2-De la décentralisation du pouvoir: puissance
sociale
Comme nous l'avons déjà montré dans le
chapitre précédent, l'immixtion de la parenté dans le
système administratif moose est un fait visible. Cependant cette
présence de la sphère privée n'est manifeste qu'au niveau
de l'affectation des pouvoirs dans la direction des circonscriptions locales et
n'influe nullement sur la bonne gouvernance des affaires de la
république et de l'exercice autonome du pouvoir. Si à la
tête des provinces, des cantons et des villages se trouvent des
descendants directs de la famille royale, cela ne signifie guère que
l'exercice du pouvoir relèverait d'un abus ou d'une gestion parentale et
dictatoriale n'ayant pour finalité que le bien-être de la
lignée royale au détriment de l'intérêt
général.
En effet, la parenté, concernant ici les liens
familiaux qui légitiment l'appartenance à la famille
conquérante et par extension aux groupes affiliés,
détermine le choix des éligibles et ceci de manière
héréditaire. Elle a pour fonction dans le système
administratif mis en place de légaliser, en sa qualité d'instance
normative, le droit et le devoir pour les membres de conquérir le
pouvoir, la liberté de manifester ses prétentions politiques.
Elle constitue de ce fait le noyau dans le système de
délégation des fonctions.
C'est pourquoi, malgré le fait que la composition du
corps du Collège soit hétérogène, la plupart des
circonscriptions locales sont sous les ordres des membres du lignage
régnant. Nous assistons dés lors, à coté d'une
centralisation des pouvoirs entre les mains de l'empereur, à un mode de
décentralisation de certains pouvoirs au niveau local. Ce
phénomène de transfert de compétences n'est pas aussi
innocent que l'on pourrait le croire et les raisons semblent se situer à
plusieurs niveaux et se comprendre de plusieurs manières. Il
présente tout de même des impacts sociaux dont nous ne manquerons
pas d'élucider.
D'abord la première, la moins importante et la plus
irréaliste consisterait à dire qu'il s'agit là d'une
politique dont la finalité est de s'approcher des populations locales
afin de prendre connaissance de leurs soucis et difficultés pour en
apporter des solutions. Ceci est la justification des politiques de
décentralisation que tous les Etats modernes valorisent et vantent en en
faisant le crédo de leurs programmes électoraux en matière
de sécurité publique et le soubassement de leur système de
gouvernance participative en vue d'un développement durable. En
réalité ceci cache des motifs inavoués, dissimulés,
des non-dits. Pourquoi l'Etat aurait-il besoin de tants de moyens de
répression au niveau des collectivités locales ? Pourquoi les
questions de bien être et de politique de développement
s'accompagnent-elles d'instruments de répression ou de contrôle ?
En tout cas rien n'est sûr !
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Ensuite, dans cette même logique des enjeux de la
décentralisation, il s'agirait plutôt, comme nous venons de le
dire, d'un mécanisme de domination rapprochée dans le but de
mieux contrôler la masse et de parer coûte que coûte aux
potentiels soulèvements et à la désobéissance
civile. En se rapprochant et en se mettant quotidiennement au contact des
sujets par la présence et la manifestation des instruments de l'Etat, le
souverain s'assure de sa suprématie, régule l'ordre public et
garantit sa conservation du pouvoir. Soumettre les sujets jusqu'à leurs
derniers retranchements, telle semble être la maxime du souverain, assure
l'exercice libre des affaires publiques, favorise la quiétude nationale
et la continuité de la domination de l'Etat par la famille dirigeante.
C'est aussi jeter son regard partout et s'immiscer en exerçant son
emprise jusque dans les coins et recoins de l'intimité des populations,
des sujets.
Ceci est par ailleurs, sans le manifester explicitement, la
vocation des instances étatiques et la justification de sa
présence par ses représentants au niveau des populations. Que
serait le rôle des préfets, sous-préfets, des maires, des
présidents de communauté rurale, des chefs de village et
même de quartier, si ce n'est qu', au-delà de leur tâche qui
est de fournir un service local, de faire sentir aux peuples partout sa
présence, sa suprématie et d'installer en eux la peur, la
fidélité, le respect, l'esprit de soumission afin de les
manoeuvrer et de les utiliser à son aise en cas de besoin.
Enfin, comme nous l'avons montré tantôt, la plus
importante concerne les mesures de prévention et de
sécurité mises sur pied par l'empereur. Conscient des risques
d'usurpation violente du pouvoir par ses pairs et afin de parer à une
faiblesse paralysante du fonctionnement étatique, il se trouve
obligé de les écarter aussi loin de l'Etat central en leur
attribuant des fonctions secondaires. Cette stratégie politique, dans
cette logique de l'édification de l'Etat, est clairement
élucidée par Michel Izard :
«Pour passer du simple territoire segmentaire conquis au
territoire segmentaire étatique, il a fallu briser la solidarité
des conquérants en marginalisant les membres du lignage royal, en
créant un appareil placé sous le contrôle de ceux qui sont
généalogiquement les plus éloignés du roi, en
faisant oublier aux vaincus leur défaite et en les amenant à
croire entrer de leur plein gré dans un système qui leur est
imposé, en faisant du roi une figure unique, étrangère
à
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toute appartenance segmentaire, en fixant une idéologie
réductrice qui le roi à son royaume et le royaume à un
territoire et à un peuple
indifférenciés.»97
En effet comme le pouvoir reste par essence très
stratégique et trop sensible faisant en permanence objet de convoitises,
il ne saurait être partagé pour rien au monde et même si
cela pouvait avoir lieu la raison politique ne l'admettrait pas. Le pouvoir ne
se vend ni ne se partage comme l'atteste rigoureusement l'intitulé du
chapitre IX des Discorsi « Qu'il faut être seul pour fonder une
république ou pour la réformer totalement » à ce que
nous ajoutons que le pouvoir se gère seul. Cela fait échos par
ailleurs à l'adage sérère qui dit que deux taureaux ne
sauraient cohabiter dans le même troupeau et en partager les
rênes.
La préoccupation quant à l'accord dans la
rapidité de l'exécution des ordres, du suivi du
déroulement des décisions et de leur application, pousse les
souverains à éliminer les potentiels ennemis, les rivaux de la
course à l'investiture. Pour ce faire il ne peut que s'entourer de gens
qui lui resteront fidèles et soumis durant toute leur vie. En ce sens
Machiavel dira : « Pour un prince, le choix des ministres, qui sont bons
ou non selon la prudence du prince, n'est pas de peu d'importance. Et la
première conjecture qu'on fait du cerveau d'un seigneur, est de voir les
hommes qu'il a autour de lui, et quand ils sont capables et fidèles, on
peut toujours lui donner la réputation de sage, parce qu'il a su
reconnaitre leurs capacités et il sait se les maintenir fidèles
».98
Il s'agit ici pour le Mogho Naba d'écarter ses
frères de sang des questions et décisions qui concernent
intrinsèquement le pouvoir central. Leur importance ne se manifeste
qu'au niveau des instances locales. Ce sont eux qui administrent les provinces,
les cantons et les villages. Ce qui fait que la présence de l'Etat se
fait sentir à partir d'eux. Ceci ne manquerait pas d'avoir un certain
nombre de conséquences, d'impacts positifs comme négatifs sur le
mode de gouvernance de l'empereur et sur ce qui sera au coeur de ce que nous
appellerons la puissance du peuple et du royaume moose.
97 Izard, M. L'Odyssée du pouvoir. Un
royaume africain : Etat, société, destin individuel. Paris :
Editions de l'EHESS, 1992, p.53
98 Machiavel. Le Prince. Chap. XXII : «
De ceux que les princes ont en charge des secrets », p.152
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Le statut d'un Etat, en tant que cette « architectonique
» c'est-à-dire, suivant Hegel, « cette riche articulation du
monde éthique »99 est d'assurer la cohésion et la
sécurité sociales, de favoriser l'harmonie au sein de la
population. Cela semble ne pouvoir se faire qu'avec la proximité d'avec
ses sujets, ce qui passe nécessairement par leur soumission totale, leur
engagement quotidien et leur fidélité vis-à-vis de leurs
chefs. Un peuple soumis est un peuple obéissant. Cette obéissance
de la part des sujets constitue le socle, non seulement de la stabilité
de l'Etat et des institutions, mais aussi et surtout de la tranquillité
et de la paix sociales, de la pérennisation du pouvoir. Ceci le
Mogho Naba a su bien le comprendre pour sa propre
sécurité et celle de ses pairs. Notons ici que tous ont le
devoir, l'obligation, devant la coutume, de perpétuer le legs des
ancêtres en faisant rester la famille au pouvoir aussi longtemps que
possible.
Mieux encore, c'est à partir de cette
nécessité à forcer le respect, la soumission que le
Mogho Naba peut arriver à gouverner en exigeant des sujets
l'accord aux principes des devoirs et des droits. C'est de ce fait qu'ils
payeront l'impôt par exemple, travailleront la terre pour subvenir aux
besoins de l'Etat, garantiront sa sécurité interne et externe.
C'est d'ailleurs en ce sens plus précisément que nous comprenons
le fait que, dans les clauses du partage du Mögo entre les pouvoirs
temporel et spirituel au moment de la fondation de l'Etat, les autochtones
Ninisi avec à leur tête le Teng naba, roi de la
terre se réservaient le droit de cultiver pour assurer la subsistance
aux dirigeants guerriers. Ceci fera d'ailleurs la capacité de la
société Mossi à mobiliser facilement en un temps record
devant les urgences. Elle favorisera une meilleure et sûre prise en
charge des conflits et des problèmes liés au processus
électoral car seuls les membres de la classe royale auront le droit de
briguer un mandat.
Ce contrôle permanent sur les sujets permettra
également, par cette mobilisation, de s'équiper rigoureusement en
ressources humaines et matérielles propres et faire face aux menaces
externes sur l'Etat. Compter sur soi et sur ses armes propres est la
règle d'or que conseille Machiavel au prince en matière de
gestion et d'engagement de conflits : « je conclus donc que, s'il n'a pas
d'armes propres, aucun prince n'est en sécurité ; »,
entendant par là par « armes propres », ceux qui « sont
composées ou de tes sujets ou de tes citoyens ou de tes
créatures, ».100 Ses sujets, ses fidèles et
eternels soumis constitueront la masse guerrière, les citoyens
soldats.
99 Hegel, G. W. F. Op.cit. p.50
100 Machiavel, Le Prince, Chap. XIII: « Des soldats
auxiliaires, mixtes et propres », p.115
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Comme nous pouvons le constater, les Mossi faisaient la
levée de masse pour faire face à l'ennemi. Ce qui semble
justifier cette tendance des souverains Mossi, tout comme les autres royaumes
contemporains, à la gestion participative des affaires publiques surtout
en période de guerre. Ce qu'atteste d'ailleurs ce propos de Machiavel :
« la république doit envoyer ses citoyens....Et
d'expérience, on voit les princes seuls et les républiques
armées avoir de très grands succès et les armes
mercenaires ne jamais rien faire, sinon des dommages ; et une république
armée d'armes propres en vient plus difficilement à obéir
à l'un de ses citoyens qu'une république armée d'armes
extérieures ».101
Notons ici aussi que ce qui faisait la puissance des royaumes
mooses, en plus du fait qu'ils ont toujours dépendu de leurs propres
citoyens, dépendait aussi du statut qu'ils réservaient à
leurs empereurs, à leurs rois. Leurs souverains, malgré les
rivalités, selon Dim Delobsom, qui pouvaient s'effectuer de temps en
temps entre eux, étaient tous autonomes et souverains dans leurs foyers
respectifs. Chacun jouissait de la plénitude de ses pouvoirs
suprêmes et étatiques et de sa légitimité.
Néanmoins le royaume de Ouagadougou devenait, au fil du temps, le plus
puissant, poussant même les autres rois et chefs de province et de canton
à reconnaitre sa suprématie et à lui servir de
référence en matière de gouvernance et d'organisation
politique et rituelle. Convaincus de cette puissance de leur Mogho Naba, les
mooses de Ouagadougou se sont toujours crus supérieurs, plus riches et
plus puissants. Ainsi leur souverain était des plus craints et
redoutés à tel point qu'ils lui réservaient chaque jour
une cérémonie rituelle matinale. Pour illustrer ce propos,
suivons la description que Skinner en a faite :
« Il inspirait une crainte telle, il était
tellement « semblable au soleil », que personne n'osait le regarder
en face. Il était interdit de lui toucher la main ou de lui parler
autrement que prosterné, le front touchant le sol. Les gens
étaient censés hésiter avant de prononcer son nom et
aucune autre personne n'était autorisée à porter le
patronyme du souverain régnant ».102
101 Machiavel. Le Prince, Chap. XII : « Combien
il y a de genres de milices et des soldats mercenaires ? », p.106107
102 Skinner. Op.cit. p.84
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Les rois Mossi avaient pour coutume, au moment du rituel qui
entourait l'intronisation d'un nouveau chef, de s'attribuer un nom, un titre
qui l'identifierait, un patronyme. C'est ainsi, d'ailleurs, que Morho Naba
Sarha II (1942-1957) se fait appeler Sarha (= « pluie ») suite
à son discours d'intronisation : « Sans la pluie, il ne peut y
avoir de vie. Je serai comme la pluie pour le pays ». Tout un rituel
était donc organisé, comme nous venons de le dire, en l'honneur
du Mogho Naba pour manifester sans doute le respect et la considération
en laquelle les sujets le tenaient. Cette cérémonie matinale est
appelée « Ouend pous yan » traduit littéralement selon
Skinner par « Dieu se lève », ou « le soleil se
lève ».
Pour matérialiser sa puissance, tout un symbolisme
marquait le cérémonial. Le Mogho Naba se revêtait d'une
« robe rouge » pour matérialiser le « Soleil levant
», sa « coiffure surmontée de rubans d'argent »
symbolisant le Soleil lui-même. Pour ce qui est des salutations et du
comportement des sujets et des ministres devant le Mogho Naba, voici comment
ils sont présentés par Skinner : « Arrivés à
quelques mètres du monarque, ils s'agenouillaient sur le sol, puis, les
doigts repliés et les pouces en l'air s'inclinaient, frappaient le sol
des deux mains trois fois, puis frottaient les paumes de leurs mains gauches
avec les doigts de leurs mains droites. Ensuite ils se relevaient et la
tête toujours baissée retournaient à leurs places
».103
Par ailleurs beaucoup de chercheurs ont profité de
cette appellation du rituel pour faire faire aux Mossi du Mogho Naba un
souverain de droit divin. Pour Dim Delobsom, il constitue le
révélateur de « toute l'estime des Mossi pour leur
souverain, puisqu'ils le comparent au soleil, et par conséquent,
à un « dieu ».104 A en croire l'auteur, les Mossi
ne considéraient pas leur souverain comme des dieux ou des monarques
d'essence divine car une chose est de comparer quelqu'un à un dieu et
c'en est une autre de le prendre pour tel. Ils n'ont donc pas pris leurs
souverains pour des êtres essentiellement parfaits. L'imaginaire Mossi
admet la finitude et l'imperfection du genre humain, ses faiblesses et ses
tares.
103 Idem. p.88
104 Dim Delobsom. Op.cit. p.37
86
A cela lisons ce propos de Dim Delobsom: « Les mots
utilisés pour « Dieu » sont Ouennam et Ouende. Les mots
désignant le « soleil » sont identiques [...]. Les Mossi
n'admettent cependant pas que l'utilisation des mêmes mots pour designer
Dieu et le soleil sous-tendent qu'ils croient que Dieu soit le soleil ni que le
soleil soit leur Dieu [...]. Les Mossi considèrent leur être
suprême, Ouennam, comme une divinité négligente qui ne se
préoccupe guère des affaires humaines. Ce sont les ancêtres
qui sanctionnent la bonne conduite »105.
Ceci illustre une fois de plus la dimension du Souverain et de
l'Etat qu'il incarne, l'estime et la crainte dont ils font objet, tout ceci
conditionné par la force et la puissance dont ils se dotent. Il
contribuera de ce fait à faciliter l'exécution des directives
royales et à garantir la pérennité de l'Etat et du
pouvoir. Au regard de tout cela, nous pouvons affirmer sans risque de nous
tromper que ces stratégies politiques ont fait que les royaumes Mossi
sont restés, à quelques égards, invincibles, autonomes et
stables durant presque toute leur existence.
Ce pragmatisme politique a été fondamental en ce
sens et semble pouvoir faire l'objet d'imitation pour nos Etats modernes qui,
de plus en plus, semblent perdre leur notoriété devant leurs
propres citoyens et devant les puissances extérieures. Pour cela rien ne
me parait plus logique pour nos princes que de lire et d'observer les pas de
nos anciens grands Etats, de nos grands hommes comme nous le suggère
Machiavel dans son chapitre VI : « un homme prudent doit toujours
s'engager sur des voies battues par de grands hommes et imiter ceux qui ont
été très excellents--afin que, si sa vertu n'y arrive pas,
au moins en rende-t-elle quelque odeur ».106
Cette imitation n'est pas dénuée de sens et
d'objet. Elle consistera surtout à cultiver des valeurs politiques et
des stratégies d'exercice de pouvoir et de savoir de gestion d'affaires
publiques car comme le dit l'adage il n'ya rien de nouveau sous le soleil et
que tout a été déjà battu par les grands esprits.
Il revient dés lors nécessaire de les imiter positivement. Nos
grands empires du Ghana, du Mali, du Songhaï, du Mossi, du
Monomotapa...peuvent constituer des références en matière
de pragmatisme dans l'exercice étatique du pouvoir et de force sociale
et nationale dans la souveraineté internationale et la
géopolitique mondiale.
105 Idem
106 Machiavel. Le Prince, Chap. VI : « Des
principats nouveaux qu'on acquiert avec les armes propres et la vertu »,
p.76
87
Parlant justement de cette politique mondiale fortifiée
de nos jours par la mondialisation107, il est à noter que
c'est au coeur de la force que tout se joue même si c'est au nom du
« Droit Universel » que l'on justifie l'immixtion des institutions
internationales sous la bannière des puissances extérieures et
des lobbying. Dans cette géopolitique mondiale, tout se règle et
se mesure sur la force : le gel des biens de ceux qui dérangent et que
l'on qualifie de « dictateurs », les embargos sur les Etats «
voyous » sont autant de mesures que l'actualité manifeste la
quotidienneté.
Fort de ce constat, les cultures de la force et de l'armement,
de la formation et de la rigueur militaires en matière d'exercice du
pouvoir, de gestion des affaires publiques et surtout de relations
internationales constituent de nos jours des exigences infranchissables pour
tout Etat, tout souverain soucieux de la protection et du bien être de
son peuple, de sa souveraineté et de son progrès. De même
l'ingérence économique, politique et culturelle permanente des
puissances occidentales et asiatiques sur les Etats les moins nantis, ceux de
l'Afrique et des Caraïbes par exemple, la poussée fulgurante du
terrorisme constituent autant de raisons pour favoriser une volonté et
une envie folle de conquête des armes de défense et de
sécurité.
Revenant sur le sujet, nous dirons qu'il sera question dans la
suite de ce travail, de faire voir le système de gouvernance des mossi
et toute l'architecture étatique et politique, d'en analyser les
contours afin de déceler les enjeux philosophiques et sociales, les
principes organisationnels, fondements de l'effectivité de l'Etat
central et de l'intégrité territoriale. Tout cela permettra de
mettre en évidence ce que nous avons appelé la « philosophie
Mossi » de la gouvernance, c'est-à-dire le mode de gouvernance des
mooses et tout l'arsenal instrumental en vigueur mis sur pied pour mieux
administrer et assurer les bases idéologiques. Ainsi la finalité
de ce travail consistera à se demander, au terme de l'analyse du
système de gouvernance Mossi, si nous pourrons affirmer, comme
Vidal-Naquet, que « Dans une cité démocratique le conseil
propose, l'assemblée décide par un vote, les magistrats
exécutent les décisions. Et les magistrats et les conseillers
font partie de l'assemblée » ?108
107 Elle constitue une politique internationale où selon
le Dictionnaire Universel« les nations sont intégrées dans
un espace économique mondiale qui échappe en partie au
contrôle des Etats ». A cela nous ajoutons qu'elle concerne aussi
sans le nommer l'espace politique et culturelle. Il s'agit d'une politique
monocentriste du monde dont le but est d'avoir la possibilité de jeter
son regard sur tout et d'être à l'écoute du monde dans le
but de mieux contrôler à distance grâce aux Nouveaux
Technologies de l'Information et de la Communication, d'une politique
déguisée de pillage, de légitimation de l'ingérence
politique et étatique.
108 Vidal-Naquet, P. « Eschyle, le passé et le
présent », In Vernant, J.P. et Vidal-Naquet, P. Mythe et
tragédie en Grèce ancienne, tome II. Paris : Editions LA
DECOUVERTE, 1986, p.99
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