2.2.3 Le cas des pays de la zone Franc CFA :
Doe et Diallo. (1997) à leur tour ont
exploré les déterminants de l'inflation dans les pays de l'UEMOA.
Il ressort de cette étude, qu'à court terme comme à long
terme, le principal facteur d'évolution des prix dans l'UEMOA est
l'inflation importée, en l'occurrence, l'évolution des prix en
France. L'influence du taux d'intérêt, des dépenses de
l'Etat et du taux de change réel est apparue relativement faible. A
travers une autre étude en 1998, sur la base d'un modèle
dérivé de l'équation quantitative de la monnaie, ils
montrent qu'à court terme, l'évolution de la masse
monétaire a une influence sur l'inflation dans tous les pays de l'UEMOA,
sauf au Burkina et au Sénégal. A long terme, les mouvements de la
masse monétaire ont un impact sur l'inflation dans tous les pays de
l'UEMOA.
Doe et Diarriso(1998) dans leur étude
sur l'origine monétaire de l'inflation dans l'UEMOA, ont montré
que la politique monétaire a une influence significative sur le niveau
général des prix tant à court terme qu'à long terme
dans tous les pays de l'UEMOA. De même ils ont estimé que les
mouvements de l'offre influence beaucoup plus le niveau de l'inflation que
ceux de la masse monétaire.
Nubukpo (2003)aborde à son tour
l'impact de la politique monétaire de la BCEAO sur l'inflation. Il
ressort de cette analyse qu'un choc positif sur les taux
d'intérêts directeurs (en particulier le taux du marché
monétaire) de la BCEAO a un effet négatif sur l'inflation, avec
une ampleur maximale observée dès la fin du premier trimestre et
une persistance d'une durée de cinq ans avant le retour à la
tendance de long terme.
A. Diallo(2003)a fait une analyse sur
l'impact de l'offre locale des produits vivriers sur les prix dans l'UEMOA.
Dans le cas précis du Bénin l'impact du secteur vivrier
mesuré à travers le rendement à l'hectare apparait
significatif sur le niveau du prix.
Fielding (2004)à son tour analyse
l'impact des interventions de politiques monétaires sur l'indice des
prix à la consommation dans chaque pays de l'UEMOA et affirme qu'un
changement dans le stock de monnaie en circulation entraine des changements
permanents dans les prix à travers les pays de l'UEMOA. Il trouve
cependant que les hausses du taux directeur de la BCEAO n'ont que peu d'effet
sur les prix à court terme et n'ont pas d'effet sur les prix à
long terme.
Les études réalisées par la BCEAO
(2002 et 2006) sur des données annuelles couvrant la
période de 1971 à 2005, montrent que dans les pays de l'UEMOA,
aussi bien à court terme qu'à long terme, l'inflation est
sensible à l'évolution de la masse monétaire. Selon les
résultats des travaux réalisés en 2002 et en 2006, une
hausse de 1 point de pourcentage de la masse monétaire entraînent,
toutes choses égales par ailleurs, une progression de l'inflation de
0,10 point à court terme et de 0,35 point à long terme. En plus,
l'examen de l'influence des contreparties de cet agrégat montre que,
à long terme, l'évolution des crédits à
l'économie et celle des avoirs extérieurs nets agissent sur
l'inflation.
Dembo Toe et Hounkpatin (2007), se
servantd'un modèle VAR, ont montré que les évolutions de
la masse monétaire ont un impact significatif mais faible sur
l'inflation dans l'UEMOA. Par ailleurs, l'erreur de prévision de
l'inflation dans l'UEMOA est due à environ 80% à ses propres
innovations et à environ 10% aux évolutions de l'inflation
importée.
L'UEMOA(2007) a réalisé une
étude sur les déterminants de l'inflation de ladite zone. Les
résultats de cette étude ont montré que s'il ya une hausse
tendancielle des prix, celle-ci serait due à des facteurs tels que
l'inflation importée, l'évolution des prix des produits
alimentaires, la fiscalité, le prix de l'énergie et les facteurs
socio-politiques. Selon ces résultats, la maitrise durable de
l'inflation relèverait essentiellement des reformes structurelles
à mettre en oeuvre par l'Etat du Sénégal. Les sources
d'inflation les plus évoquées sont les pressions liées
à la demande, les chocs d'offre, l'incidence de la politique
monétaire et les facteurs institutionnels.
Pour les pays de l'UEMOA,Diop,Dufrénot et Sanon
(2008) démontrent que la monnaie joue un rôle principal
dans le changement du niveau des prix à long terme mais ils soulignent
que la relation empirique est moins significative que ne le prédit la
théorie. De mêmeils ont mis en évidence le rôle du
taux de change nominal du franc CFA contre le dollar dans la dynamique des
prix. Une appréciation du franc CFA réduit l'inflation de long
terme, en réduisant les importations en valeur. Il s'ensuit
également une perte de compétitivité des exportations de
matières premières, ce qui décroît l'activité
et par conséquent l'inflation.
Coleman (2010) analyse la persistance de
l'inflation en zone franc et établit que la persistance de l'inflation
est forte avec des hétérogénéités selon les
pays. L'inertie des prix des biens non alimentaires, est ainsi
particulièrement présente au Burkina Faso, Tchad, Côte
d'Ivoire, Gabon, Niger et Sénégal. Pour les prix des biens
alimentaires, la persistance est non négligeable au Tchad, en Côte
d'Ivoire et au Niger.
Ehrhart, Mrabet et Rocher(2010), ont
mené une étude sur les déterminants de l'inflation dans
les pays de la zone franc à l'aide de données trimestrielles sur
la période allant de 1980 à 2010. L'analyse en panel VAR est
menée sur chacune des zones (CEMAC et UEMOA). Les résultats
indiquent que les facteurs d'inertie dominent la dynamique de l'inflation tant
dans les pays de la CEMAC que dans les pays de l'UEMOA. Outre la composante
d'inertie, le poids relatif des autres sources d'inflation diffère entre
les unions monétaires. En CEMAC, les mouvements du taux de change sont
un déterminant principal du niveau d'inflation tandis que leur
importance est plus atténuée en UEMOA. Par contraste, en UEMOA,
l'inflation apparaît, davantage qu'en CEMAC comme le résultat des
fluctuations de l'activité économique, mesurée par
l'output gap. Dans les deux cas, les variables monétaires ne jouent
qu'un rôle limité.
Au niveau de la CEMAC, l'analyse de l'inflation au Tchad
conduite par Kinda (2011) trouve que les
déséquilibres sur le marché de la monnaie n'affectent pas
la dynamique de court terme du niveau d'inflation. Il attribue ce
résultat au fait que la politique monétaire n'est pas
décidée sur le plan national, mais au niveau de l'union
monétaire.
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