I.1.3.4 La pédagogie centrée sur
l'apprenant (méthodes actives)
Pendant plusieurs siècles, l'éducation reposait
sur le courant traditionnel, courant qui avait pour modèle
théorique, les méthodes traditionnelles. Dans le cadre de ce
courant traditionnel, «Le fait essentiel que toute initiative
appartient au maître tend à faire, du rapport pédagogique,
un rapport d'autorité. Les connaissances bénéficient de
l'autorité magistrale et, théoriquement du moins, il n'y a pas
lieu de les mettre en doute. Sur le plan moral, l'élève est
considéré comme un objet à modeler de l'extérieur.
On pourrait appeler logocentrique un tel courant, exprimant ainsi le fait
qu'il
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est centré sur le discours, son objet, sa structure
et son émetteur. Le premier mouvement de contestation va consister
à centrer l'acte pédagogique non plus sur le discours, mais sur
l'élève ». (Gabaude, 1972)
C'est en fait ce besoin de remettre l'élève au
coeur de l'éducation qui amena les pédagogues à initier
l'éducation nouvelle. Ce nouveau courant révolutionnaire sera
à l'origine de nouvelles méthodes pédagogiques ou
méthodes actives.
La pédagogie active est une philosophie de
l'éducation et de l'enseignement basée sur une certaine
conception que l'on se fait sur l'acte même d'enseigner. L'enseignant
prend en compte la motivation de l'élève, ses attentes, ses
besoins et lui propose des techniques à travers lesquelles il est
amené à chercher, à créer, à produire
etc.
La pédagogie active considère que
l'élève en tant qu'être humain est le sujet actif de son
apprentissage. L'élève découvre ou construit ses
connaissances. C'est pourquoi, l'enseignement doit être conçu
comme un processus d'auto-développement et d'auto-épanouissement.
(PASE, 2010 a)
La pédagogie active place donc l'élève au
centre de l'action éducative. Elle consiste à laisser
l'élève conjuguer lui-même, à la première
personne du singulier, les verbes suivants : entendre, observer, discuter,
faire et enseigner. (Silberman ,1979)
- Ce que j'entends, je l'oublie ;
- Ce que j'entends et observe, je m'en
souviens un peu ;
- Ce que j'entends, observe et discute, je
commence à le comprendre ;
- Ce que j'entends, observe, discute et fais, me donne des
connaissances et de la compétence ;
- Ce que j'enseigne à un autre, je le
maîtrise.
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C'est le credo de cette pédagogie. Enseigner, ce n'est
donc pas transmettre ou communiquer des connaissances, c'est plutôt les
faire acquérir. Il ne s'agit cependant pas de connaissances seulement,
mais aussi de compétences, d'attitudes, de valeurs, etc. C'est
l'élève qui les conquiert, avec l'assistance du maître.
Lorsque l'élève s'engage dans les activités, il cultive la
mémoire, la compréhension, la compétence et la
maîtrise.
L'action d'enseigner, ce n'est pas déverser des
matières dans les têtes des élèves, il requiert
beaucoup plus que de paroles. Il implique l'apprentissage :
l'élève doit être actif et intellectuellement engagé
dans le processus, ce qui nécessite le traitement de la matière
reçue. (PASE, 2010 b)
La fin du 19e siècle et le début du
20e siècle ont été marqués par le
passage de la pédagogie traditionnelle à pédagogie
nouvelle. En effet, à cette époque, des pédagogues, des
médecins, des psychologues s'interrogent sur les systèmes
scolaires et, suite à leurs observations des enfants, constatent
l'inadaptation de ces systèmes au développement naturel et social
de l'enfant. Cette éducation nouvelle » place l'enfant au centre de
ses préoccupations et s'oppose à une pédagogie
traditionnelle centrée sur le maître et sur les contenus à
transmettre. (Gauthier, 1996)
C'est donc dans ce mouvement que se sont
développés de nombreux outils créés à des
fins purement didactiques et permettant un travail personnalisé et
individualisé. Parmi les tenants de cette pédagogie, on trouve
entre autres, Friedrich Fröbel, Maria Montessori, Ovide Decroly et
Célestin Freinet.
Nous nous intéressons à ces quatre personnages
à cause des efforts pour adapter l'enseignement à l'enfant puis
à le personnaliser et l'individualiser. Leur pédagogie veut
rendre les enfants libres et autonomes. Dans ce but, ils ont
créé
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du matériel spécialement dédié
à l'enfant pour son apprentissage. Le tableau I.2 résume les
idées fortes de leur pédagogie.
Tableau I.2 : Idées fortes des pédagogues
de l'école nouvelle
Friedrich Fröbel
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Le jeu est au centre du développement du jeune enfant.
Il confectionna tout un ensemble de jeux : les dons, en fonction des besoins
des enfants et de leurs aptitudes motrices. Ces dons sont mobiles,
réutilisables et adaptés à l'enfant. L'enfant choisit le
don qui l'intéresse, l'utilise et le manipule comme il le désire,
il est autonome.
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Maria Montessori
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Sa pédagogie prône la responsabilité et
l'autodiscipline.
L'apprentissage repose sur un matériel
pédagogique méthodiquement conçu et standardisé
permettant à l'enfant de
mesurer son degré de réussite et
d'évaluer ses progrès. L'éducateur dirige
l'activité de l'enfant sans le contraindre.
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Ovide Decroly
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L'école doit être conçue « par la
vie, pour la vie » : l'enseignement doit répondre aux centres
d'intérêt de l'enfant et doit prendre en compte l'environnement
socioculturel dans lequel il évolue. Sa pédagogie se
réalise par le jeu qui est considéré comme «
l'activité principale » de l'enfant car il lui permet d'imiter,
d'imaginer, d'être créatif, d'expérimenter, de
réfléchir.
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Célestin Freinet
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Sa pédagogie se résume à une seule
idée : « on ne comprend bien que ce qu'on transforme. Autrement
dit, le savoir et l'apprentissage doivent s'ancrer dans le vécu et la
vie de l'enfant pour avoir un sens et pour être compris et retenu par lui
».
Cette pédagogie est fondée sur trois principes de
base :
l'exploration, le tâtonnement et l'action.
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