CHAPITRE II : LES MÉSURES PRISES PAR LES
MÉNAGES FACE A LA FLUCTUATION DES REVENU
Section I : Chocs subis par les ménages du fait
de la crise
Les chocs sont des évènements qui sont
extérieurs à l'individu ou au groupe social et ont un impact
négatif sur leur bienêtre. Les risques sont des
évènements incertains, qui, lorsqu'ils se réalisent,
deviennent des chocs. Les chocs ayant affecté les ménages des
différentes catégories depuis le début de la crise en
janvier 2009 sont classées par ordre d'importance.
Tableau N° VII : Le choc subit par le ménage
depuis janvier 2009
Chocs subis par les ménages
|
Pourcentage (%)
|
Au prix élevé de la nourriture
|
85
|
A la diminution des revenus ou perte
d'emploi
|
69
|
Aux maladies temporaires ou chroniques d'un membre de
ménage
|
50
|
Source : Enquête
personnel, Décembre 2013
Les chocs cités sont les mêmes qu'en novembre
2008 mais la perte d'emploi était classé en
3ème position. Les ménages subissent ainsi l'inflation
et la fragilisation de l'économie nationale suite à la crise
mondiale.
Graphique N° IX : Pourcentage des ménages
ayant déclaré avoir subi les différents chocs depuis
janvier 2010
74
La majorité de la population se plaint ainsi avant tout
du renchérissement du coût de la vie. Il pourrait s'agir de
l'effet conjugué de l'augmentation des prix de certains produits de
première nécessité (PPN) et de la diminution des revenus
durant les premiers trimestres de l'année 2010.
Par ailleurs, l'analyse de l'évolution des prix des PPN
à Antananarivo montre que les prix des certains produits de base y ont
connu une augmentation mensuelle moyenne des prix de l'ordre de 1,4% (pour tous
les produits confondus). Les prix du sucre, du pétrole lampant, du gros
sel de cuisine en vrac, du charbon de bois, de la viande et du savon de
ménage ont connu une augmentation variant de 1,2% à 11% au cours
de cette période. Pour le sucre en particulier, l'augmentation du prix
entre décembre 2009 et janvier 2010 était de l'ordre de 20% avant
de diminuer à 11% entre janvier- février et s'établir
à 3% entre février- mars 20101.
Les autres chocs évoqués par les ménages
étaient l'endettement (41%), le problème
d'insécurité sous toutes ses formes (agression physique,
cambriolage, vol 38%), la perte d'emploi (21%) et la non accès au
crédit (20%). Il s'agit de chocs qui sont fort probablement liés
à la crise sociopolitique qui a sévi et qui continue de
sévir dans le pays. Le reste des chocs a été
rapporté par des proportions faibles de ménages.
§1- Le nombre et profil de personnes requérant
de l'assistance.
A. Le nombre de personnes requérant de
l'Assistance2
Le nombre total de population vulnérables en
insécurité alimentaire et requérant des actions
spécifiques dans la commune urbaine d'Antananarivo est estimée
à 278 904 personnes dont 198 451 en Insécurité Alimentaire
Sévère. Le nombre total de personnes estimées en
insécurité alimentaire dans la commune urbaine d'Antananarivo au
mois de Novembre 2008 était de 293 503 dont 107 480 en
Insécurité Alimentaire Sévère. Il existe ainsi une
baisse du nombre de personnes requérant de l'assistance avec, cependant,
une augmentation du nombre en Insécurité Alimentaire
Sévère.
1. Le profil des ménages requérant de
l'assistance
Il n'y a pas de différence significative entre les
ménages si on considère la taille du ménage et le sexe du
chef de ménage. Par contre, pour les ménages à situation
matrimoniale
1 Institut National de la Statistique, indice
général de prix, 2010
2 Programme Alimentaire Mondiale,
2009
75
divorcée, en union libre, le statut de mariage
traditionnel et les veufs sont plus susceptibles à
l'Insécurité Alimentaire Sévère et à
l'Insécurité Alimentaire modérée1. Par
contre, les ménages à statut de mariage légal sont plus en
Sécurité Alimentaire. Enfin, seuls les ménages en
Insécurité Alimentaire Sévère ont des enfants qui
ont abandonné l'école durant la crise sociopolitique.
En conclusion, le prix des denrées alimentaires sur le
marché reste encore très élevé. L'inflation
continue à être à deux chiffres, malgré une
stabilité relative du prix du riz qui ne s'écarte pas trop des
prix saisonniers. Le profil alimentaire est bien diversifié
malgré une faible consommation des aliments source de protéines
comme la viande, le lait et les haricots. La hausse de prix de la nourriture
ainsi que la perte d'emploi sont les deux principaux chocs subis par les
ménages lors de la récente crise sociopolitique. Les
stratégies adoptées vont dans le sens de la diminution de la
qualité et de la quantité de la consommation, ce qui aura dans le
court et le moyen terme des impacts sur la productivité, la nutrition et
la santé. En effet, la maladie d'un membre du ménage a
été citée comme troisième choc durant la crise
sociopolitique. Malgré une légère diminution (5%) du
nombre total de personnes en insécurité alimentaire, ceux en
Insécurité Alimentaire Sévère ont par contre
augmenté de +1,8%. Des ménages de la catégorie de
fokontany en Insécurité Alimentaire Modérée,
à risque et en Sécurité Alimentaire ont ainsi
basculé dans l'Insécurité Alimentaire Sévère
suite aux chocs engendrés par les crises économique et
sociopolitique, tandis que les ménages à activité agricole
ont amélioré leur sécurité alimentaire. Le
rôle de l'agriculture urbaine est important et la prochaine
période de soudure risque ainsi d'être un nouveau choc saisonnier
pour les ménages. Le nombre total de population vulnérables
à l'insécurité alimentaire requérant des actions
spécifiques dans la commune urbaine d'Antananarivo est estimé
à 278 904 personnes dont 198 451 en Insécurité Alimentaire
Sévère actuellement.
|