2.2.2 Autorités monétaires
L'inefficacité de la politique monétaire ne
s'assimile pas à une inutilité des reformes de la Banque
Centrale. En effet, on ne peut pas dire que la Banque Centrale et l'Etat ne
jouent aucun rôle dans l'économie. Ils assurent une bonne
régulation qui est tout de même influencée par le
comportement de la demande et le faible niveau de développement du
secteur privé.
Cependant, la BCRG, l'organe en charge de la supervision de la
politique monétaire et des activités monétaires en
Guinée doit créer un cadre de concertation entre
autorités monétaires et acteurs de l'économie nationale
pour statuer sur des mesures opérationnelles en période de crises
éventuelles. De ce fait la Banque Centrale doit émettre des bons
BCRG, afin de renforcer son indépendance opérationnelle en
utilisant ses propres titres comme moyen de régulation de la
liquidité bancaire en lieu et place des bons de trésor. Mais
jusqu'à présent la BCRG n'a pas fait usage de ce nouvel
instrument.
Comme instruments indirects de régulation de la
liquidité la BCRG a opté pour le maniement des taux directeurs,
l'open market et les réserves obligatoires. S'agissant du taux
directeur, le niveau de 16.7% fixé par la BCRG paraît
particulièrement élevé, surtout dans un contexte de
ralentissement de l'inflation. Une baisse sensible devrait être
envisagée par la Banque Centrale en réduisant par exemple le taux
directeur de moitié pour le porter à 8.3% afin de favoriser la
relance des activités économiques des PME.
Par ailleurs il est important dans le cadre de la politique
monétaire et de gestion du crédit de donner priorité aux
financements des investissements productifs. En effet, l'économie ne
trouvera des sentiers d'expansion forte dans des conditions de stabilité
des prix sans un meilleur accès des entreprises nationales à des
lignes substantielles de crédit pour faire face à leurs
énormes besoins d'investissement. Tant il est vrai que la structure des
crédits en Guinée montre la place de second rang
réservée au financement des investissements productifs et
à contrario l'importance des crédits à la consommation.
La BCRG doit procéder à l'assainissement
monétaire et financier afin de sécuriser les réserves de
change de la nation. Cela suppose un changement d'orientation des politiques de
la Banque Centrale en vue d'une meilleure lisibilité de la politique
monétaire et de change. Il s'agit également de donner toute la
puissance à la politique économique générale par
une meilleure coordination des politiques budgétaire et
monétaire. A ce niveau, les relations institutionnelles entre la BCRG et
le ministère de l'économie et des finances doivent être
revues et corrigées.
La Banque Centrale doit également respecter le niveau
statutaire des avances (20% des recettes fiscales de l'année
t-1) qu'elle est habilitée à accorder au trésor
public. Le respect de cette norme contribue à aligner la croissance de
la masse monétaire à celle du PIB. Ensuite elle doit
réduire la masse monétaire par une politique de résorption
des excédents monétaires, par exemple par émission des
titres de régulations monétaires. Enfin, elle doit surveiller les
trois agrégats monétaires.
La BCRG doit mener la restructuration du marché de
change afin de supprimer le différentiel de change entre le
marché officiel et le marché parallèle. Cela permettra
d'améliorer ainsi le niveau des réserves de change en limitant en
partie la forte dépréciation du Franc Guinéen
vis-à-vis des principales devises internationales à court terme.
De ce fait, il est opportun pour la BCRG de poursuivre la politique d'open
market pendant un moment en vendant systématiquement des devises
étrangères contre du GNF dans l'objectif de stabiliser et
d'aspirer les liquidités très rapidement par une vaste
opération d'incitation à la bancarisation de l'économie
guinéenne.
Par ailleurs, en ce qui concerne toujours les mesures
monétaires dont l'objectif est la stabilisation du niveau des prix
internes et le taux de change, le principal conseil aux autorités
monétaires se situe à deux niveaux : savoir que la
restauration de la valeur extérieur de la monnaie guinéenne qui
est le taux de change ne sera effective à moyen et long terme qu'en
résolvant le problème de notre déficit commercial
structurel. En effet, à l'image de divers pays les moins
avancés(PMA), caractérisés par l'existence des
déficits jumeaux (budgétaire et commercial) avec une absence ou
faiblesse durable du taux de croissance économique (donc de la
production), la pression exercée par la demande de devises des
operateurs économiques en contrepartie du Franc Guinéen en vue
d'importations massives, fera toujours grimper le niveau du taux de change, en
affaiblissant la monnaie nationale dont l'offre est abondante.
Il faut savoir également qu'un pays comme la
Guinée avec un déficit majeur de production, qui vit
d'importations de biens et services, le niveau des prix internes
pratiqués sur les marchés nationaux est directement lié au
niveau du taux de change de la monnaie nationale face aux devises
étrangères. Il s'agit d'une corrélation directe et
positive, autrement dit, plus le taux de change est élevé plus
les prix pratiqués sur les marchés restent élevés
car les commerçants et autres operateurs économiques
répercutent directement l'accroissement du taux de change dans les prix
internes.
Ainsi, l'Etat doit poursuivre et généraliser le
paiement des salaires des fonctionnaires par virement bancaire. La Banque
Centrale et le gouvernement doivent s'assurer que les fonctionnaires disposent
des comptes bancaires dans les conditions satisfaisantes mais surtout que les
banques commerciales sont capables d'accueillir des nouveaux clients avec un
nombre suffisant de distributeurs automatiques de billets afin d'éviter
des paniques et des files d'attente interminables devant les banques.
Conclusion
Au terme de notre recherche, nous avons obtenu des
résultats qui n'étaient pas à la hauteur de nos
espérances, mais qui respectent au moins la théorie
économique. Ainsi, nous avons observé qu'un choc positif sur le
taux de change est significatif sur l'inflation. De même, un choc positif
sur la masse monétaire a un impact significatif sur l'inflation en
Guinée comme le soutiennent les monétaristes mais, la masse
monétaire est de loin le déterminant structurel de l'inflation.
En ce qui concerne le PIB,il n'est pas significatif à court terme mais
par conséquent il l'est à long terme. A ce niveau, c'est le PIB
qui est le déterminant structurel de l'inflation en Guinée avec
une élasticité de 0.63 comparativement à la masse
monétaire qui est de 0.16 et du taux de change qui est également
de 0.22. Pour ces raisons malgré tous les efforts consentis, nous avons
formulé des suggestions à l'endroit des autorités
publiques et monétaires, dans le souci d'aider à
l'amélioration des performances atteintes en matière de
gestion.
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