B- La prise en compte des réalités
africaines
Il n'est un secret pour personne que l'ensemble des Etats
africains sinon presque à l'exception du Botswana, regroupent une
multitude d'ethnies. Ce facteur est de nature à influencer
véritablement les processus de démocratisation en cours depuis
les années 1990. Cette hétérogénéité
ethnique est essentiellement liée aux conclusions issues de la
conférence sur le partage de l'Afrique tenue en 1855 à Berlin et
qui a vu des frontières créées ignorant du coup les
diversités existantes. De ce partage donc il ressort que certaines
ethnies se retrouvent en majorité alors que d'autres restent
minoritaires.
Même si de nos jours on est parvenu à
reconstruire les Etats, il semble évident que la majorité des
Etats sinon tous peine à bâtir une nation. La conséquence
qui en résulte est que l'intérêt national est bafoué
au détriment de ceux des clans et tribus.
Il faudra donc tenir compte de ce facteur et veiller à
ce que les droits des différentes minorités ethniques soient pris
en compte dans le forum de partage des richesses et du pouvoir tout en
109 Voir Francophonie et relations internationales, ibid.
110 Proposition de Kofi Annan : dans une liberté plus
grande : développement, sécurité et respect des droits de
l'homme pour tous, résumé du rapport du Secrétaire
général, New York, Nations Unies, 2005, page 12.
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condamnant et sanctionnant sans réserve la promotion
des politiques identitaires et l'exploitation à des fins malveillantes
du concept d'ethnicité avec ses lots de conséquences
désastreuses comme nous avons pu être témoins au Rwanda en
1994 avec le génocide entre tutsis et hutus et récemment en
Côte d'Ivoire. Il semble bien évident que la démocratie
tout en valorisant la loi de la majorité, promeut également le
respect des droits de la minorité.
Ainsi, nous pensons également que l'OIF dans sa
politique d'accompagnement des Etats, devrait proposer à ceux-ci
l'inscription dans leur ordre juridique du caractère pluriethnique des
gouvernements et des formations de partis politiques afin qu'on ne se retrouve
pas uniquement en présence des gouvernements ou des partis mono
ethniques.
Outre la valorisation de la pluralité ethnique dans le
sens du bien commun, un accent particulier devrait être mis sur la
promotion et le renforcement de la culture démocratique souvent absente
chez les populations. Cela pourrait réduire les risques de conflits.
L'OIF devrait donc se doter d'« un fonds pour la
démocratie destiné à aider les pays qui cherchent à
instaurer la démocratie ou à la renforcer » comme l'avait
proposé M. Kofi Annan s'agissant de l'ONU110.
La culture démocratique qui implique la participation
citoyenne à la gestion des affaires publiques et au pouvoir politique,
constitue à bien des égards une condition indispensable de
l'instauration de la démocratie et d'une paix durable.
De plus, au lieu d'attendre l'éclatement des conflits
et mobiliser des fonds mirobolants qu'on injecte dans les opérations de
maintien de la paix (OMP), l'OIF devrait s'atteler à aider ses Etats
membres notamment ceux de l'Afrique au sud du Sahara dans leur souci constant
de réduction de la faim et par delà de la pauvreté car il
est avéré que la majeure partie des crises et des conflits que
connaît l'Afrique est liée directement ou non à la
pauvreté.
Une fois la démocratie instaurée, il convient de
la consolider et cela au travers des actions qui vont de la
généralisation des conditionnalités démocratiques
à l'amélioration de l'observation internationale des
élections. Bref, c'est à toute l'assistance qu'il faut apporter
des aménagements.
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