B. La réalité de la crise sur le secteur
secondaire
La réalité de la crise sociopolitique sur le
secteur secondaire est montrée dans le tableau ci-après :
Tableau N° IV: secteur secondaire, valeur
ajoutée aux prix constant
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Rubrique
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En milliards d'ariary au prix de
1984
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2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2007
|
2008
|
2009
|
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Secteur secondaire
|
62,7
|
68,8
|
71,3
|
66
|
67,5
|
9,8
|
3,6
|
-7,4
|
|
Agro-industries
|
1,2
|
1,1
|
1,1
|
1,7
|
2,6
|
-9,5
|
0
|
54,5
|
|
Industries extractives
|
1,3
|
1,2
|
1,3
|
1,5
|
3,3
|
-7,2
|
9
|
15,4
|
|
Energie
|
7,7
|
8,1
|
8,7
|
8,6
|
8,6
|
5,6
|
6,9
|
-1,1
|
|
Industries alimentaires
|
10,7
|
11,6
|
13,1
|
12,3
|
12,4
|
9
|
12,5
|
-0,6
|
|
Industries de boissons
|
11,7
|
12,6
|
13
|
13
|
13,1
|
7,9
|
3
|
0
|
|
Industries du tabac
|
3,6
|
3,9
|
3,5
|
3,3
|
3,3
|
6,5
|
-9,1
|
-5,7
|
|
Industries du corps gras
|
2
|
2
|
1,9
|
1,5
|
1,6
|
3,4
|
-5,5
|
-21,1
|
|
Industries pharmaceutiques
2,4
2,6
2,4
2,4
Industries textiles
0,9
0,8
0,8
0,6
Industries du cuir
0,2
0,2
0,2
0,2
Industries du bois
2
1,4
Matériaux de construction
1,8
2
2,2
2,1
Industries métalliques
2,6
3,3
4,6
3,6
Source : Institut National
de la Statistique, 2011
1,7
1,9
C. Le secteur industriel
Variation annuelle (en
pourcentage)
2010
2,1
52,9
120
0
0,8
0,8
0
6,7
2,5
10,4
-7,3
0
4,2
0,4
-10,4
-4,5
-25
-33,3
0,2
5,4
-4,7
0
0
1,4
8,8
9,1
-30
0
2,2
8,5
12
-4,5
4,8
3,6
25,8
40,1
-21,7
0
Matériaux de transport
1,2
1,2
0,9
0,9
0,9
5,8
-29,4
0
0
Appareil électrique
4,2
4,3
3,5
2,5
2,4
2,9
-19,7
-28,6
-4
Industries du papier
0,5
0,5
0,4
0,5
0,5
0
-19
25
0
Autres
0,9
0,9
1
0,9
1
5
10,7
-10
11,1
ZFI
8,3
10,6
10,8
9
7,7
28,6
1,2
-16,7
-14,4
Le secteur industriel a progressé de 3,5% en
2006 à 9,8% en 2007. Il a commencé à
régresser l'année suivante, et en 2009, le secteur
a été profondément affecté par la crise. Des
actes de vandalismes ont directement touché des
entreprises et certaines ont dû être fermées à
cause des problèmes de trésorerie. Les effets
induits de la crise se manifestent par une
mévente des produits manufacturés à cause de
la baisse de la consommation. Tant les produits
orientés à la consommation finale que ceux
orientés vers le commerce "interentreprise" ont
été concernés par ce manque de
débouchés. A cela, s'ajoute les effets de la concurrence
générés par l'expansion des activités
informelles.
Par ailleurs, les industries extractives ont
enregistré une performance remarquable car
après avoir reculé de 7,2% en 2007, la valeur
ajoutée du secteur a augmenté à 9,0% en 2008,
et ce, grâce surtout à la chromite qui a
bénéficié d'une amélioration du cours sur le
marché
52
international et de l'augmentation de la quantité
produite. Et la branche a continué de progresser avec 15,4% en 2009 par
l'ouverture de l'exploitation l'ilménite (Fort-Dauphin). Elle a plus que
doublé son taux de croissance en 2010, du fait du démarrage de
l'exploitation du Nickel et du Cobalt à Ambatovy et de la montée
en cadence de l'ilménite, en affichant un taux de croissance de 120,0%.
La branche s'est trouvée au premier rang en matière de
contribution à la croissance du PIB, grâce à ce dynamisme
particulier.
La branche de l'énergie à
également connu une forte croissance de13, 3% en 2008, contre 6,4% en
2007. L'entrée en fonction de nouvelles centrales thermiques à
Antananarivo et la réhabilitation des groupes dans les provinces ont
permis d'augmenter la production d'énergie électrique. Le secteur
de l'énergie a marqué une baisse en 2009 et a soulevé une
absence de croissance ou une croissance peu significative en 2010.
L'industrie agroalimentaire en 2007 a continué
à enregistrer une baisse de -9,5%, après une situation
désastreuse de -12,5% en 2006. Cette contreperformance est
étroitement liée aux difficultés des unités
sucrières, en particulier de la SIRAMA (Siramamy Malagasy) de Madagascar
à cause du délabrement de matériels de production et de la
dégradation des plantations de la canne à sucre. En 2009,
après des années de baisse consécutive du taux de
croissance, l'agro-industrie a fait un bond de 54,5% après un taux nul
(0,0%) en 2008. Cette situation extraordinaire s'explique par la remise en
exploitation de deux unités sucrières (Sirama Namakia et
Morondava) et se stabilise à 52,9% en 2010.
L'industrie alimentaire réalise en 2007, une
croissance exceptionnelle de 9% à la suite d'une stagnation de deux ans
et l'industrie de boisson est également restée dynamique (7,9%).
Ces résultats sont l'effet de l'élargissement des destinations
d'exportation, notamment un début d'exportation vers les îles
voisines, d'une part, et l'organisation des jeux des Iles de l'Océan
Indien à Madagascar, d'autre part. Ce taux a légèrement
fléchi en 2008 pour l'industrie de boisson passant à 3%, sous
l'effet de la flambée des prix des matières premières et
de l'annonce d'une crise alimentaire mondiale. La branche de l'industrie
alimentaire ainsi que l'industrie du corps gras a accusé une baisse
brutale de sa valeur ajoutée en 2009 avec respectivement -0,6% et
-21,1%. Ces récessions sont imputables à la cessation de
production d'une laiterie et d'une huilerie du groupe TIKO qui ont
été victimes des turbulences politiques. En 2010, l'industrie des
boissons a légèrement dépassé sa stagnation de 2009
avec un accroissement très modeste de 0,8%. L'augmentation aurait pu
être meilleure sans le blocage du démarrage d'une nouvelle
brasserie pour des raisons d'ordre administratif.
53
Le taux de croissance de la branche de l'industrie textile
a fait une régression continue pendant les années 2008 et
2009 pour un taux respectif de -4,5% et -25%. La raison est liée au
durcissement de la concurrence internationale, notamment de la Chine depuis son
adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et au
démantèlement des Accords multifibres. La crise financière
internationale explique également la baisse par la diminution de la
demande extérieure. La persistance de la crise politique interne
accentue ce recul allant jusqu'à -33,3% en 2010.
L'industrie de matériaux de construction
a par contre connu un repli de sa croissance dès l'année
2007 avec un taux de 8,5% au lieu de 11,6%, en 2006. Cet état de chose a
été dû à la concurrence remarquée au niveau
des matériaux importés et a fini par empêcher cette
industrie de profiter pleinement de la forte demande du marché.
Toutefois, en 2008, grâce aux activités connexes au secteur
Bâtiments et Travaux Publics (BTP), elle a réalisé une
hausse de son taux de croissance en passant à 12%, une croissance
induite par l'accélération de la demande aussi bien
émanant du secteur public (construction d'infrastructures
routières, hôtelières, bâtiments) que du secteur
privé (demande des sociétés minières). En 2009, les
travaux d'infrastructures publiques se sont arrêtés (une
régression de -4,5%) à cause de la crise qu'a subie la branche
BTP. En 2010, la situation s'est améliorée avec un accroissement
de 4,8%. Ce taux positif s'avère être une valeur encore faible par
rapport aux performances de 12% de l'année 2008. L'activité du
secteur a été privée d'une part importante de son
marché à cause de la forte réduction des investissements
publics en infrastructure et la limitation des intrants et de services de
base.
En 2007, l'industrie métallique était
la plus performante de l'année en réalisant 25,8% de sa valeur
ajoutée, une tendance soutenue par la production d'une nouvelle fabrique
de barre de fer pour la construction. Ce secteur a connu un déclin
sérieux durant l'année 2009, à la suite de l'arrêt
des travaux d'infrastructures publiques (avec un taux de -21,7% en 2009, contre
40,1% en 2008). Ce taux s'est légèrement redressé à
0,0% en 2010, par la reprise de certaines branches des travaux.
1. Le secteur d'entreprise franche
Le secteur des entreprises franches est dans le
dynamisme étant donné qu'il travaille uniquement sur commande
fermes et destine l'intégralité de son produit au marché
extérieur, alors les données sur leurs exportations
reflètent l'évolution de leur production. Sa valeur
ajoutée a augmenté à 28,6% en 2007, après avoir
stagné en 2005et 2006. En 2008, la
54
performance des Zones Franches Industrielles (ZFI) a connu un
ralentissement (1,2%) imputable à l'essoufflement de la demande mondiale
liée aux difficultés d'écoulement des stocks dans les pays
de la zone euro et également à la concurrence de plus en plus
poussée des exportations de textiles accentué par le sort
réservé à l'AGOA qui a déjà fait impact bien
avant par la baisse des commandes venant des clients américains qui sont
restés dans l'expectative, l'appréciation de l'Ariary a aussi
engendré ce recul en affectant les recettes des entreprises franches et
le coût élevé de l'énergie pèse de plus en
plus sur leurs charges. La branche est affectée en 2009 par les
conséquences de la crise financière mondiale qui s'est traduite
par la baisse de la demande mondiale. Sa valeur ajoutée a baissé
à -16,7% et reste dans la récession en 2010, avec un taux
négatif de -14,4% car de nombreuses usines de ce secteur sont
fermées, suite à l'abandon des entreprises en Zones Franches.
Notons que, suite à la crise sociopolitique à Madagascar, les
investisseurs étrangers ont réduit voire cessé de financer
bon nombre d'entreprises implantées dans la grande Ile. La fermeture des
usines et la cessation d'activité ont provoqué la hausse du taux
de chômage technique. En conséquence, plusieurs travailleurs ont
perdu leurs emplois. Le rétrécissement de la demande mondiale a
induit un ralentissement du rythme de reproduction. Pour cette raison, la
valeur ajoutée du secteur a diminué sensiblement. Avant la
suspension de Madagascar dans le système de l'AGOA, les acheteurs
américains se sont déjà tournés vers les autres
pays du fait de l'incertitude qui a prévalu sur ce processus. La crise
actuelle (depuis 2009) ne fait qu'aggraver la position de la grande Ile. Une
cinquantaine d'entreprises franches de la filière textile opérant
pour le marché américain dans le cadre de ce régime
préférentiel représente : 100 000 emplois directs,
quelques 300 000 emplois indirects et 300 millions de dollars américains
d'exportation (rapport économique et financier du MEI, 2009-2010).
55
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