DEUXIEME PARTIE :
LES NOUVELLES PRATIQUES DU METIER DE DIPLOMATE
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
La fonction diplomatique a évolué dans le temps,
dans l'espace, dans les attributions confiées aux diplomates et dans les
compétences requises pour exercer ce métier. Il s'agira donc dans
cette deuxième partie, de passer en revue les textes fondateurs de la
diplomatie moderne, les perspectives d'évolution de la fonction et
l'impact de la mondialisation sur le métier.
Le décor de cette deuxième partie a
été planté par le Pr. Bertrand BADIE,
Enseignant des Sciences politiques à l'Institut d'Etudes Politiques
(IEP) de Paris, à travers son exposé portant sur
« la diplomatie au XIXème siècle :
permanences et nouveaux enjeux ».
Dans son propos liminaire, le Pr. BADIE a d'emblée
posé le problème de l'interaction entre le diplomate et les
autres acteurs non étatiques pour faire face aux défis de la
mondialisation, dans une logique de complémentarité. A cet effet,
il est revenu sur la définition du terme
« diplomatie » qui doit être retenue par la
communauté internationale. Selon lui, la diplomatie est l'art de
gérer les séparations telle que définie par le britannique
Paul SHARP dans Diplomatic theory. Le travail du diplomate consiste
à soigner les séparations, à regarder les
différences afin de trouver des solutions atténuantes et non de
se plonger dans une tendance actuelle particulièrement périlleuse
de la diplomatie, à savoir l'exclusion.
L'intervenant nous a invités à penser les
problèmes internationaux dans toute leur complexité, car la
divergence des points de vue au sujet de la fin de guerre froide a
semblé sonner le glas d'une représentation dominante,
c'est-à-dire celle d'un monde bipolaire, pour céder la place
à un système international instable, complexe et bien plus
difficile à qualifier. L'idée alors d'une domination
hégémonique des Etats Unis sur un monde devenu unipolaire est
battue en brèche par la mondialisation et l'importance des
phénomènes transnationaux. Face à cette situation, les
Etats ne sont plus désormais les seuls acteurs influents sur la
scène internationale mais cela ne signifie pas que leur rôle dans
la conduite de leurs politiques étrangères est
marginalisé. L'ordre westphalien marqué par
l'établissement des représentations permanentes et la pratique
des jeux d'influences par le biais des liens diplomatiques fait face à
la montée en puissance de nouveaux acteurs (Organisations Non
Gouvernementales (ONG), entreprises, collectivités locales,
Organisations Internationales (OI)...), des nouveaux moyens de communication
(Internet, visioconférences...), de nouveaux défis qui se posent
aujourd'hui à la communauté internationale (prolifération
des armes de destruction massive, le terrorisme, le maintien de la paix et le
développement, la protection de l'environnement, la poussée
démographique et les phénomènes migratoires, les heurts
religieux, la libéralisation des échanges, la question de la
réforme du Conseil de Sécurité ,etc.). Ces
réflexions qui sont d'actualité, sans remettre totalement en
cause le modèle stato-centré, constituent la clef d'une
réinvention des politiques étrangères des Etats. Elles
(réflexions) les invitent à s'adapter aux
« turbulences » (J. Rosenau) qui transforment les relations
internationales au jour le jour.
Grosso modo, la diplomatie, selon BADIE, longtemps
monopolisée par les diplomates, connaît de profonds
bouleversements: extension du champ de son domaine d'action, diversification et
multiplication des acteurs du jeu diplomatique, dialectique entre les
gouvernements, les entreprises et les médias, dialogue avec la
société civile, etc. Ce qui rejoint presque l'idée
émise dans La confession d'un vieux diplomate de Le Comte de
Saint-Aulaire en 1953, à savoir : « La diplomatie que
j'ai connue, la diplomatie des diplomates n'existe plus ». Ce qui
suscite une réflexion profonde sur le «métier » de
diplomate, ses origines, ses transformations et ses perspectives, ses multiples
facettes (en poste au sein de l'administration centrale ou à
l'étranger, dans les relations bilatérales, régionales ou
multilatérales, dans les différents domaines politique,
financier, culturel, commercial), en temps de paix ou de crise, etc.), afin de
lui donner les «outils» nécessaires pour exercer pleinement
ses fonctions et affronter les défis actuels qui s'imposent à
lui.
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