I.1.3. Les théories relatives à l'insertion
professionnelle
Pour analyser l'insertion professionnelle des
diplômés universitaires sur le marché du travail, plusieurs
théories ont été développées. Cependant,
dans le cadre de cette étude, nous avons choisi de présenter
certaines d'entre elles. Il s'agit de la : théorie du capital humain,
théorie du filtre, théorie de la recherche d'emploi (job search)
et enfin théorie de la concurrence pour l'emploi ou le modèle de
(job compétition).
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I.1.3.1. La théorie du capital humain
C'est depuis les travaux de Theodore Schultz(1961) et Gary
Becker(1964) que le concept de capital humain est utilisé en
économie.
a. Définitions et composantes de capital
humain
La théorie du capital humain soutient que les revenus
sont fonction de la qualification. En effet, plus les individus investissent
dans leur propre capital humain, plus ils accroissent aussi leur
productivité de travail et donc leur revenu.
De plus, selon l'O.C.D.E (1998), le capital humain se
définit comme étant l'ensemble des connaissances, qualifications,
compétences, et des caractéristiques individuelles qui facilitent
la création du bien être personnel, social et économique.
En effet, le capital humain est composé des trois principaux
éléments suivants:
? Education formelle, éducation non formelle, formation
sur le tas et toutes formes des formations professionnelles;
? La santé, dans la mesure où elle constitue un
facteur fondamental au développement et du bien-être physique et
mentale des individus;
? Tous les autres facteurs qui sont inséparables
à la personne humaine qui permettent aux individus d'être
très productifs au milieu professionnel. Par exemple,
l'expérience professionnelle, les qualités personnelles, le
respect de la déontologie professionnelle, etc.
Cependant, certains auteurs tels que Eicher(1979),
Vincens(1998), Tremblay(1997) ont émis des remarques concernant le
capital humain :
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De ce qui précède, le capital humain est un
stock qu'on peut constituer, accumuler et user. Ce stock est immatériel
et inséparable de la personne qui le détient.
b. Investissement dans le capital humain
Il vient d'être signalé que l'accumulation du
capital humain se fait par la formation dans l'emploi, par l'éducation,
par l'amélioration de l'état de santé. En effet, la
décision d'investissement dans l'une ou l'autre forme de capital humain
dépend de la rentabilité anticipé (Becker, 1962; Becker
1975). Dans le cas particulier de l'éducation, un individu décide
d'entreprendre une formation académique lorsque les rendements
anticipés sont supérieurs aux coûts effectués
à l'éducation.
En d'autres termes la rentabilité de l'investissement
à l'éducation résulte de la comparaison entre les
coûts de l'éducation et les bénéfices
monétaires qui résulteraient de cette éducation ou
formation. Ainsi, la surqualification correspond alors à une situation
de surinvestissement dans l'éducation. L'absence de rentabilité
incite dans le long terme les individus à réduire leurs
investissements dans l'éducation, ce qui rétablit
l'équilibre entre le niveau d'études et les exigences des emplois
sur le marché du travail (Vultur, 2006). La surqualification est donc un
phénomène de déséquilibre temporaire.
Par ailleurs, la théorie du capital humain
établit une relation positive entre la qualité du travail et le
salaire. De sorte que les personnes ayant le niveau d'éducation
élevé reçoivent en moyenne les rémunérations
élevées et ils ont une faible vulnérabilité au
chômage.
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? Pour Eicher, la théorie du capital humain ne prouve
pas que la productivité soit totalement liée au niveau de
formation car d'autres variables sont susceptibles d'expliquer le niveau de
revenu (l'âge, le sexe, la race, la religion, la profession et la
durée du travail).
? Pour J. Vincens, la théorie du capital humain a un
pouvoir explicatif dans un régime où les salaires sont flexibles
et le chômage global est faible.
? Pour D.G. Tremblay, l'investissement dans le capital humain
est une fonction décroissante de l'âge, car plus on est
âgé et moins on dispose de temps pour faire fructifier ce
capital.
Malgré ces différentes remarques
soulevées ci-haut, nous pensons au même titre que R.E Lucas(1988)
que la croissance économique dans un pays donné sera d'autant
plus rapide que l'efficacité de l'investissement en capital humain sera
élevée. En d'autres termes, plus nous investissons en capital
humain, c'est-à-dire non seulement en éducation et la formation
professionnelle, mais aussi à la santé, plus sera la croissance
économique.
Il sied de signaler que l'investissement dans le capital
humain en R.D.C est important à la fois comme moyen de promotion du
bien-être et comme un des moteurs de la croissance économique pour
le pays dans son ensemble.
En effet, Diallo, Mans et Ntoya (2012) ont
démontré l'impact qu'ont le capital humain et l'éducation
en RDC. Dans leur étude, un regard a été porté,
d'une part, sur leurs effets dans la croissance économique et, d'autre
part, leurs influences sur les gains (revenus personnel) des individus.
Partant, nous
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présentons ci-dessous les résultats de leur
étude réalisée au niveau macro ainsi que
micro-économique :
Du point de vue macro-économique, des exercices portant
sur la comptabilité de la croissance suggèrent que la main
d'oeuvre contribue de manière significative à la croissance du
P.I.B. La main d'oeuvre et une meilleure éducation comptent pour 30
à 60 % de l'amélioration totale de la productivité.
Tableau 1.1 : Les sources de croissance économique.
(Avec rajustement pour tenir compte de la qualité du
capital humain et physique) (En pourcentage%).
|
1992-1995
|
1996-2000
|
2001-2005
|
2006-2010
|
Croissance du PIB réel
|
-6,8
|
-3,9
|
4,3
|
5,3
|
Accumulation des facteurs
|
1,7
|
-0,7
|
5,0
|
5,1
|
Main d'oeuvre
|
6,0
|
0,4
|
6,9
|
5,8
|
Capital
|
-4,8
|
-2,4
|
2,2
|
4,1
|
Productivité totale des facteurs
|
-8,5
|
-3,1
|
-0,7
|
0,1
|
Source : Résilience d'un géant africain
vol.III, p.278
De ce tableau, nous constatons que la main d'oeuvre, parmi
d'autres facteurs, contribue positivement et donc d'une manière
significative dans la croissance économique.
Au niveau micro-économique, l'investissement dans le
capital humain en particulier dans l'éducation peut également
soutenir l'augmentation des revenus pour les particuliers et les
ménages. Partant, le rendement des études peut également
être considéré, du point de vue de l'individu, ou en
examinant le genre du rendement que l'individu reçoit de sa
scolarisation. Ce retour sur investissement des études suggère le
potentiel d'utiliser l'éducation comme outil pour augmenter les revenus
individuels et de ménages et pour réduire la
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pauvreté en RDC. D'ailleurs, le tableau 2 illustre les
moyennes internationales de rendement des études par région et en
RDC.
Tableau 1.2 : Moyennes internationales de rendement des
études par
région.
Région
|
Revenu moyen par habitant (USD)
|
Nombre moyen d'années de
scolarité
|
Rendement aux études
- une année (%)
|
Rendement pour une mise à niveau
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Asie
|
5 128
|
8,4
|
9,9
|
20
|
15,8
|
18,2
|
Europe/ MENA
|
6 299
|
8,8
|
7,1
|
13,8
|
13,6
|
18,8
|
Amérique latine
|
3 125
|
8,2
|
12,0
|
26,6
|
17,0
|
19,5
|
OCDE
|
24 582
|
9
|
7,5
|
13,4
|
11,3
|
11,6
|
Afrique SS
|
974
|
7,3
|
11,7
|
37,6
|
24,6
|
27,8
|
RDC
|
171
|
6,1
|
6,8
|
4,8
|
9,3
|
16,1
|
Source : Résilience d'un géant africain
vol.III, p.279
Au regard de ce tableau, la RDC présente un pourcentage
de rendement des études positif. Toutefois le retour sur investissement
de l'éducation est faible lorsqu'une comparaison est effectuée
avec d'autres pays d'Afrique subsaharienne. Autrement dit, en faisant la
comparaison avec d'autres pays en voie de développement,
l'éducation en RDC entraine une faible augmentation du rendement.
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