B- La révision de la situation statutaire du
Secrétaire Général
Le Secrétaire Général, depuis le sommet
de Hanoi (Vietnam) est considéré comme le concepteur et
l'exécutant de la Francophonie politique. Fort de cela, il intervient
à plusieurs niveaux. Cependant, sa voix ne semble plus être
entendue compte tenu des divers intérêts en jeu au sein de
l'espace francophone et qui relèguent en arrière plan les
recommandations prises.
Il urge donc que le statut du Secrétaire
Général ainsi que ses attributions soient revus. Dans ce sens,
celui-ci devrait disposer de plus de pouvoirs en matière de
prévention et de règlement des crises. Tout comme le panel, nous
estimons que l'OIF devrait à l'instar de l'Organisation des Nations
Unies, se doter d'une unité de médiation qui viendrait appuyer
les initiatives du Secrétaire Général en vue de
l'instauration d'une démocratie viable et véritable.
Cette démocratie suppose que soient résolus les
problèmes de droits humains, de l'alternance à tous les niveaux,
de ceux d'une jeunesse consciente des enjeux et qui s'implique. Elle
nécessite surtout une véritable reconversion des
mentalités au sein de la classe politique et donc un dépassement
de soi d'où l'importance de la médiation. Cela voudrait signifier
que le Secrétaire Général devrait avec l'appui du Conseil
Permanent de la Francophonie, choisir un
médiateur impartial accepté par tous les
protagonistes. Ainsi, deux protagonistes ne pouvant s'entendre, le mythe et
le charisme d'un médiateur averti peuvent forcer l'admiration et
préparer les protagonistes à faire contre mauvaise fortune bon
coeur. Il va dès lors de M. Kofi Annan, ancien Secrétaire
Général des Nations-unies qui est parvenu non sans mal à
convaincre les acteurs politiques kényans de la nécessité
d'oeuvrer de concert pour le mieux-être de la population.
Dans le même sens, les Etats devraient apporter leur
soutien aux actions de ce dernier. Il est certes le premier responsable et le
porte-parole de l'organisation mais il n'est pas le seul dépositaire des
mandats de Bamako et de Saint-Boniface ni le seul responsable de leur mise en
oeuvre, les Etats membres doivent y participer. Le Secrétaire
Général n'est en réalité que l'exécutant
naturel des décisions prises par ceux-ci regroupés au sein du
Conseil Permanent. En outre, il doit faire preuve d'une sagacité
intellectuelle dans ses choix et les scénarios de sortie de crises. Il
serait aussi intéressant de doter la mission de prévention et de
médiation de ressources financières dont le Secrétaire
Général pourrait disposer librement puis exiger de
La démocratie ne peut véritablement s'enraciner
que si les actes de l'OIF ont une portée juridique réelle (A) et
prennent en compte les réalités africaines (B).
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lui des comptes à la fin. Ce dernier peut inventer des
scénarios et avoir des ambitions aussi nobles mais s'il ne dispose d'un
minimum de moyens, il ne pourra rien faire.
Au lieu de toujours choisir l'envoi de
délégations, le Secrétaire Général devrait
privilégier la coopération avec les autres acteurs notamment
régionaux qui, à la différence de l'OIF, constituent des
institutions dont l'assise territoriale est bien définie et qui
maitrisent donc plus le terrain. Ici également, tout est question de
moyens.
Depuis Hanoi, la priorité est donnée à la
Francophonie politique au détriment de l'activité de
coopération qui est pourtant la vocation première de l'OIF. Dans
l'organigramme actuel de l'OIF, les diplomates sont en force. La
conférence ministérielle est composée des Ministres des
Affaires Etrangères alors que précédemment, la
conférence générale de l'ACCT comprenait les Ministres de
la Coopération et de la Culture. Les sujets politiques sont donc les
plus susceptibles de figurer à l'ordre du jour. En revanche, les
conférences ministérielles spécialisées à
l'exemple de celles de l'éducation, la jeunesse, l'économie, la
justice... passent au second plan.
Dès lors, étant donné que les
opérateurs interviennent tous dans le domaine culturel, la mise en
oeuvre du volet politique est confiée au Secrétaire
Général et sous son autorité, à la
Délégation à la Paix, à la Démocratie et aux
Droits de l'Homme (DDHDP). Ici encore, la dyarchie entre le Secrétaire
Général et les opérateurs risque d'être un obstacle
à l'efficacité si elle devait se confirmer avec
l'institutionnalisation en cours. Il est donc utile de veiller à ce que
cette concurrence en matière de prérogatives ne subsiste.
Il est tout particulièrement important que les actions
de l'OIF trouvent une adaptation aux fins de l'efficacité
souhaitée.
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