C. Analyse du thème à
travers le film « Le Couperet »
Le chômage a des conséquences sur
l'intégration sociale des hommes. Bruno, qui a fait partie d'un
collectif de travail pendant 15 ans, a été licencié. Du
jour au lendemain, ses seules relations sont avec sa famille. Il semble ne
parler à personne, même pas à son voisin.
Un de ses concurrents s'est reconverti dans la vente de
prêt à porter après 5 ans de chômage, sa femme l'a
quitté après son licenciement. Il est totalement exclu
socialement.
01 :24 :20
« J'ai perdu mon poste il y a 5 ans,
très dur, je ne vous le souhaite pas. Vous savez au bout de 5 ans de
chômage on est devenu has been... »
Bruno : « Vous avez un travail, pourquoi voulez-vous
revenir dans le papier ? »
L'homme : « Je ne suis pas à ma place
ici. »
L'homme n'a plus de travail, il n'a plus d'identité. On
apprend d'ailleurs à la fin de film que cet homme s'est pendu.
(01 :50 :19) Cette longue période de chômage l'a
effacé du marché du travail et retiré de la vie
sociale.
La scène chez le psychologue résume à
elle seule l'état d'esprit de Bruno.
01 :00 :50
Le psychologue : « A l'annonce de votre
licenciement, avez-vous éprouvé de la peur, de la colère,
du ressentiment ou du soulagement ? ».
Bruno : « Surement pas du soulagement,
moi, j'aimais mon travail. ». Le
psy : « Mr Davert, mon message est que vous
n'êtes pas votre travail. ».
Bruno : « Mais en me volant mon
travail, on m'a pris ma vie ! Et au risque de gâcher celle de ma
famille. Alors d'accord le travail n'est pas tout et sans travail, je suis
quoi ? Et je fais comment ? Avant avec les collègues on
était une tribu, travaillant en comptant les uns sur les autres et une
fois licencié, c'est fini la tribu. On est devenu des ennemis.
Pire ! Des concurrents ! »
Sans son travail, Bruno est mort socialement, il ne fait plus
partie de la « tribu ».
L'ethnologie utilise le mot « tribu »pour
désigner les sociétés organisées sur la base des
liens de parentés, spécialement des familles ayant une même
descendance. En Inde ou aux Etats-Unis, les tribus sont des peuples
indigènes qui ont une reconnaissance légale dans le pays
concerné.
Il n'a plus d'utilité, il est inactif, il n'a pas de
loisirs, n'a plus envie de rien si ce n'est de retrouver un travail à sa
mesure.
20 :00
La femme de Bruno : « Qu'est-ce que
tu vas faire aujourd'hui ? ».
Bruno : « Qu'est-ce qu'on fait quand on n'a
rien à faire ? »
L'affiche de film, au premier coup d'oeil, porte une
signification symbolique de cette mort sociale. La tête de Bruno se
trouve sous le couperet alors que dans le film, il est le bourreau et non la
victime. Ceciamène à se demander ce qui détruit Bruno. Le
couperet pourrait être le marché du travail qui a provoqué
la disqualification sociale de Bruno.
Il pourrait aussi s'agir de cette femme que l'on voit à
la fin du film. Bruno, le bourreau deviendrait Bruno, la victime, pris à
son propre jeu, comme un engrenage sans fin.
On constate de façon générale que le
chômage est disqualifiant socialement, les interactions sociales sont
limitées voire inexistantes. Il induit même des situations parfois
catastrophiques.
Partant de ce constat, peut-on en déduire qu'au
contraire du chômage, le travail, lui, est vecteur d'intégration
sociale ?
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