4.4.Les changements souhaités en Guinée
Bien que divisés sur plusieurs aspects de la
transition, les personnes interrogées (la totalité de
l'échantillon) partagent la même opinion quant aux changements
qu'ils souhaitent voir s'opérer dans la vie quotidienne des
guinéens. Les changements cités peuvent être
catégorisés en deux : ceux qui relèvent de la
compétence de l'Etat et ceux qui relèvent des masses
populaires.
4.4.1. Les changements relevant de la compétence de
l'Etat
· L'amélioration de l'approvisionnement en eau
potable et en électricité ;
· La création d'emploi ;
· La restructuration de l'armée ;
· L'indépendance de la justice ;
· La création d'un conseil constitutionnel pouvant
jouer le rôle de sénat ;
· Le renforcement du système éducatif ;
· La stabilisation du franc guinéen ;
· La construction des infrastructures scolaires,
routières et sanitaires ;
· La promotion de la culture ;
· La méritocratie : choisir les cadres en
fonction de leur mérite et non de leur appartenance socioculturelle ou
politique ;
68
? La promotion et le développement de l'agriculture.
4.4.2. Les changements relevant des masses populaires
? L'éducation politique pour permettre une meilleure
démocratie et éviter les violences politiques ;
? L'amour du travail bien fait car, pour eux, le
guinéen ne travaille pas bien et veut toujours obtenir un bon gain ;
? L'amour du prochain pour une meilleure intégration
nationale.
Ainsi, l'appartenance politique et l'appartenance
socioculturelle ont influencé la typologie du discours. Il est donc
nécessaire de présenter ces caractéristiques.
4.5.Appartenance politique des enquêtés
Graphique IV :Répartition des
enquêtés selon l'appartenance politique
Appartenance politique des
enquêtés
12%
8%
8%
4%
4%
32%
32%
RPG (34) UFDG (34) UFR (13) Aucun (9) PEDN (9) RDIG (4) RDR
(4)
Source : Enquêtes de terrain
2011-2012
Sur ce graphique consacré à la
répartition politique des enquêtés, les partis RPG et UFDG
sont statistiquement plus représentés soit 32% de la taille de
l'échantillon pour chacun de ces partis. Ces deux partis étaient
les concurrents du deuxième tour de l'élection
présidentielle guinéenne de 2010 et sont essentiellement
composés de deux groupes
69
socioculturels dominants (peul et malinké). La
totalité des interviewés appartenant au RPG sont des
malinkés tandis que ceux appartenant à l'UFDG sont
majoritairement des peuls mais aussi quelques malinkés. Ce qui prouve
que ces partis politiques sont constitués sur la base socioculturelle et
même régionale. Les conséquences de cette connotation
socioculturelle des partis politiques peuvent être les violences et les
affrontements ethniques pendant les compétitions électorales et
autres formes de participation politique. Des personnes apolitiques peuvent
être agressées à cause de leur appartenance socioculturelle
avec tel ou tel candidat car, dans cette logique, on confond le parti et le
groupe socioculturel de l'adversaire politique.
Le troisième parti statistiquement plus
représenté dans l'échantillon est l'UFR (12% de la taille
de l'échantillon). C'est ce parti qui est arrivé en
troisième position des résultats du scrutin présidentiel
du 27 juin 2010. Contrairement aux deux premiers partis (RPG et UFDG), les
personnes se réclamants de l'UFR sont issus de différents groupes
socioculturels dont les kissis, les malinkés, les peuls, les soussous et
les tomas,. Ce qui explique l'ouverture de ce parti dont le fondateur est toma
(Goyo Zoumanigui) mais la présidence est assurée par un soussou
(Sidya Touré). Ce caractère cosmopolite de l'UFR s'explique aussi
par sa politique d'intégration des cadres selon leur mérite et
l'intérêt accordée aux problèmes de la jeunesse du
parti. 8 % des enquêtés n'appartiennent à aucun parti
politique. Ce qui explique le manque d'intérêt de certains
guinéens de tous les groupes socioculturels vis-à-vis de la
politique surtout lorsqu'ils sont hors du pays. Cela peut aussi s'expliquer par
la préoccupation de ces enquêtés par la recherche du pain
quotidien mais aussi par la vie conjugale pour les femmes mariées
à des béninois.
Les enquêtés qui se réclament du PEDN
occupent 8 % de la taille de l'échantillon. Ils sont essentiellement des
malinkés comme le président-fondateur de ce parti (l'ex premier
ministre Lansana Kouyaté). Les deux derniers partis faiblement
représentés sont le RDIG de Jean Marc Telliano et le RDR de Papa
Koly Kourouma qui occupent chacun 4 % de la taille de l'échantillon. Les
interviewés qui se réclament de ces formations politiques
appartiennent soit au groupe socioculturel de candidat du parti ou soit
à la région forestière de la Guinée dont sont
originaires ces deux candidats.
70
|