2.1.3 L'approche keynésienne et
néokeynésienne:
Dans sa <<théorie générale de
l'emploi de l'intérêt et de la monnaie>>Keynes(1936)
procède à l'analyse de la relation entre la quantité de la
monnaie et le niveau général des prix qui vise à
déterminer l'élasticité réagissant aux variations
de la quantité de monnaie. Selon les fondements de cette théorie
l'inflation résulte de deux processus :
D'une part lorsque l'économie se trouve dans une
situation de plein emploi des facteurs, la production en volume devient
inélastique et il en résulte ainsi une hausse des prix dans une
mesure proportionnelle à M x V.
D'autre part,à mesure que la production
croit,l'économie parvient successivement à des goulots
d'étranglement qui constituent des freins à l'offre des produits
et où les prix montent afin de détourner la demande vers d'autres
biens.
L'analyse keynésienne s'oppose catégoriquement
à celle monétariste, car elle opte pour un accroissement de la
masse monétaire afin de booster la production et stimuler l'emploi.
Toutefois l'auteur reconnait qu'il existe des limites dans l'utilisation de la
monnaie pour favoriser la croissance économique.
La gestion restrictive de la monnaie est critiquée par
les keynésiens et les néokeynésiens qui soutiennent que la
monnaie peut être utilisée pour doper la production comme
mentionné ci- dessus. Pour ceux-ci, lorsqu'une économie se
retrouve dans une situation de sous-emploi, un minimum d'inflation est
nécessaire afin de lutter contre le chômage en promouvant la
croissance économique. Autrement dit une offre plus élevée
de la quantité de monnaie peut relancer l'économie à
travers la demande. Une telle situation peut créer de l'inflation mais
permet de lutter contre le chômage à travers la reprise des
activités de production, c'est ce qu'illustre la courbe de Philips(1958)
qui indique qu'à des niveaux d'inflation élevés,
correspond des niveaux bas de chômage.
L'inflation dans ces conditions, n'est pas vue comme un
danger. Il est un mal nécessaire, il faut savoir faire seulement un bon
arbitrage entre le niveau d'inflation et celui du chômage. Ces types de
politiques ont eu un succès dans les années d'après-guerre
jusqu'à la fin des années 1970. Mais l'apparition de la
stagflation, c'est-à-dire l'inflation doublée de chômage
les a mis en doute.
2.1.4 L'approche des nouveaux classiques
Contrairement aux keynésiens et aux
néo-keynésiens qui soutiennent que dans une situation de
sous-emploi la politique monétaire peut être utilisée pour
doper la production, les nouveaux classiques estiment que la monnaie n'a pas
d'influence dans la sphère réelle même à court terme
comme l'admettent les monétaristes. Selon eux, il faut mener une
politique monétaire rigoureuse de long terme à même de
combattre efficacement l'inflation.
Pour les néoclassiques, l'inflation trouve sa source
dans l'augmentation de la masse monétaire non proportionnelle à
celle des richesses à cause des mauvaises anticipations que cela
crée.
Il faut certes mentionner que dans l'analyse des nouveaux
classiques, le rôle des anticipations est central dans l'inflation.
Cependant, un grand débat existe sur la question de savoir si les
anticipations sont adaptatives ou rationnelles.
Selon l'hypothèse d'anticipations adaptatives que
défend Friedman, les agents constituent leurs anticipations relatives au
prix en se fondant sur les valeurs récemment observées des prix
autrement dit que les anticipations de l'inflation future qui sont en fait,
basées sur l'inflation du passé, influencent les prix
qu'attendent les agents économiques. L'implication de cela est que
l'inflation ne peut que changer lentement d'année en année selon
le degré de crédibilité de la politique budgétaire
et monétaire.
Pour des auteurs comme Lucas(1972) (chef de file des nouveaux
classiques) et Sargent (1982), les anticipations adaptatives sont trop simples
pour s'appliquer à plusieurs circonstances. Selon cette
hypothèse, les agents économiques utilisent de manière
optimale, toute l'information disponible, y compris l'information sur les
politiques actuelles et prospectives, pour prévoir les prix. L'inertie
de l'inflation n'est qu'apparente : en fait, ce sont les politiques
budgétaires et monétaires inadéquates qui entretiennent la
dynamique de l'inflation. Si ces politiques prennent fin, cette dynamique
s'arrêtera d'elle- même et les agents feront des anticipations
correctes.
L'histoire économique nous enseigne la
plausibilité de ces deux hypothèses. Ainsi, dans les
études empiriques, les économètres proposent aussi des
modèles pouvant intégrer aussi bien les anticipations
rationnelles que les anticipations adaptatives. La validation des
hypothèses dans ce cas dépend de valeurs-clefs des
paramètres du modèle.
Si l'émission abondante de la monnaie peut être
préjudiciable à la performance d'une économie, elle peut
constituer une source de revenu pour les autorités monétaires ou
le gouvernement.
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