5.2.Les évènements politiques du
deuxième régime
Le deuxième régime est celui du General Lansana
Conté dont le règne a duré 24 ans (de 1984 à 2008).
Né en 1934 à Dubreka, en Basse Guinée, Lansana
Conté est issu du groupe socioculturel soussou. De son arrivée au
pouvoir en 1984 à sa mort en 2008, la Guinée à connu
différents évènements politiques qui, pour la plupart de
nos enquêtés, ont touché le peuple dans son ensemble car,
si le régime de Sékou Touré était jugé
être contre les peuls,
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celui de Lansana Conté est perçu comme une
véritable source de division entre les groupes socioculturels du pays.
Cette attitude du régime avait contribué à accentuer les
pressions internes et externes sur l'Etat entrainant ainsi des décisions
et actions de l'Etat souvent contestées par le peuple. La recherche de
terrain au Bénin a permis de lister les évènements qui ont
marqué le peuple durant le règne de Lansana Conté.
5.2.1. De l'arrestation de l'équipe du Premier
Ministre Louis Lansana Béavogui
A la mort de Sékou Touré, la constitution
prévoyait que la transition soit assurée par le Premier Ministre
Louis Lansana Béavogui. Ce dernier conduisit du 26 Mars au 03 Avril
1984, le nouveau gouvernement de transition qui avait pour mission d'organiser
les élections. Mais, un groupe de militaires dénommé
Comité Militaire de Redressement National (CMRN) dirigé par les
Colonels Lansana Conté et Diarra Traoré, s'empare du pouvoir et
met aux arrêts toute l'équipe gouvernementale de Louis lansana
Béavogui avant de les emprisonner à Kindia, ville située
à 135 Km de Conakry. Environ 26 dignitaires de l'ancien régime
dont pour la plupart des membres du groupe socioculturel du défunt
président, furent exécutés. Les circonstances de la mort
de Lansana Béavogui sont confuses. Certains enquêtés
estiment qu'il est mort du diabète tandis que ses proches affirment
qu'il a rendu l'âme suite à des mauvais traitements le 19
Août 1985. Il a été constaté pendant les recherches
de terrain au Bénin, que cet évènement a provoqué
un mécontentement chez le groupe socioculturel toma dont Lansana
Béavogui était issu mais aussi du groupe socioculturel peul vu
que la femme de Lansana Béavogui, fille de Diallo Télly,
appartenait à ce groupe socioculturel. Cela a également
influencé les relations entre le groupe socioculturel du Colonel Lansana
Conté et celui du Président Ahmed Sékou Touré.
Voici un extrait du premier communiqué annonçant la prise du
pouvoir par le CMRN :
« [...] Peuple de Guinée, c'est dans une
grande ferveur que tu viens de conduire à sa dernière demeure
l'un de tes fils les plus prestigieux auquel l'Afrique et le monde entier ont
tenu à rendre un hommage mérité. [...] Aujourd'hui' alors
que tu n'as même pas séché tes larmes, une âpre lutte
pour sa succession s'est engagée parmi ses compagnons avides de pouvoir
et coupables de la corruption généralisée du gouvernement
et de ses institutions. Ton armée nationale, qui t'est demeurée
fidèle et qui a toujours partagé ton sort dans la discipline et
dans l'abnégation pendant ces vingt-six années d'un
pèlerinage douloureux, a donc décidé de prendre en charge
l'administration du pays afin de créer les bases d'une démocratie
véritable évitant à l'avenir toute dictature personnelle.
[...] »(WEBGUINEE,
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2011 ; En ligne).Si ce communiqué N°1 du CMRN
annonçait la fin de toute dictature et le début d'une
véritable démocratie, les évènements qui suivront
en diront plus de détails.
5.2.2. De l'arrestation du Général Diarra
Traoré et compagnons
Après la mise à l'écart de
l'équipe Béavogui, le CMRN publia la liste de son gouvernement
avec à sa tête, les colonels Conté et Traoré
respectivement Président et Premier Ministre. Ces deux officiers du
régime Sékou Touré cohabitaient pendant quelques mois.
Mais le divorce sera consommé en juillet 1985 avec l'arrestation de
Diarra Traoré accusé de tentative de coup d'Etat lors d'un voyage
du Président Conté à Lomé. Le président
Conté rentre précipitamment à Conakry et fut nommé
General à sa descente d'avion. Cette nomination suscita bien des
inquiétudes quant à la véracité du putsch
manqué. Le General Diarra Traoré fut arrêté avec
plusieurs officiers de l'armée nationale (environs une quarantaine) pour
la plupart des malinkés, groupe socioculturel de Diarra Traoré et
de l'ancien Président. Ces officiers furent torturés,
humiliés et exécutés dans une procédure
extra-judiciaire. (WEBGUNEE, 2011 ; En ligne). Les enquêtés de
terrain ont révélé que le fossé déjà
creusé entre malinké et soussou par l'arrestation et
l'exécution des dignitaires de l'ancien régime, s'est
renforcé par celui du Colonel Diarra Traoré et compagnons.
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