B- Le rejet du néocolonialisme
La plupart des Etats membres de l'OIF majoritairement
situés dans l'hémisphère sud ayant acquis difficilement
leur souveraineté et par delà leur liberté, ne voudraient
plus revivre les méfaits de la colonisation. C'est pourquoi ils sont
prêts à la défendre quel que soit le prix.
En effet, se fondant sur le droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes, ils invoquent pour se défendre, les
dispositions de la Charte des Nations Unies notamment l'alinéa 2 de
l'article 1er du chapitre I100 et des différents instruments
internationaux pertinents relatifs aux doits de l'homme. Au nombre de ces
dispositions, nous pouvons noter l'extrait de la Résolution 1514 (XV) en
date du 14 décembre 1960 de l'Assemblée Générale
des Nations Unies relative à la Déclaration sur l'octroi de
l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux qui a consacré
le droit à l'autodétermination des peuples dont la substance suit
: « Reconnaissant que les peuples du monde souhaitent ardemment la fin du
colonialisme dans toutes ses manifestations, convaincue que le maintien du
colonialisme empêche le développement de la coopération
économique internationale, entrave le développement social,
culturel et économique des peuples dépendants et va à
l'encontre de l'idéal de paix universelle des Nations Unies,...
».101
Les Etats africains presque dans leur ensemble accusent les
Etats surtout occidentaux et anciennes puissances colonisatrices qui apportent
leurs concours à l'OIF dans son implication
99 Voir l'article 1er alinéa 2 de
la Charte de l'OIF «La Francophonie respecte la souveraineté des
Etats, leurs langues et leurs cultures. Elle observe la plus stricte
neutralité dans les questions de politique intérieure. »,
adoptée par la Conférence ministérielle de la
Francophonie, Antananarivo, 23 novembre 2005, p.2.
100 Cf alinéa 2 de l'article 1er du chapitre
1er « Développer entre les nations des relations
amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité
de droit des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et
prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde
», Charte des Nations Unies, 26 juin 1945, p.3.
101 Voir le recueil d'instruments internationaux, volume I,
instruments universels, résolution 1514(XV), 14 décembre 1960,
Assemblée Générale des Nations Unies, Déclaration
sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a
consacré le droit à l'autodétermination des peuples,
Nations Unies, New York et Genève, 1994, pp.55-57.
lxvii
dans le processus d'enracinement de la démocratie en
Afrique subsaharienne. Ils dénoncent l'hypocrisie dont ils font preuve
à cet égard.
Quand on jette un regard rapide sur les différents
processus qui ont cours en Afrique et tout particulièrement dans les
Etats disposant d'importantes ressources énergétiques et
minières, un constat amer s'impose : la démocratie peine à
s'instaurer. La situation souvent vécue dans ces pays est celle des
conflits qui opposent le plus souvent des rebelles et les régimes
légitimes en place qui ne garantisseraient pas leurs
intérêts. Les questions qui méritent ici réflexion
sont qui sont derrières ces rebellions en leur fournissant des armes ?
Qu'attendent-ils en retour ? Ces interrogations posées par les analystes
sont largement partagées et confortent l'idée selon laquelle les
processus de démocratisation seraient menacés par les
intérêts des anciens colons et autres puissances.
Les anciens colons offriraient des soutiens multiformes et
quasi permanents aux régimes africains qui préservent leurs
intérêts bien évidemment au détriment des
intérêts et projets de développement de leur pays en
échange desquels ils s'éternisent au pouvoir.
Il semble évident au vu de ces analyses que des
puissances étrangères (à l'exemple de la France)
mènent une politique de garantie de la survie de leurs fidèles
amis même si à côté et au même moment, elles
tiennent un discours en faveur de la démocratisation.
Au regard de tous ces éléments ci-dessus
relevés, il est clair que les Etats ne voient qu'à travers cette
valeur promue et défendue, un moyen de domination nuisible à leur
développement et au bien-être de leurs populations au profit des
intérêts des puissances dominantes.
La résistance du souverainisme et le rejet d'une autre
forme de néocolonialisme caractérisée par la politique de
deux poids, deux mesures sont des handicaps pour des actions réussies de
l'OIF en matière de droits de l'homme et de prévention des
conflits. Malheureusement, ces causes vont au-delà et recouvrent le
dilemme du développement marqué par la désillusion des
pays du sud concernant leur développement puis la menace du
Commonwealth. Du coup, l'OIF est en perte de séduction.
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