Novembre

6,5

1

1,2

1

1

1

Décembre

11

1,5

1,9

1

3

1

Source : Rapports annuels BCC : 1992-1997, p.145.

Par ailleurs, les épargnants préfèrent conserver leurs richesses en monnaie étrangère plutôt qu'en monnaie nationale.

L'évolution de la situation monétaire durant la période sous étude s'explique par le fait que les instruments utilisés par la Banque Centrale étaient inefficaces, tel que décrit dans les lignes qui suivent.

En effet, dans le cadre de la mise en oeuvre de sa politique monétaire, la Banque Centrale a eu recours aux instruments ci-après :

? Instrument direct : l'encadrement des crédits ;

? Instruments indirects : taux directeur, coefficient de réserve

obligatoire, bon de trésor, certificat de dépôt.

? Le taux directeur

Afin de compléter le plafonnement de crédit qui était progressivement assoupli au fil des ans, il a été introduit en mars 1971, la politique de taux de réescompte24.

23 KABUYA KALALA, F., Cours d'Economie Bancaire, 1Ere Licence, FASE, Université Protestante au Congo, 2009-2010, p.

35.

Serge KASEREKA KANYAMA Page 76

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

L'adoption de cet instrument tendait à favoriser l'octroi par les banques commerciales des crédits d'escompte, spécialement en ce qui concerne le secteur agricole ainsi que celui de petites et moyennes entreprises. Des taux de réescompte particulièrement avantageux étaient prévus pour ces secteurs.

La recherche de la positivité des taux d'intérêt réels est un objectif à atteindre. Elle est l'aboutissement d'une politique anti-inflationniste réussi. En R.D. Congo, la politique des taux d'intérêt positifs est conçue de façon inadéquate car elle est insérée dans une politique volontariste25.

Au lieu de combattre l'inflation, elle l'exacerbe car elle surenchérit le coût du crédit qui, à son tour, est répercuté dans la structure des prix.

En outre, par l'élévation des coûts, elle renforce le problème d'éviction du secteur productif au profit de l'Etat dans l'accès au financement étant donné qu'elle accompagne l'encadrement des crédits dans l'agencement établit par les autorités monétaires congolaises26.

Autre effet pervers, elle crée une rente dans le chef des banques commerciales, car appliquée aux taux d'intérêt débiteurs plutôt qu'aux taux créditeurs qui concernent les dépôts à terme. C'est à l'épargnant qu'il faut allouer de taux d'intérêt positif et non au banquier qui travaille avec les fonds des tiers.

Avec le rythme de l'inflation comme en R.D. Congo, la politique des taux d'intérêt positifs telle qu'elle est pratiquée est irréversible et suicidaire si elle est menée jusqu'au bout. De toute façon, une politique monétaire volontariste des taux d'intérêt positifs n'a aucun sens dans une économie désarticulée.

Les résultats réalisés au cours de la période revue ont indiqué des

niveaux élevés des taux d'inflation. Les taux d'intérêt réels sont demeurés
longtemps négatifs tel que l'indique le tableau ci-dessous.

24BCC, La politique monétaire et de change de 1967 à nos jours, Avril 2009, p. 47.

25 MABI MULUMBA, Op. Cit, p. 200.

26 Au fil des années, le « seigneuriage» monétaire s'est présenté comme un moyen commode pour l'Etat de se procurer des ressources, mais aussi un facteur très aggravant de l'inflation; et la monnaie elle-même a été de plus en plus instrumentalisée par les dirigeants pour se maintenir au pouvoir.

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« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

Tableau n°06 L'évolution en % du taux directeur nominal, taux d'inflation et taux directeur réel

Années

Taux

d'inflation fin période en %

Taux

directeur

Réel

Taux de croissance économique

1980

36,8

-24,8

2,3

1981

40,9

-28,9

2,9

1982

35,3

-20,3

-3,8

1983

100,8

-80,8

1,4

1984

33,4

-13,4

5,6

1985

26,5

-0,5

0,4

1986

32,8

2,3

4,72

1987

99,5

-70,5

2,7

1988

121,5

-84,5

0,6

1989

95,8

-45,8

-1,4

1990

233,2

-188,2

-6,6

1991

3644,9

3589,9

-8,42

1992

2989,6

-2934,6

-10,5

1993

4651,7

-4556,7

-13,51

1994

9796,9

-9651,9

-3,87

1995

370,3

-245,3

0,72

1996

752,9

-455,5

-1,11

1997

110

-0,7

-5,41

1998

126,4

112,3

-1,74

1999

526,6

363,7

-4,27

2000

511,21

-391,2

-6,89

2001

135,09

4,9

-2,11

Source : BCC, Rapport Annuels, p.27, 202 et 6

Il ressort de ce tableau que les taux de croissance économique et les taux directeurs réels sont restés longtemps négatifs alors que les taux d'inflation ont été largement au-dessus des limites acceptables27.

Dans l'examen du tableau ci-dessus, il se dégage clairement que les périodes de stabilisation macroéconomique ont été précédées, chaque fois, par plusieurs années de récession et d'aggravation de l'inflation ; ce qui interpelle la capacité réelle de pilotage macroéconomique du gouvernement.

Deux grands moments ont été ainsi identifiés à la lecture des renseignements contenus dans le tableau 6 :

? La sous période 1980-1988 : caractérisée par la mise en place des programmes d'ajustement structurel de la première génération ;

27 Ces limites se présentent comme suit : « <10% » et « 10% = taux d'inflation = 20% ». Dans le premier critère on parle d' l'inflation modérée soutenable et dans le deuxième on parle de l'inflation non modérée soutenable (voir A.J. HAMANN et A. PRATI, Vaincre l'inflation : Chance, situation de départ et institutions politiques, in Finances & Développement, Juin 2003, FMI, p. 44).

Serge KASEREKA KANYAMA Page 78

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

? La sous période 1989-2001 : consécutive à la suspension du programme d'ajustement en 1988, aux vagues de pillages (1991 et 1993), à une longue et chaotique transition politique (1990-1997) et aux deux guerres civiles 1996 et1998).

Ces chocs ont influé négativement, selon le cas, sur la conduite de la politique monétaire.

1. Le coefficient de réserve obligatoire

C'est le 15 juillet 1970 que la Banque Centrale du Congo publie l'instruction n° 10 obligeant les banques à respecter un coefficient de réserve mais aucun taux n'est indiqué. Ce n'est que le 3 juillet 1973 qu'un taux de 15 %, est fixé et cet instrument accompagne et complète celui de plafonnement des crédits28.

La politique de réserves obligatoires était utilisée premièrement en remplacement du plafonnement du crédit supprimé entre 1974 et 1976, puis après cette période, le coefficient des réserves obligatoires a été suspendu pour n'être réinstauré qu'en 1979 pour renforcer l'encadrement direct et neutraliser la surliquidité bancaire.

Le premier juin 1993, le coefficient des réserves obligatoires a été revu à la baisse, passant de 55% à 2%.

Depuis lors, le coefficient des réserves obligatoires est passé de 2% à 3% puis à 4% et « depuis juin 2001, l'assiette de calcul de la réserve comprend les dépôts de la clientèle tant en monnaie nationale qu'en monnaie étrangère29».

Cependant, cet instrument crée des distorsions dans la mesure où les réserves obligatoires non rémunérées équivalent à une taxe sur l'intermédiation financière imposée aux banques. Cette taxe peut creuser l'écart entre les taux créditeur et débiteur et entraîner une désintermédiation si les réserves obligatoires sont sensiblement supérieures au niveau que les banques détiendraient de leur plein gré (et ne sont pas rémunérées au taux du marché). Le manque de souplesse des réserves obligatoires pose un autre problème : la modification fréquente, le relèvement, en particulier du coefficient des réserves obligatoires entraîne des perturbations coûteuses pour les banques.

Enfin, cet instrument ne peut être utilisé pour absorber un excédent de réserves si ces dernières sont réparties inéquitablement entre les banques et s'il n'existe pas de mécanisme efficace pour redistribuer les soldes entre les établissements bancaires.

28 MABI MULUMBA, Op. Cit, p. 98

29 De la Banque Nationale du Congo

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« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

2. Le bon de trésor

Adopté en 1974, cet instrument a été abandonné depuis 1994. Le Bon de Trésor, était conçu comme instrument de financement des déficits publics. En outre l'utilisation de cet instrument permettait à la BCC d'alimenter le marché monétaire en liquidité.

En RDC, le Bon de Trésor était conçu comme instrument de mobilisation de l'épargne liquide au profit du Trésor public ou de l'Etat. Mais cet instrument n'a pas véritablement joué son rôle. En effet, l'inflation, le non remboursement à l'échéance, ainsi que les incertitudes politiques ont miné la confiance des épargnants30.

3. Le certificat de dépôt

La Banque Centrale et le Gouvernement ont procédé en mai 2000 à l'émission des certificats de dépôts (CD). Le lancement de cet instrument visait : (i) l'amélioration du recyclage de la monnaie fiduciaire ; (ii) le renforcement de l'intermédiation financière (iii) la constitution d'un embryon du marché financier en RDC. Le CD a constitué une tentative de doter la Banque Centrale d'un instrument efficace de liquidité, susceptible de l'aider à moderniser progressivement sa politique monétaire31.

Cependant, sa nature hybride d'instrument de régulation monétaire et de financement de déficits budgétaires de l'Etat, n'a pas permis de mieux apprécier sa contribution à la politique monétaire.

Par ailleurs, avec la baisse rapide de l'inflation entre 2001 et 2002, les taux d'intérêts réels pratiqués sur les certificats de dépôt sont restés largement positifs. Cette situation a posé d'énormes problèmes pour le remboursement.

En effet, le CD, a provoqué l'aggravation à terme du poids de la dette du Trésor et les difficultés en perspective pour l'Etat d'honorer ses engagements vis-à-vis des souscripteurs. Par ailleurs, les taux trop élevés détournent les agents économiques des activités productives vers les activités spéculatives.

Une autre contrainte qui a pesé sur ce titre était la pénurie de liquidités, attestée par l'incapacité de l'Etat congolais d'honorer ses engagements à l'échéance. Sur le plan externe, la BCC a eu recours au taux de change.

30 Les bons de trésor, comme instrument de financement des déficits publics, ont été abandonnés depuis 1994. Il subsiste encore d'importants arriérés à ce jour. Tant qu'ils ne seront pas réglés, l'Etat aura difficile à se financer auprès du public.

31 Banque Centrale du Congo - Direction des études, Grille de lecture sur la Politique Monétaire de la Banque Centrale du Congo, Septembre 2009, p. 9.

Serge KASEREKA KANYAMA Page 80

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

4. Le taux de change

Cet instrument porte sur les interventions de la Banque Centrale du Congo qui joue les jeux du marché en faisant recours aux réserves officielles. Il a pour objectif de défendre la parité externe de la monnaie nationale.

Les systèmes de taux de change flottant et fixe, adoptés par le Congo depuis 1974 n'ont pas donné les résultats escomptés en ce qui concerne la tenue de la monnaie.

Pratiqué dans un environnement caractériser par la pénurie de devises et où il existe une forte propension à importer, ce système a animé une spéculation sur la devise et favorisé la hausse des prix liée aux anticipations sur l'évolution du taux de change de la part des opérateurs économiques.

Cette tendance spéculative a été renforcée par le niveau négatif des Avoirs Extérieurs Nets du pays. La situation ne s'est guère améliorée ces dernières années comme le laisse clairement voir les statistiques. La détérioration d'année en année de la situation des recettes budgétaire en devises de la BCC n'a pas permis à celle-ci de jouer le rôle régulateur sur le marché de change32.

Donc la RDC n'a pas apparemment les moyens de sa politique, la BCC étant marginalisée sur le marché de change.

En outre, la mauvaise gestion en pratique de la politique de change a été à la base des discordantes dans le fonctionnement de l'économie dans son ensemble. Durant certaines périodes, au lieu de laisser se fixer le taux de change selon les forces du marché comme l'exige le système de change flexible, les autorités se sont employées à administrer le taux de change, d'où l'apparition d'un taux de change parallèle, reflétant, la réalité du marché. Le fait d'avoir figé longtemps le taux de change officiel a fait creuser entre celui-ci et celui du marché des écarts allant au-delà de ceux tolérables (supérieurs à 10%).

Le résultat immédiat de cette distorsion a été d'une part, le développement de l'économie informelle et d'autre part, l'enregistrement d'un manque à gagner notable dans les recettes du budget de l'Etat (celui-ci encaissant les recettes provenant des droits et taxes sur les importations au taux officiel et dépassant au taux du marché libre).

32 MABI MULUMBA, Op. Cit, p. 202.

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Tableau n°07. L'évolution du taux de change officiel et parallèle (de 1980 à 1994 : USD-Zaïre et de 1995 à 2001 : USD-Franc congolais)

Année

Taux de Change Officiel

Taux de change parallèle

Ecart entre le Taux
parallèle et Officiel

en %

1980

2,78

 
 

1981

4,38

 
 

1982

5,75

 
 

1983

12,9

 
 

1984

36,13

 
 

1985

49,87

 
 

1986

59,71

 
 

1987

112,4

 
 

1988

187,05

 
 

1989

390,51

 
 

1990

718,15

 
 

1991

15587,06

 
 

1992

1990

2300

15,6

1993

105000

306000

191,6

1994

3200

3350

4,7

1995

0,15

0,16

6,5

1996

1,06

1,1

3,8

1997

1,31

 
 

1998

1,61

3,6

50

1999

4,02

25,5

466,7

2000

50

141

182

2001

313,6

313,56

0

Source : Rapports Annuels BCC, 1980-1999 et condensé d'informations statiques de 2000-2001

Généralement, la BCC achète d'abord les devises sur le marché à un prix supérieur au taux de change officiel puis elle le revend sur le marché au taux officiel avec une perte importante. Et comme la BCC est elle-même demandeuse des devises, est obligée de créer de la monnaie nationale pour permettre l'achat des devises et ceci va avoir pour effet d'abord l'augmentation de l'offre des monnaie nationale et il va s'en suivre une dépréciation de la devise domestique (Franc congolais).

L'inefficacité des instruments utilisés tient en outre des limites qui ont pesé sur les dits instruments et des contraintes sur l'action des autorités monétaires congolaises. S'agissant des limites, il y a lieu de mentionner pour :

? Le Taux de réescompte

? En période de forte inflation, la hausse des taux d'intérêt peut ne pas décourager la demande de crédit, si les agents économiques anticipent une poursuite de l'inflation et s'ils peuvent répercuter la hausse des coûts financiers. On peut se demander si la régulation par le taux n'est pas

Serge KASEREKA KANYAMA Page 82

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

historiquement liée à une période d'inflation faible ; dans le cas d'un retour en force de la hausse des prix, cet instrument pourrait être remis en cause ;

? Le taux de réescompte, présente une limite en ce sens que pour qu'il y ait un impact notable, il faut qu'il y soit sur l'espace économique concerné un recours important aux transactions fondées sur les effets de commerce. Dans cette optique, cette politique n'est guère opérante que dans les économies avancées, elle n'a aucun impact dans l'économie congolaise où le portefeuille commercial des banques n'a jamais pris des proportions significatives ;

? L'utilisation de cet instrument n'exige que la Banque Centrale dispose des liquidités pour venir en aide aux banques en difficulté. Mais, il est observé dans le cadre du fonctionnement de l'économie congolaise, que la BCC n'est pas toujours capable de venir en aide aux banques commerciales en difficulté parce qu'elle-même faisant souvent face aux problèmes de liquidités. C'est ainsi que la plupart des banques commerciales lorsqu'elles sont en difficultés, recourent à leurs maisons mères, généralement situées à l'étranger, pour avoir de liquidité. Par conséquent l'utilisation de cet instrument n'a pas assez d'efficacité en R.D.Congo ;

? Le taux d'intérêt n'est pas déterminé par voie de marché (appel d'offres ou d'adjudication). Le taux directeur de la Banque Centrale est déterminé en fonction du taux d'inflation pour en assurer la positivité en termes réels. Il résulte ainsi une procédure administrative.

Par ailleurs, il n'est toujours pas acquis que le taux d'inflation reflète les forces en présence sur le marché en raison notamment de la rigidité à la baisse de plusieurs prix de l'homologation ou de l'encadrement de certains, de décalages existants entre l'évolution de certains indicateurs et le taux d'inflation,...

? Le coefficient de réserve obligatoire

Les réserves obligatoires élevées fonctionnent comme une taxe implicite qui s'ajoute à la marge entre les taux des dépôts et des prêts. En alourdissant ainsi le coût de l'intermédiation financière, elles encouragent la désintermédiation et contribuent souvent à l'émergence d'un secteur informel, lequel caractérise l'économie congolaise. Donc, la politique de réserves obligatoires est limitée car, perturbant régulièrement les banques commerciales dans leur politique d'octroi de crédit.

? L'encadrement du crédit

Bien qu'il constitue un instrument efficace de contrôle de la croissance du secteur intérieur total, mais à l'instar de la régulation des taux d'intérêt, il gène la répartition efficiente du crédit et conduit à la désintermédiation bancaire.

Par ailleurs, parmi les différentes contraintes qui ont pesé sur l'action des autorités monétaires congolaises, il y a lieu de citer :

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard