b. Analyse iconique sonore
Pour ce qui concerne cette partie de notre analyse, nous
allons faire appel à Château qui dit : " Car si les lieux, les
individus, les objets et les actions ont été jusqu'ici
interprétés par l'image, ils peuvent également être
reconnus sur base d'un savoir empire sonore." De temps à temps il faut
savoir que pour certaines personnes l'identification iconique du sonore ne
39 Muriel Hanot, Op.cit.
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présente en apparence aucune différence avec la
reconnaissance iconique du visuel. Tout aussi aléatoire, elle
dépend des acquis de chacun en la matière.
Dans ses propositions pour une analyse du point de vue sonore,
François Jost cité par Muriel Hanot, en donne un exemple concret
pour renforcer une fois de plus les dires de Château : « pour
décider du degré de redondance du sonore et du visuel, il faut en
effet un certain savoir sur le monde. Michel Fano raconte, par exemple que dans
"Le territoire des autres", on entend tout au long du film un son assez
bizarre, qui est en fait le cri du grand coq Tétra. Mais comme ce son
ressemble au bruit d'un appareil photo qu'on recharge, certains spectateurs ont
pensé que c'était un son complètement artificiel,
simplement parce qu'ils ne le connaissaient pas [...]. Le spectateur peut
entendre comme non dénotant un son qui, en réalité, l'est
».40
Il n'est pas facile d'aborder le son sous un angle iconique,
et ce fait pose vraiment un problème très sérieux parce
que c'est comme si l'on passait en catimini dans la sphère du montage.
Il faut savoir que le son ne s'arrête pas quand le tournage d'un plan
prend fin. Il est donc nécessaire de tenir compte du statut iconique
d'un élément sonore sachant que, par ses relations avec l'image,
il conduit presque inévitablement à aborder, sans
l'épuiser, le niveau diégétique.
Pour P. Schaeffer et M. Chion cités par Muriel Hanot, "
Si la reconnaissance sonore est effective, elle joue cependant de
manière plus floue que dans le cadre de l'image parce que la
mémoire auditive est flottante, moins encrée. Nonobstant ce fait
ils précisent que « ce que l'oreille entend, ce n'est ni la source,
ni le "son", mais véritablement des objets sonores.»
Déjà à ce niveau, nous voyons comment
l'analyse iconique pose de très sérieux problèmes entre
différents auteurs, pour certains le son est quelque chose de trop
malléable, il peut faire entendre ce qu'il n'est pas originellement,
pour autant qu' « il ait l'air de». Les voix, la musique, le
40 Hanot, Muriel, Op.cit p70
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bruitage suggèrent un espace ou créent des
ambiances et leur identification dépend de connaissances souvent
globales, qui peuvent renvoyer à un savoir empirique imaginaire : les
bruits d'ambiance ne sont pas perçus à leur source tels qu'ils
sont restitués. Mais de notre part nous trouvons que comme l'image, le
son fait aussi partie des éléments auxquels l'analyse iconique
peut facilement être appliquée, du fait qu'à un certain
moment on recourt à notre connaissance empirique pour reconnaitre
certaines choses, nous pouvons aussi prendre l'exemple d'un son audio d'un
président de la République, on n'a pas besoin de voir l'image
pour le reconnaitre41.
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