4.3.La tentative d'assassinat contre la personne du
Président élu
Depuis son investiture, le nouveau président
s'était installé dans sa résidence privée
située au quartier Kipé. Dans la nuit du 18 au 19 juillet, cette
résidence a fait l'objet d'une attaque à l'arme lourde. Les
combats entre la garde présidentielle et les assaillants ont duré
deux heures mais le président s'en ai sorti sain et sauf. Des
arrestations, des inculpations et des condamnations ont eu lieu. Face à
cette situation, les personnes interrogées sont partagées entre
deux tendances. La première tendance est celle des interviewés
(56 % de l'échantillon) qui condamnent cette tentative d'assassinat car,
pour eux, elle est belle et bien fondée. Pour eux, s'il ya eu des
arrestations, des inculpations et des condamnations, c'est parce que les
preuves existent. En faisant allusion aux gardes de corps tués et aux
images de cette agression, ils affirment qu'il faut être bête pour
monter une telle tentative contre soi même. Ces enquêtés
pour la plupart pensent que l'opposition n'ayant pas remporté le
scrutin, s'est servi de certains cadres de l'armée pour tenter
d'éliminer le président élu et s'emparer du pouvoir. Cette
tendance est partagée par les malinkés qui sont d'ailleurs
majoritaire ici mais aussi par d'autres groupes socioculturels comme les tomas,
les soussous, les konons et les kissis. Si la position des malinkés peut
s'expliquer par le lien socioculturel et politique, celle des autres groupes
socioculturels explique la façon dont le reste de la communauté
nationale perçoit cette tentative d'assassinat.
La seconde tendance est celle des interviewés (44 % des
personnes interrogées) qui soutiennent que cette tentative d'assassinat
n'est qu'un montage du camp présidentiel pour mettre hors d'état
de nuire les personnes jugées embarrassantes et dangereuses. Pour eux,
le retard du renfort qui n'est arrivé qu'après deux heures de
combats en est une preuve quand on sait que le plus grand camp militaire du
pays est situé à une quinzaine de minutes du domicile
privé du président sans compter les commissariats de police, les
postes de gendarmerie, les escadrons mobiles et les brigades anticriminelles
situés dans les zones environnantes du domicile présidentiel. La
position de ces enquêtés qui sont presque tous des peuls,
s'expliquent par l'accusation portée contre leur groupe socioculturel
quant à la responsabilité de cette tentative d'assassinat. La
majorité des personnes arrêtées, inculpées et
condamnées à des peines de prison, sont les leurs. Malgré
leur division, nos enquêtés ont des visions communes quant aux
changements qu'ils souhaitent pour le peuple de Guinée.
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