5.2.3. De l'arrestation de l'opposant Alpha Condé
à l'exil de Dr Facinet Béavogui
Alpha Condé, le principal adversaire politique de
Lansana Conté ; s'est fait arrêté le 15 décembre
1998 dans un village (Piné) situé en Guinée
Forestière dans la préfecture de Lola, près de la
frontière avec la Côte d'Ivoire. Il était accusé de
tentative illégale d'emploi de la force armée, détention
et tentative de transfert frauduleux de devises, violence envers un agent de la
force publique et violation d'un règlement pris par
l'autorité.Les preuves de cette accusation étaient la
présence de Alpha Condé à la frontière, deux
témoignages de personnes affirmant être contactées par l'un
de ses proches et son agenda et bloc notes dans lesquels les autorités
auraient découvert le `'plan» avec 18 prétendus mercenaires
et trois coupables dont : Alpha Condé lui-même, Sékou
Souapi Kourouma et le defunt député Dr Facinet Béavogui.
(N'DIAYE, 2009; En ligne). Environs soixante membres du RPG
furent arrêtés et condamnés à des peines de prison
allant de quatre mois à cinq ans. Beaucoup d'entre eux avaient
été torturés pendant leur détention. (AMNESTY
INTERNATIONAL, 1999 : p. 2). Cette situation avait contraint des cadres du RPG
à vivre en exil. C'est le cas du Dr Facinet Béavogui qui
77
s'était exilé en Côte d'Ivoire où
il sera assassiné dans des circonstances non encore
élucidées. Il a aussi été constaté que cet
évènement a été une source de division entre le PUP
de lansana Conté et le RPG de Alpha Condé sans oublier les
parents forestiers de Facinet Béavogui qui demandent encore justice sur
les circonstances de la mort de l'ex député. On peut aussi se
poser la question de savoir est-ce que l'opposant Alpha Condé,
condamné à mort par contumace au temps de Sékou
Touré, emprisonné par Lansana Conté et devenu aujourd'hui
président ne procède t'il pas à des règlements de
comptes ?
5.2.4. De l'assassinat du Professeur Julien Pokpa
Onivogui et compagnons
Cet assassinat est communément appelé `'tueries
de cosa».Il designe une fusillade ayant entraîné des morts et
suivi d'une traque contre les membres influents de la communauté
forestière à Conakry. Réunis au sein d'une coordination,
ces cadres de la Guinée Forestière protestaient contre
l'installation de l'Ulimo9 qui violait, tuait et pillait les biens
des populations au vu et au su des responsables administratifs. La Coordination
de la Jeunesse Forestière pour le Développement (CJFD) avait donc
prit l'initiative de mener des démarches auprès de
l'autorité gouvernementale afin d'obtenir d'elle le départ de ce
groupe rebelle. L'impossibilité pour la CJFD d'avoir un interlocuteur
auprès du gouvernement, l'obligea à s'ériger en
dénonciateur des exactions de l'Ulimo contre la population
forestières de la Guinée mais aussi à critiquer le manque
de volonté du gouvernement à faire face à cette situation.
Le 30 novembre 2000, en réponse à cette pression intra
sociétale, plusieurs membres de la CJFD dont le Pr. Julien Pokpa
Onivogui10 , Dr Mathias Pokpa Béavogui, Opa Béavogui,
Nyankoye Koly Loua, Bernard Sandhi Kpogomou, ont été abattus
à cosa, un quartier situé en banlieue de la ville de Conakry.
(OBSERVATEUR GUINEE, 2006; En ligne). Les corps furent emportés par les
auteurs de ces tueries et ne seront remis à la CJFD par le gouvernement
que huit ans plus tard en Août 2008. Ce qui aujourd'hui constitue encore
un profond malaise au sein de la population forestière selon nos
interviewés originaires de cette localité de la Guinée qui
exigent que les auteurs soient punis et que leurs familles soient
dédommagées.
9 Une fraction du groupe rebelle LURD (Liberian
United for Recociliation and Democtay) dirigé par A. Kromah.
10 Ce Professeur de physique de l'université
de Conakry était le plus influent aux yeux du pouvoir ; Il a par
ailleurs inventé trois machines dont il disposait les brevets à
savoir : l'aspirateur de moustique, la machine à extrait de l'huile de
palme, la machine à extrait de jus de fruit dont il fut sollicité
par la SOBRAGUI pour une installation dans ses locaux.
5.3.Les évènements politiques des pouvoirs
militaires de transition
78
A la mort du Président Conté, des jeunes
officiers constitués en CNDD s'emparent du pouvoir quelques heures
seulement après l'annonce de la nouvelle du décès du chef
de l'Etat. La population affaiblie par la misère et la pauvreté,
s'active à les acclamer avec l'espoir de voir ses conditions de vie
s'améliorer. Des élections présidentielles transparentes
sont promises par cette junte dirigée par le Capitaine Moussa Dadis
Camara. Originaire de la Guinée Forestière, Dadis Camara est
né à Koulé en 1964. Il appartient au groupe socioculturel
guerzé. (BARKERE, 2008 ; En ligne). Quelques
évènements cités par nos interviewés se sont
déroulés pendant que Dadis Camara et Sékouba Konaté
étaient aux commandes du pays. Il a été retenu
principalement trois évènements qui sont décrits dans les
lignes qui suivent.
|