Section III : Les comportements des ménages face
à la crise
L'objectif principal de ce paragraphe est d'étudier la
réaction des ménages devant de tels chocs peuvent être
prévus ou bien imprévus à partir de paramètre dite
« élasticités ».
Vu les aléas politiques qui étaient
passés à Madagascar, les ménages subissent
régulièrement, mais à des moments imprévus des
chocs économiques d'envergure. En conséquence de quoi, les
ménages doivent se serrer la ceinture et ajuster leur consommation.
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§-1- L'interprétation et utilisation
d'élasticité
A. L'élasticité revenu
Face aux fluctuations de revenu, tous les ménages
doivent ajuster leurs dépenses de consommation en fonction des nouvelles
disponibilités. Les plus marquées sont les ajustements
effectués par les ménages les plus vulnérables, qui
subissent de rudes chocs et des variations considérables du pouvoir
d'achat, souvent en jour le jour. Parmi les 4mies, les résidents les
plus pauvres d'Antananarivo vivent dans la rue ou dans des taudis. Le revenu
varie énormément d'un jour à l'autre selon les fruits du
travail et de la mendicité. Selon une étude récente sur
les 4mies, la plupart gagnent autour de 1000 Ar par personne par jour pour une
famille de 5 personnes. Avec cette somme, une famille peut acheter 2 kapoaka de
riz, du sucre et du café.
En période faste, ils peuvent gagner 1500Ar par
personne. Dans ce cas, ils augmentent la quantité de riz à
consommer et ils ajoutent quelques cigarettes, du tabac à chiquer et du
savon.
Par contre, pendant les jours maigres ils mangent uniquement
du manioc ou même parfois rien du tout. Leur consommation varie donc
beaucoup en fonction des fluctuations de revenu.
Comment prévoir, en général, l'impact des
fluctuations du revenu sur la consommation d'un ménage ? C'est
l'élasticité revenu qui permet de mesurer cet impact.
L'élasticité revenue est interprétée comme le
pourcentage de changement dans la consommation quand il y a un changement de 1%
du revenu, les autres facteurs restant constants. Formellement,
l'élasticité revenu est définie de la façon
suivante :
?i = =
Où ci est la consommation en bien i, et y le revenu
total par tête, et % Ä indique le changement en pourcentage des
variables.
En présence d'informations non fiables sur les revenus
ce qui est souvent le cas, on peut substituer ces derniers par les
dépenses de consommation totales des ménages. La consommation est
souvent considérée comme étant préférable au
revenu, d'abord parce qu'elle est en général plus fiable mais
aussi perce qu'elle varie d'une saison à l'autre. Le
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revenu courant du ménage varie considérablement
suivant les saisons et d'une année à l'autre. Il risque donc
d'être biaisé selon la saison de l'enquête. La consommation,
qui varie moins, est considérée comme une mesure plus exacte du
revenu permanent des ménages, et pour cette raison elle est souvent
considérée comme mesure agrégée
préférable du bien-être du ménage. Dans le cas
normal, ou on utilise l'élasticité de la demande par rapport aux
dépense totales, la formule devient :
?i = =
Où ci est la consommation en bien i, et D la
dépense totale par tête.
La connaissance, même approximative, des
élasticités revenu (ou dépenses totales) permet
d'évaluer l'impact probable des changements du revenu sur le niveau de
consommation des ménages.
1. L'élasticité prix
La consommation d'un bien varie aussi en fonction du prix de
ce bien et en fonction également des prix des autres produits. Ce sont
les élasticités prix qui nous permettent de mesurer l'impact des
variations de prix sur le niveau de la consommation. L'élasticité
de la demande par rapport aux prix propre (ái) est normalement
négative. C'est-à-dire que lorsque son prix monte, la
quantité demandée diminue. En moyenne à
Madagascar, une hausse de 10% du prix de riz entraînera une baisse de sa
consommation de 8%1.
De la même manière, la consommation d'un bien
donné varie aussi en fonction des prix des autres produits puisque les
produits peuvent substituer entre eux et puisque le changement de n'importe
quel prix influera sur le niveau de revenu réel du ménage, ce qui
influera par la suite sur le niveau de consommation de tout autre bien. A
Madagascar, par exemple, dans certaines régions le prix du riz influe
fortement sur le niveau de consommation du maïs. On appelle ces effets
interactifs entre produits les élasticités prix
croisés.
Pour avoir plus d'explication, nous pouvons prendre un exemple
:
1 Enquête sur la
consommation des ménages fait par l'INSTAT.
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Exemple1 : élasticité prix et
l'impact différentiel de l'invasion acridienne
Comme conséquence de l'invasion acridienne, Madagascar
connaîtra très probablement une baisse de sa production rizicole.
Le prix de riz sera par conséquent plus élevé. Quel en
sera l'impact sur les ménages pauvres ? Qui seront les plus
défavorisés : les ménages riches ou les ménages
pauvres ?
A partir des élasticités prix propres, nous
pouvons évaluer l'impact différentiel de l'invasion acridienne.
Pour ce faire, nous distinguons trios catégories de ménages avec
les élasticités de la demande par rapport au prix
différentes : les ménages riches (-0,45), les pauvres urbains
(-0,6), et les pauvres ruraux y compris les pauvres du sud (-0,8)2.
Notons que les élasticités des ménages pauvres sont plus
grandes parce que le riz constitue une part plus importante de leur
consommation totale.
Face au choc acridien qui augmentera le prix de riz de 10%, la
consommation de riz diminuera de 4.5% au sein de ménages riches, de 6%
au sein des urbains pauvres et de 8% chez les pauvres ruraux. A cause du fait
que le riz constitue une part plus importante de leurs dépenses, une
hausse du prix du riz pèse plus lourd sur le revenu réel des
ménages pauvres. Comme résultat, la hausse du prix du riz
entraine une réduction de la consommation plus importante chez les
ménages pauvres.
Comme avec les élasticités revenu, les
élasticités prix correspondent à la variation de la
quantité consommée lorsque les prix augmentent de 1%.
L'élasticité prix propres s'écrit ainsi :
OEi = =
Où ci est la consommation en bien i, pi le prix du bien
i et %A le changement en pourcentage de chacune des variables.
De façon analogue à l'élasticité prix
propres, l'élasticité prix croisés est définie
comme suit :
1 Economie de Madagascar revue
n°4
2 Economie de Madagascar revue
n°4
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Où ci est la consommation en bien i, et pj le prix du
bien j. selon la valeur des élasticités prix, on peut classer les
biens en biens élastiques (ái ? -1) et biens inélastique
(ái ? -1).
Comme le montrent ces exemples, les élasticités
revenus et prix sont les paramètres clés indispensables à
une évaluation de l'impact de la conjoncture économique sur les
différentes couches de ménages.
Maladie temporaire/chronique du membre du ménage
Déficit hydrique pour les personnes (manque d'eau)
Agression physique/insecurité/cambriolage
Diminution /pas d'accès à credit
Décès du mémbre du ménages
Maladies animales/plantes
Prix élevé de la nourriture
Vol de ressources/bien
Diminution de revenu
Sécheresse/cyclone
Dette à rembourser
Perte d'emploi
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
1,6
1,9
2,4
5,7
6,1
19,7
20,7
37
40,7
50,3
69,4
85,3
Source : Enquête personnelle, décembre 2013
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