I.1.3.2. La théorie du filtre
Spence (1974), quant à lui, postule à travers la
théorie des filtres que le niveau de formation joue un rôle de
filtre. Les employeurs ne connaissant pas les capacités des candidats
à l'embauche, recherchent toutes les aptitudes qu'ils possèdent.
Spence affirme que ces aptitudes sont révélées par un
signal donné par le niveau de formation.
15
Pour les tenants de l'école du filtre, la population
est hétérogène avant même d'entrer en formation du
fait des coûts de formation différents suivants les individus. Les
coûts de formation seraient plus bas chez les plus doués,
contrairement à ce que postule la théorie du capital humain pour
laquelle l'hétérogénéité résulte du
cumul du capital des individus qui avaient à l'origine des aptitudes
semblables.
Le niveau de l'éducation apparait alors comme un outil
utilisé par les demandeurs d'emploi et par les employeurs. Pour les
premiers, le niveau d'éducation joue un rôle de signal pouvant
révéler les aptitudes et pour les seconds, il agit comme un
filtre permettant d'identifier les individus les plus aptes à recruter
pour les emplois disponibles.
Il a été constaté que le signal
donné par le diplôme universitaire n'est pas suffisant, car un
individu ayant les moyens de financement mais qui redouble plusieurs fois,
signale par ses échecs ses mauvaises aptitudes.
La théorie du capital humain et la théorie du
filtre peuvent être considérées comme
complémentaires. Les divergences entre ces deux théories selon
D.G Tremblay(1997) sont de deux ordres: la théorie du capital humain se
consacre à l'offre du travail, alors que la théorie du filtre se
consacre sur la demande. En effet, s'agissant de la première
théorie, elle décrit relativement mieux les comportements des
travailleurs par rapport aux rendements qu'ils attendent de l'éducation.
La seconde, par contre, met en relief l'outil de sélection que
représente le diplôme pour les employeurs.
16
I.1.3.3. La théorie de la recherche d'emploi
(Job search)
La recherche d'un emploi prend toujours un certain temps, car
la prospection est nécessaire pour avoir une information minimum. Parmi
les différents facteurs qui influencent la durée de la recherche
d'emploi, l'indemnisation du chômage joue un rôle primordial : si
le chômeur est indemnisé à des niveaux voisins du salaire
d'activité, le coût d'un jour de recherche supplémentaire
est faible pour le demandeur d'emploi, et la durée de chômage peut
être plus longue. De même, pour certaines personnes, le
chômage est volontaire du fait que la durée du chômage est
consacrée à la prospection d'emploi.
En effet, pour les théoriciens de la recherche d'emploi
comme Lippman S. et Mc Call(1976), le marché du travail se
caractérise par l'absence d'information parfaite sur les emplois
disponibles, sur le salaire en vigueur, sur la qualification des demandeurs
d'emploi, sur le profil exigé par les employeurs qui offrent les
emplois.
Il est à retenir qu'à cause de cette absence
d'information parfaite, la recherche d'emploi est avant tout un problème
de recherche d'information. Cette recherche d'information a un coût,
aussi bien en termes d'argent qu'en termes de temps. Mais elle a aussi un
avantage c'est le gain monétaire qui résulte d'un meilleur
emploi.
Il sied de signaler que le chômage observé
pendant la période de recherche d'emploi doit être
interprété comme un chômage de recherche d'information et
les dépenses effectuées pour chercher les informations sur les
emplois constituent un investissement rentable pour les chercheurs d'emploi.
17
|