2.2.4. Le cas de certains pays africains
Boccara et Devaradjan(1993) ont fait une
étude sur les déterminants empiriques de l'inflation dans les
pays africains. Ils attribuent les différentiels d'inflation entre les
pays de la Zone Franc à des différences en termes de
réponses des politiques budgétaires suite à un boom des
prix des matières premières exportées. Ces booms des prix
des matières premières génèrent de l'inflation par
deux biais. D'abord un effet monétaire lié à l'afflux de
devises non stérilisées puis, un effet budgétaire en
raison de l'augmentation des dépenses budgétaires, en particulier
d'investissement, qui fait suite à un boom des matières
premières. L'effet budgétaire apparaît comme étant
l'une des sources prépondérantes de l'inflation en Côte
d'Ivoire sur la période considérée, de 1970 à 1987.
Moser(1995)se servant d'un modèle
à correction d'erreur, a étudié les déterminants de
l'inflation au Nigeria. Parmi les variables de son modèle figuraient
entre autres, la masse monétaire et le taux de change, à
côté desquels se trouvait la pluviométrie qui n'est pas
apparue significative dans l'explication du phénomène
inflationniste.
Zonon(2003), dans son étude sur les
déterminants de l'inflation au Burkina Faso, se servant d'un
modèle à correction d'erreur, a prouvé qu'à court
terme la masse monétaire a une influence significative sur l'inflation
comme le soutiennent les monétaristes mais cependant elle n'est pas la
variable la plus importante en termes d'ampleur car elle est similaire à
celui des prix à l'importation. A long terme le prix à
l'importation est plus important que la masse monétaire. De même
l'appréciation du taux de change et l'écart de production impacte
positivement sur l'inflation. Contrairement aux autres variables, le revenu
réel influence négativement l'inflation.
Thouraya et Younes(2007) ont
procédé à une analyse des déterminants de long
terme et dynamique de court terme de l'inflation en Tunisie durant la
période de 1962 à 2003. Ils ont conclu à leur tour que
l'inflation en Tunisie est liée au taux de salaire annuel moyen. Cette
étude montre que la progression du salaire est une source du
déclenchement de l'inflation mais son impact reste faible puisque son
élasticité à court terme est de 0.095. En outre, les
résultats empiriques montrent dans le cadre du modèle mixte que
la masse monétaire, le PIB réel, le taux du marché
monétaire domestique, le taux de change effectif réel et les prix
à l'importation sont également des déterminants de
l'inflation comme à court terme avec des élasticités
différentes.D'après la relation de long terme, le niveau
général des prix est influencé par le PIB réel, le
taux de change effectif réel et les prix à l'importation, les
élasticités étant respectivement 0.329, 0.435 et 1.246. Le
degré d'ouverture de la Tunisie vis-à-vis du monde
extérieur expliquerait le rôle important que jouent les facteurs
externes et qu'en plus de cela l'inflation apparait très sensible aux
facteurs réels comme la production notamment celle des produits vivriers
dans des nombreux pays en développement.
Ndilkodje(2007), à travers une
modélisation analytique de l'indice des prix à la consommation
(IPC) et de quelques variables susceptibles d'influencer la hausse des prix, se
fondant sur l'usage d'un modèle vectoriel à correction d'erreur,
est parvenu aux résultats suivants : à court terme, la hausse des
prix est expliquée par l'évolution des chroniques
retardées d'un an, de la masse monétaire (M2) au sens large, du
taux de change du dollar américain par rapport au franc CFA et du PIB. A
long terme, les fluctuations des prix au Congo sont corrélées
avec l'évolution du cours de Brent sur le marché international,
l'évolution du PIB nominal, la dévaluation du franc CFA de
janvier 1994 et la chronique retardée des prix pratiqués sur le
marché intérieur. Ces résultats nous conduisent à
conclure qu'à long terme, la hausse des prix observée au Congo
n'est pas causée par une hausse de la quantité de monnaie mise en
circulation contrairement aux monétaristes pour qui l'inflation est
toujours et partout un phénomène monétaire.
Ndiaye et Badji(2008) dans leur étude
sur les déterminants de l'inflation au Sénégal :
approche par les fonctions de consommation, se servant d'un modèle
à correction d'erreur, ont montré que les variables alimentation,
logement et habillement ont une influence sur le niveau général
des prix à long terme. Et qu'à court terme, la vitesse
d'ajustement de l'IHPC à la suite d'un choc sur un trimestre serait de
l'ordre de 7.7%.
Boco et Ablefonlin(2009) ont
procédé à l'analyse des déterminants structurels et
monétaire de l'inflation au Benin. Les résultats de
l'étude classe les variables en deux groupes. D'abord l'indice des prix
à l'importation(IPM), la consommation finale des ménages, le PIB
réel qui sont des variables structurelles. Ensuite les variables
monétaires que sont la masse monétaire M2 et le taux de change
US/FCFA. Les estimations du modèle révèlent un impact
significatif des prix à l'importation, de la production intérieur
et de la masse monétaire sur l'évolution du niveau
général des prix au détriment des autres variables retenus
dans cette étude.
Sawa Déme(2010), quant à lui
fait une analyse des déterminants de l'inflation en Côte d'Ivoire
sur la période allant de 1970 à 2008. Il ressort des
estimations effectuées que le PIB n'a pas d'impact sur l'inflation en
Côte d'Ivoire. L'augmentation du taux de change par rapport au dollar qui
signifie en fait, une dépréciation du CFA par rapport à
cette monnaie (cotation à l'incertain) entraîne un impact positif
et significatif sur le niveau d'inflation en Côte d'Ivoire. Cependant,
cet impact n'est pas significatif dans le court terme, par contre il est
important dans le long terme. L'inflation importée est une des variables
les plus significatives parmi les sources de l'inflation dans le court terme.
Quant à la masse monétaire, il en résulte qu'un choc
positif sur celle-ci se traduit par un effet positif et rapide sur l'inflation.
Tandis qu'à long terme il se traduit par un effet négatif sur
l'inflation.
Nsengiyumva(2011), a effectué une
étude empirique des déterminants de l'inflation au Burundi
grâce à un modèle VAR à 5 variables estimé
sur des données annuelles de 1975 à 2008, Cette étude
révèle que le niveau général des prix
dépendrait dans ce pays, de l'évolution du prix du
pétrole, du taux de change effectif, du PIB, du taux
d'intérêt de court terme dans une moindre mesure mais aussi et
surtout des actions directes de hausse des prix. Ce modèle qui passe
quelques tests de validation donne également de bons résultats
pour la prévision en échantillon. A part les chocs du taux
d'intérêt qui ne sont pas significatifs, l'indice des prix
à la consommation répond aux chocs émanant de toutes les
autres variables ci haut indiquées. A l' exception du PIB dont les
effets durent 2 ans, les effets des autres variables n'excèdent pas 1
an.
Baldini et Poplawski-Ribeiro (2011) testent
la pertinence de la théorie fiscale du niveau des prix dans les pays
d'Afrique sub-saharienne et trouvent que la contribution des facteurs fiscaux
à l'inflation est beaucoup moins forte dans les pays de la zone Franc
que dans les pays à régime de change flexible. Dans les pays de
la zone Franc, le faible niveau de dette publique domestique a ainsi pu
participer à l'explication de leur faible performance d'inflation.
Razafimahefa (2012) étudie le
degré de transmission des variations du taux de change à
l'inflation dans les pays d'Afrique sub-saharienne et établit qu'en
moyenne le « pass-through » du taux de change est plus faible pour
les pays en régime de change flexible que pour ceux en régime de
change fixe.
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