CHAPITRE
III :
LA CARRIERE DIPLOMATIQUE
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
Placé au coeur de l'action extérieure de
l'État, le diplomate apparaît comme un acteur incontournable dans
les relations internationales. Cependant, sa figure classique, investi d'un
ensemble de compétences, dont l'exercice suppose la détention
d'un certain nombre de qualités, privilèges spécifiques et
l'observation d'un ensemble de rituels, fait place à une figure
nouvelle: appelé à remplir de plus en plus une fonction de
coordination et de mise en cohérence de l'action extérieure ainsi
que de servir d'appui à la prise des décisions, le diplomate
moderne est tenu de faire preuve de qualités de gestionnaire et de
meneur d'hommes. Il est invité à s'ouvrir toujours davantage
à la société, en sortant de son ambassade et en jouant le
rôle de grand communicant.
I. La formation et le statut diplomatique
La politique de gestion des ressources
humaines : pour Monsieur Denis FRANCOIS,
diplomate, Chef de Bureau des Politiques Statutaires et de Gestion des
Ressources Humaines du MAEDI, l'intégration de la gestion des
ressources humaines, au coeur de la stratégie des Etats, est un marqueur
de la nouvelle gouvernance de la fonction publique. Dans une logique de
performance et de valorisation du service aux citoyens, les administrations
s'approprient de nouveaux outils de gestion prévisionnelle des
ressources humaines et des techniques de management efficaces. Recrutement,
formation, évaluation des agents, rémunérations, gestion
des compétences, gestion de l'encadrement supérieur, nouveaux
rôles des managers ont été les thèmes centraux de
notre formation. À travers des études de cas permettant de
croiser les regards public et privé et en favorisant les échanges
d'expériences, ce cycle permettra aux auditeurs d'améliorer
outils et méthodes en termes de pratiques managériales.
Le recrutement et la formation des
diplomates : Pour Monsieur Thierry VALLAT,
Diplomate, Chef de Département de la Formation du MAEDI, la
carrière d'un diplomate en France, se caractérise par
l'importance de la formation initiale et la sélection
opérée par l'École nationale d'administration (ENA) et
l'École polytechnique. Avoir un bon rang dans le classement de sortie de
l'ENA, notamment, agit comme un avantage initial pour espérer occuper en
fin de parcours les emplois les plus prestigieux. Les principales voies
d'accès aux emplois de catégorie A1 sont l'ENA, d'où
sortent les Conseillers des Affaires Etrangères du cadre
général intégrant le Quai d'Orsay , le concours pour
l'accès à l'emploi de Conseiller des Affaires Etrangères
du cadre d'Orient, celui pour l'emploi de Secrétaire des Affaires
Etrangères du cadre général, le concours pour
l'accès à l'emploi de Secrétaire des Affaires
Etrangères du cadre d'Orient, les Instituts Régionaux
d'Administration (IRA) pour les Secrétaires des Affaires
Etrangères d'administration. Ainsi, réussir sa carrière
nécessite donc la construction d'une réputation, de
compétences spécialisées, de réseaux relationnels,
des investissements et des sacrifices variables suivant l'origine et le
parcours. Il faut parfois « être prêt »
à accepter, avec de courts délais de réflexion, des postes
géographiquement éloignés ou demandant une très
grande disponibilité, ce qui suppose des arrangements familiaux
différents suivant l'âge ou le sexe.
La carrière est largement déterminée par
la capacité à construire un réseau et à bâtir
une réputation, ce qui peut prendre des formes différentes
suivant la spécialité ou la filière plus
particulièrement suivie et peut être plus ou moins facilité
par les contraintes d'ordre familial. Les carrières les plus rapides,
les plus « cohérentes » et les plus
« brillantes » sont celles d'énarques qui ont
très tôt su se constituer une spécialisation, notamment en
multilatéral. Les diplomates issus des IRA sont les moins avantageux
dans ce cadre.
Il existe au sein du MAEDI des filières qui
s'apparentent à une division sociale du travail entre
métiers. Sans présager de leur ordre, la première
filière est structurée autour des postes
bilatéraux. On y accède le plus souvent, mais pas exclusivement,
par le concours d'Orient, cette affectation correspondant fréquemment
à une spécialisation sur une aire géographique. La seconde
filière est multilatérale. Les agents sont
plutôt issus du concours externe de l'ENA. La carrière se
déroule au sein des Représentations permanentes
importantes ; elle est souvent associée à une
spécialisation technique dominante (questions stratégiques et
d'armement, questions économiques et financières, etc.). La
filière consulaire, enfin, commence souvent par un premier poste en
catégorie B et même C, et se termine, le cas
échéant, par un poste de consul général, voire
parfois d'ambassadeur dans un petit pays. Des postes administratifs
(secrétaire général d'ambassade, chef de Service) sont
parfois occupés en milieu de carrière.
Au service de ces objectifs, le ministère des Affaires
étrangères et du Développement international
conçoit et met en oeuvre la politique étrangère en
s'appuyant sur le travail interministériel qu'il anime et sur un
réseau à l'étranger, le deuxième du monde et en
constante adaptation aux réalités internationales.
Avec un effectif total de 25 000 employés (services
centraux et extérieurs) et dont, pour le réseau diplomatique :
163 ambassades, 16 représentations permanentes auprès
d'organisations internationales, 04 délégations auprès
d'organisations multilatérales et 04 antennes
diplomatiques. S'agissant du réseau consulaire : 92
consulats généraux et consulats, 130 sections consulaires,
5 chancelleries détachées plus
de 500 agences consulaires. Pour ce qui est du réseau culturel :161
services de coopération et d'action culturelle, dont 101 Instituts
français 27 instituts de recherche subventionnés, 400
alliances françaises subventionnées par le MAEDI.
Le statut diplomatique : immunités et
privilèges : Madame Marie-Jeanne De
COQUEREAUMONT, Diplomate, Sous-directeur des Privilèges et
immunités diplomatiques et consulaires du MAEDI, nous a entretenu sur le
fait que la carrière diplomatique est codifiée par la Convention
de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961 et par la Convention
de Vienne sur les relations consulaires du 24 avril 1963. En effet,
poursuit-elle, les deux conventions soulignent dans leur préambule, les
fonctions d'une mission diplomatique et précisent aussi que le but des
privilèges et immunités ne consiste pas à avantager des
individus mais d'assurer l'accomplissement efficace desdites fonctions. Elles
précisent également que toutes les personnes qui en
bénéficient se doivent respect des lois et règlements de
l'Etat hôte.
En vertu donc des conventions suscitées, les agents
diplomatiques ainsi que leurs familles, bénéficient des
privilèges et immunités de juridiction de l'Etat d'accueil, au
point de vue pénal, avec quelques exceptions de détail au point
de vue civil. Les membres du personnel technique et administratif
bénéficient des immunités de même ordre bien que
moins importantes, pour les actes accomplis au cours de leurs fonctions sous
réserve qu'ils ne soient pas des nationaux ni des résidents
permanents de l'Etat hôte. L'immunité diplomatique va ainsi de
pair avec certains privilèges fiscaux, principalement l'exemption de
l'impôt sur le revenu de l'Etat d'accueil. L'inviolabilité
concerne aussi bien les personnes que leurs biens (locaux officiels,
correspondance officielle, la valise diplomatique, demeure privée, les
bagages, documents, biens privés des diplomates, etc.). Ces agents n'en
restent pas moins soumis aux dégâts commis par eux-mêmes,
risques sanitaires et aux menaces sécuritaires (ordre public, conflits
internes et externes, terrorisme). Dans la mesure où ils
représentent une puissance étrangère qui prend ses
responsabilités et s'engage dans le monde, ils sont les cibles
privilégiées de certaines abus et attaques. A cet
effet, compte tenu de la complexité de cette tâche, le diplomate
qui en est chargé doit faire preuve de grandes qualités pour
savoir gérer, débusquer et traiter les dossiers difficiles. Elle
nous a également recommandé de faire preuve de beaucoup
d'humilité dans ce travail délicat (démêlés
judiciaire, titre spécial, privilèges fiscaux, etc.), car moindre
faux pas, cela peut avoir des répercussions au plan diplomatique. Elle
nous a cités en exemple, le cas d'un Ambassadeur appelé en
urgence par son Chef de l'Etat et qui, en excès de vitesse,
écrase deux enfants au Sud de la France. Dans ce cas, c'est
l'Ambassadeur en question lui-même qui a demandé aux
autorités de son pays de lever son immunité afin de
répondre à l'acte qui lui est reproché.
|
|