2. Dépasser la dichotomie entre urgence et
développement et appréhender l'avenir
D'une manière globale, les missions humanitaires
peuvent être regroupées en deux grandes catégories:
l'urgence et le développement.
L'urgence se déclenche à la suite d'une crise,
d'un conflit ou d'une catastrophe naturelle. La notion de temps est cruciale
car il s'agit d'intervenir le plus rapidement possible pour apporter une aide
vitale qui comprend des soins médicaux, des biens de première
nécessité, de l'eau et de la nourriture, une protection... Il
s'agit de porter secours et assistance aux personnes en difficulté
à travers des actions qui sont prévues sur le court ou moyen
terme.
Le développement s'organise davantage sur du long terme
et vise à apporter des solutions durables aux populations locales afin
qu'elles puissent améliorer leur condition de vie de manière
autonome, en particulier lorsque les structures humanitaires ont terminé
leur mission. L'idée est de redonner le pouvoir aux individus pour
qu'ils agissent sur leur condition et qu'ils trouvent des solutions
d'amélioration par eux-mêmes. L'accroissement des dispositions de
cash assistance, qui consistent à donner de l'argent liquide ou
des cartes de débit directement aux bénéficiaires,
soutiennent cette idée et limitent l'assistanat. Cette approche est
très en vogue dans le milieu humanitaire, qui rassemble ces pratiques
sous le terme empowerment, parfois traduit en français par
autonomisation.
Ces deux dimensions étaient jusque-là
séparées mais de plus en plus d'organisations envisagent leur
travail avec une vision globale et préfèrent ne pas faire de
distinction. Cette perception de l'humanitaire est particulièrement
salutaire pour les missions d'urgence qui se poursuivent sur le long terme avec
une démarche de développement.
Dans une société où il essuie de
nombreuses critiques au sujet de ses dérives ou de sa capacité
à rendre le monde meilleur, l'humanitaire doit évoluer et se
fixer de nouveaux caps. Après avoir suivi les huit Objectifs du
millénaire pour le développement, proposés par l'ONU
et adoptés par 193 pays en 2000, l'ensemble des acteurs a
désormais pour ambition les dix-sept Objectifs de
développement durable qui « donnent la marche à suivre
pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous ».
7 Brauman, « Chapitre premier. Aux
origines»
11
PRÉAMBULE - Chapitre 1 : État des lieux du secteur
de l'humanitaire en France
Lutte contre la pauvreté, éradication de la
faim, santé, éducation, égalité entre les sexes,
consommation responsable (...), ces objectifs représentent les grands
enjeux humanitaires auxquels le monde est confronté et sur lesquels il
faut oeuvrer à l'horizon 2030 « pour assurer la paix et la
prospérité pour les peuples et la planète
»8. Pour y parvenir, les organisations ont besoin de
financements qu'elles obtiennent en se démarquant de la concurrence.
Comment ? C'est un des challenges actuels du secteur, auquel nous tenterons
d'apporter des réponses dans ce mémoire.
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