CONCLUSION GENERALE
Au cours de cette recherche, l'ordinateur, à travers
l'Enseignement Assisté par Ordinateur (EAO), a montré qu'il est
un nouvel auxiliaire pédagogique qui est bénéfique pour
les élèves. Comme l'a si bien affirmé Clément
(1991), l'EAO est la pratique pédagogique la mieux adaptée au
développement cognitif des élèves car il peut aider
à lutter contre l'échec scolaire.
La méthodologie utilisée dans cette recherche
prévoyait un plan expérimental basé sur une comparaison
entre le groupe expérimental et le groupe témoin. Ces groupes se
distinguaient par l'utilisation, ou non du didacticiel comme dispositif
d'apprentissage.
Pour s'assurer de la qualité de notre prototype, des
précautions ont été prises, à savoir la comparaison
des scores moyens entre les deux groupes afin de vérifier si les
échantillons provenaient d'une même population. Le pré-test
et le post-test ont permis de mesurer le niveau des élèves
à deux moments : avant et après expérimentation. La
comparaison entre les groupes a montré que ceux-ci provenaient d'une
même population au départ mais les résultats au post-test a
permis d'établir dans quelle mesure les groupes se distinguent
après expérimentation.
L'efficacité du didacticiel a été
estimée en utilisant le test t de Student. En effet, pour qu'un
outil soit efficace, il doit contribuer à améliorer les
résultats, ce qui se traduit par l'augmentation de la moyenne du groupe
expérimental et gains positifs pour les classes de ce groupe. Il a
été démontré qu'il y a une amélioration des
scores dans les deux groupes, mais avec une progression plus grande dans le
groupe expérimental ; cette différence de progression laisse
penser que le didacticiel a une influence positive sur l'apprentissage.
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Une piste de réponse pour expliquer les meilleurs
résultats du groupe expérimental se situe dans le rôle que
joue l'apprenant dans le travail qu'il réalise sur le didacticiel. L'EAO
met les apprenants en « activité » en les plaçant en
condition de travail où ils sont acteurs. Ce qui n'est pas le cas avec
l'enseignement classique qui semble privilégier des savoirs au
détriment de l'aspect pratique ; les élèves ne sont pas
aussi motivés et responsabilisés comme c'est le cas lors de la
manipulation de l'ordinateur.
Expérimenté pendant un trimestre sur un
échantillon de 15 classes de 6e année bio-chimie de la province
éducationnelle de Kinshasa-Ouest, le didacticiel de chimie
appliquée que nous avons élaboré a permis de favoriser les
progrès dans les acquis des élèves. En effet, la
progression enregistrée auprès des élèves du
groupe expérimental a été plus
significative (soit 60%) que celle des élèves du
groupe témoin qui ont suivi un enseignement classique
(soit 33,3%). Ceci nous permet de valider la thèse de
départ selon laquelle le recours au didacticiel et son
utilisation efficiente permettent de faciliter l'enseignement-apprentissage de
la chimie appliquée et d'améliorer les résultats scolaires
des élèves.
Selon Dessus et Marquet (1991), tout outil
pédagogique a des imperfections et ses limites ; notre
didacticiel n'échappe pas à cette règle. Néanmoins,
nous pouvons affirmer que le dispositif développé dans cette
recherche n'est pas le meilleur outil d'apprentissage pour les apprenants, mais
il s'avère être une aide précieuse pour la consolidation de
leurs acquisitions scolaires lors de la préparation des examens et pour
leur autoformation. Pour les enseignants de chimie, ce dispositif leur servira,
à l'instar de toutes les autres ressources pédagogiques qu'ils
disposent, comme un moyen pouvant leur permettre de rénover et de
perfectionner leurs pratiques enseignantes.
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Ainsi, nous pouvons relever quelques valeurs ajoutées
de notre prototype en tant qu'aide didactique :
- la première valeur ajoutée est
l'interactivité entre l'élève et l'ordinateur ; en effet,
l'apprenant qui répond à une question ou à un ensemble des
questions reçoit un feed-back rapide pour chacune de ses réponses
plutôt que d'attendre la disponibilité de l'enseignant ou encore
la fin de l'exercice pour consulter le corrigé (pratique couramment
rencontrée dans l'enseignement traditionnel). En plus, à chaque
réponse, il y a un renforcement présenté par le biais de
mots tels que bravo, félicitation, exact,<qui permet de soutenir la
motivation de l'apprenant. Ces échanges de messages
élève-machine suppléent alors momentanément
à l'intervention pédagogique de l'enseignant, surtout dans une
classe peuplée ;
- la deuxième plus value du didacticiel est sa
possibilité d'offrir à l'élève des méthodes
de travail et des stratégies cognitives et métacognitives sans
que l'enseignant ait à intervenir. Par conséquent, l'apprenant
qui se retrouve seul face à la machine, se voit responsable
d'opérer des choix susceptibles de favoriser son autonomie lors de
l'apprentissage. Dans une perspective socioconstructiviste,
l'élève est engagé dans une démarche dynamique de
construction des ses connaissances grâce à l'interaction avec ses
pairs.
- le didacticiel, en tant qu'outil d'entraînement, peut
être exploité pour aider les élèves faibles ou en
situation d'échec scolaire. Il permet à l'enseignant de respecter
le rythme d'apprentissage de chacun de ses apprenants ; ainsi, il lui devient
plus aisé de suggérer à chacun des activités bien
ciblées selon le niveau qu'il a atteint. L'introduction du didacticiel
en milieu scolaire n'est toutefois pas une fin en soi, mais elle
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s'inscrit davantage dans un ensemble de soutiens à
l'apprentissage qui vont faciliter le passage d'une pédagogie
centrée sur l'élève ;
- la mise en ligne du didacticiel sur une plateforme
permettrait une large utilisation à travers le pays. En plus, sa mise
à jour serait aisée grâce aux facilités offertes par
l'Internet. Diffusé sur CD-ROM, le didacticiel peut être
également utilisé sur un poste, en classe ou hors de la
classe.
CONTRAINTES DU DIDACTICIEL ET PESPECTIVES
Cette étude n'a pas la prétention de traiter de
tous les aspects liés à l'Enseignement Assisté par
Ordinateur. Voici quelques contraintes d'utilisation du didacticiel :
- le didacticiel pèse 4.899 kilo octets, il est assez
lourd ; ce qui demande un peu plus de temps pour son lancement ;
- nous n'avons pas pu incorporer les vidéos dans le
didacticiel ;
- le didacticiel n'a pas été mis sur une
plateforme d'enseignement à distance ;
- les exerciseurs ne disposent pas d'une clé pouvant
permettre de verrouiller les réponses, ce qui est difficile pour
l'enseignant de suivre le travail individuel de l'apprenant ;
- à cause des fonctionnalités que dispose
eXeLearning, nous n'avons exploité que deux domaines des
compétences, à savoir l'application des connaissances et la
maîtrise de la communication ; les compétences
expérimentales n'ont pas été abordées dans cette
étude. Toutefois, les vidéos téléchargées
sur Youtube peuvent servir de supports pour enrichir l'enseignement
classique.
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Signalons que ces contraintes n'enlèvent en rien les
avantages pédagogiques du didacticiel car ce support peut bien
s'intégrer dans le cadre d'une séquence de cours-TP pour
réduire le temps de présentiel.
Comme perspectives, nous envisageons ce qui suit :
- compresser le didacticiel pour réduire sa taille;
- implémenter le didacticiel sur une plateforme
d'enseignement à distance ;
- entreprendre une expérimentation sur une plus large
échelle ;
- mettre une clé pouvant bloquer l'accès aux
réponses par les élèves ;
- incorporer les vidéos dans le didacticiel ;
- proposer des exerciseurs avec un indice de difficulté un
peu plus élevé en
tenant compte de la taxonomie de Bloom.
Ainsi, nous clôturons cette thèse par cette
pensée de Morin E. cité par KAMBAYI BWATSHIA (2005) : «
Toute connaissance gagne sur l'ignorance et débouche sur un océan
d'inconnaissance. Ainsi, l'ouverture de la connaissance est amenée
à progresser indéfiniment ».
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