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La contribution de l'organisation internationale de la francophonie (OIF) à  la consolidation de la démocratie en Afrique de l'ouest.

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par Kofi Nagno M'BEOU
Ecole nationale d'administration - Diplôme de 'ENA, option Cycle III Diplomatie 2013
  

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Paragraphe II : La perte de crédibilité de l'OIF

La perte de crédibilité de l'OIF pourrait s'expliquer par la désillusion des pays du sud quant à leur développement (A). De plus, le rayonnement du Commonwealth constitue de nos jours une réelle menace à la survie de l'OIF (B).

A- Le dilemme du développement des pays du sud

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« Sans développement, il n'y a guère d'espoir de réduire les conflits en Afrique »102. Ces propos de Kofi Annan traduisent bien les ambitions des Etats en matière de développement. L'OIF a pris la mesure de la chose en apportant son soutien faisant sienne l'un des objectifs principaux de son institution à savoir la promotion du développement. Pour ce faire, l'OIF s'emploie à développer des liens de coopération en vue d'un développement durable et solidaire des Etats qui se résument en l'intégration des Etats du sud à l'économie mondiale et l'aide à la lutte contre la pauvreté. Il est bien reconnu qu'il y aura une réduction des situations d'instabilités si les Etats connaissent ou arrivent à un niveau de développement où tous les citoyens pourraient satisfaire leurs besoins primaires notamment manger à leur faim.

Dans cette perspective, l'organisation s'est employée à réaliser ce double objectif. D'abord, elle mène des actions ciblées en termes d'expertise et de formation. Ensuite, elle encourage l'économie de proximité et les partenariats d'affaires, les appuis aux financements des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et de la microfinance, des soutiens aux formations universitaires en économie et gestion et des programmes de développement local mettant en avant organisations non gouvernementales et associations francophones.

Ces différents programmes très modestes sont insignifiants au regard de l'objectif affiché par l'OIF à savoir créer un espace de solidarité. Cette situation justifie l'interrogation sur l'efficacité des actions de l'OIF en ce domaine. Dans l'ensemble, il faut noter que l'OIF constitue un ensemble hétérogène et peu dynamique sur le plan économique.

Hétérogène puisqu'elle rassemble cinq pays parmi les plus riches du monde et vingt-quatre autres qui figurent dans la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA). En plus, chaque sommet témoigne des résistances des bailleurs de fonds et des conceptions divergentes de ce que doit être le fonctionnement des institutions francophones : divergences entre pays du Nord et du Sud mais aussi entre pays du Nord notamment entre la France et le Canada...

Peu dynamique car sa croissance est faible. La majeure partie de ses membres sont des pays en développement, producteurs de matières premières et touchés par la dette. En outre, les échanges commerciaux dans cet espace sont dominés par des flux Nord-Nord qui fournissent 70% des échanges tandis que les flux Nord-Sud ne représentent que 28% des échanges.

Toutes ces analyses nous permettent de mettre en exergue le fait que les membres de l'OIF ont des intérêts économiques et des objectifs trop dissemblables. En réalité, chaque Etat

102 Voir à ce sujet Kofi Annan, causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique, rapport du Sécrétaire Général de l'ONU, A/52/871-S/1998/318, paragraphe 7, New York, 13 avril 1998.

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membre a ses propres intérêts et ses motivations spécifiques en y adhérant. Les Etats espèrent trouver dans cet ensemble géoculturel, les moyens d'assurer leur développement économique. Leurs approches de l'OIF en cette matière et leurs attentes sont toutes aussi différentes pour espérer qu'à court terme la solidarité puisse se manifester.

De plus, les Etats les plus nantis font passer leurs principales contributions et aides au développement par d'autres canaux bilatéraux et multilatéraux. Sur cet aspect, il y a eu des critiques aussi sur l'impact des plans mis en place par les institutions internationales en faveur des pays en développement sur l'économie notamment les Plans d'Ajustement Structurel (PAS) imposés aux Etats à faible taux de croissance.

L'une des faiblesses de l'OIF est son incapacité à organiser un espace économique véritable. Finalement, l'OIF ne peut véritablement rien faire si ce n'est des interventions limitées à la concertation, au conseil, à la formation...

Les atermoiements observés dans la gestion du volet économique ne rassurent pas les Etats quant à la prise en compte du développement. Cette lacune se manifeste par le manque de symboles forts ayant un impact économique suffisant. Le partage des valeurs de liberté et de démocratie, face à cette faiblesse économique, semble être pour la majorité des pays du Sud et en particulier ceux d'Afrique noire en état d'indigence constante, un objectif secondaire voire de dernier plan. La liberté prise dans ce domaine comme celle d'entreprise, l'emporterait sur la vraie valeur qu'est la démocratie. Elle impose en effet sa dure loi au Nord comme au Sud avec des conséquences incalculables en termes d'accroissement de la pauvreté, de la précarité et de la marginalisation de couches importantes de la population d'où la déception des pays du Sud.

Cette situation ne peut être comparée à celle vécue par les Etats membres du Commonwealth, ce qui ne manque pas d'attirer les Etats de l'espace francophone. Ces derniers commencent à se désintéresser de l'OIF et de la langue française pourtant considérée comme porteuse de valeurs fortes à savoir le développement et la solidarité des membres à travers des actions de coopération et d'aide. Le Commonwealth présenterait donc à cet égard une réelle menace à l'avenir de l'OIF.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand