4.2-
Représentations sociales de la longévité
L'on peut être tenté de dire pourquoi une
représentation de la longévité après celle de la
vieillesse ? Quelle différence y a-t-il entre la vieillesse et la
longévité ?
Bien que la vieillesse et la longévité
évoquent implicitement l'âge, la vieillesse renvoie bien plus
immédiatement à l'état et la longévité
à une estimation quantitative de la durée dans le temps de
l'être.
4.2.1-
Sens de la longévité
Tableau 7 : Perception de la
longévité
Sens de la longévité
|
VA
|
VR
|
Récompense
|
308
|
92,8
|
Punition
|
05
|
01,5
|
Ambivalence
|
10
|
03
|
Ne sait pas
|
09
|
2,7
|
Total
|
332
|
100
|
Source : enquête personnelle, 2010.
La longévité est apparue comme une solution
alternative suite à la perte de l'éternité. Cependant,
l'effet de la vieillesse en termes de souffrance et de gérontophilie a
amené à attribuer à la longévité deux sens.
La longévité vue soit comme une récompense soit comme une
punition.
4.2.1.1- Longévité
vue comme une récompense
C'est la conception des personnes qui pensent que la
longévité a une implication divine et humaine. Selon cette
tendance, la longévité est une récompense que Dieu accorde
aux individus qui se sont attachés à la recherche de la vertu et
se sont plus conformés aux normes et aux valeurs sociales. La
longévité étant donc positive, elle ne peut pas être
un moyen pour prolonger le châtiment des personnes vues comme asociales.
C'est en accordant un tel sens à la longévité que des
sacrifices expiatoires dans certaines cultures sont offerts aux
divinités pour demander le bénéfice d'une longue vie, que
des prières de bénédiction pour le don de la
longévité sont dites. Ainsi donc, vivre longtemps devient un
indicateur de rapports harmonieux entre la personne âgée et la
société d'une part et entre elle et les divinités d'autre
part. Ce type de longévité n'est pas ressenti comme un fardeau.
L'individu est assuré de l'assistance des forces surnaturelles et du
regard bienveillant de son entourage qui trouve en lui un modèle de vie.
Cette conception de la longévité est l'opinion de 92,8% des
enquêtés.
4.2.1.2- Longévité
vue comme une punition
La longévité pour une faible proportion de
personnes âgées soit 1,5%, est entrevue comme étant une
punition que Dieu inflige aux personnes qui ont transgressé les lois
divines et humaines. Pour certaines personnes, Dieu étant par essence
miséricordieux, il accorde la longévité aux individus
tombés dans la disgrâce suite à leur iniquité pour
leur permettre donc de se racheter en réorientant leur conduite. S'ils
changent de comportements dans le sens du respect du sacré et des normes
sociales, ils se libèrent des péchés. En revanche, s'ils
persévèrent dans leur inconduite, ils connaissent la damnation.
Pour d'autres, la longévité est de facto un
châtiment qui s'abat sur les déviants. Dans ce cas, les individus
souffrent, se lamentent de la vieillesse et préfèrent la mort
à la vie. Ils reçoivent très peu la compassion de
l'entourage si ce n'est l'indifférence. Ce qui pourrait paraître
comme une maltraitance se lit comme un début de la vie infernale de
l'au-delà.
Toutefois, dans la conscience collective Odjukru, la
représentation attachée à la longévité est
celle d'une récompense que les forces surnaturelles accordent aux
personnes vertueuses et soucieuses du respect des normes et des valeurs
sociales. Dieu étant le Maître de la vie, il
préférera soustraire les déviants de la terre que de les
punir par l'octroi d'une longue vie. C'est remettre en cause l'essence de Dieu
que de le penser être capable de punir par la longévité.
C'est ce qui explique les rôles dévolus aux personnes
âgées.
Que l'homme soit sociable ou asocial, il peut recevoir la
longévité. Mais la différence de longévité
se situe au niveau de la qualité de la vieillesse. Les actes asociaux
entraînent une vieillesse de souffrance et les actes conformes aux
valeurs sociales conduisent à une vieillesse heureuse qui se traduit par
l'absence de maladie, sujet de considération et d'obligation
alimentaire.
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