PREMIERE PARTIE
MORALE ET DEFIS DU MONDE
CONTEMPORAIN
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HAPITRE I : ELUCIDATIONS CONCEPTUELLES ET
HISTORIQUES
I .1 Définition de la morale
D'où vient le fait que l'homme soit capable de se poser
la question de la morale ? La réponse à cette question nous
permettra d'aborder la question de la définition de la morale. Disons au
moins dans une première approche que les animaux eux ne se posent pas la
question morale.
D'où vient-il que je me pose la question du Que dois-je
faire ? Qu'est-ce bien faire ? Cette question du « Que faire ?»montre
que la morale porte d'abord sur le domaine de l'action !Comment réguler
l'action ? En fonction de quoi ? En vue de quoi ? Comment
réfléchir le sens d'une action ?
Au regard de ces questions,deshommesdes femmes ont
élaboré des théories morales ou éthiques nombreuses
et parfois opposées. Ce qui est difficile lorsque nous regardons de
près c'est qu'ils utilisent un vocabulaire semblable parfois identique
et pourtant ils ne leur attribuent pas la même signification. En
général, le mot éthique est considéré comme
plus moderne que celui de la morale qui renvoie à la conduite
individuelle pour les uns et pour d'autres aux règles sociales.
Etymologiquement « morale » vient du
latin(philosophias) moralis, traduction par Cicéron du
grec taeqika.L'« Éthique » quant à
elle vient du grec éthikè qui pourrait être
traduit mot à mot par « comportemental». Le terme
apparait chez le philosophe Aristote, qui fut le premier à forger
l'expression éthikèthéoria pour désigner
un savoir « relatif à la façon de se
comporter». La différence entre ces deux termes est infime
dans le domaine de la philosophie. Ainsi selon Kant, la morale est la
faculté de porter des jugements de valeur fondés sur la
distinction du bien du mal. Quant à l'éthique, elle est la
réflexion théorique sur de tels jugements et leur
élaboration en un système normatif et rationnel.
Philippe MEIRIEU, abondant dans ce sens fait une distinction
nette entre morale et éthique. Selon lui, « la morale est un
ensemble de normes sociales concernant le comportement
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des individus dans une organisation sociale donnée et
régies par un système de valeurs
déterminées.
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En revanche, nous désignons par éthique
l'interrogation d'un sujet sur la finalité de ses actes. »
Ainsi entendue, l'éthique a nous semble-t-il une
primauté de droit sur la morale, en ce qu'elle amène l'individu
à réfléchir sur la finalité de ses actes,
même si les morales ont chacune une antériorité de fait sur
l'exigence éthique.Mais la décisionéthique concerne
à tout moment chaque homme dans son rapport à lui-même,
à autrui, ainsi qu'à la communauté sociale et politique.
La visée éthique étant orientée vers la
capacité de l'homme à faire usage de la raison dans sa conduite
sociale doit réussir à s'incarner en des règles morales et
on doit toujours pouvoir recourir à l'éthique quand la norme
sociale conduit à des impasses pratiques. C'est ainsi que
l'éthique en tant que valeur citoyenne ne se réduira pas à
un simple processus d'intégration sociale mais se donnera ainsi pour fin
la recherche des conditions de l'émergence d'une liberté. C'est
par l'éthique que certaines valeurs citoyennes telles que la conscience
professionnelle, la probité, l'intégrité et surtout la
solidarité peuvent véritablement se manifester dans la
société.Les deux termes désignent ce qui a trait aux
moeurs, au caractère, aux attitudes humaines en général et
en particulier, aux règles de conduite et à leur
justification3 . Aussi,« la morale constitue avant tout un
discours destiné à orienter certains types d'action, entre autres
celui par lequel les individus communiquent entre eux, influencent leurs
attitudes respectives et modifient leurs comportements4
Ces principes varient selon la culture, lescroyances, les
conditions de vie et les besoins de la société. Ils ont souvent
pour origine ce qui est positif pour la survie de l'ethnie, dupeuple, de la
société. Si de tels principes sont en outre positifs pour
l'ensemble des ethnies, des peuples ou des sociétés de la Terre,
on peut les considérer comme faisant partie de la morale universelle.
0n distingue en général deux grandes conceptions
de la morale :
2 Philippe, (M). (1999).Le choix d'éduquer
(éthique et pédagogie).Paris : ESF page11.
3 Weil (Eric),Morale in
EncyclopaediaUniversalis, Paris 1989
4 Marcel(Boisot), La Morale cette imposture,
Edition le pré aux clercs page 36.
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0bjectiviste : les lois morales ne dépendent pas de
l'homme mais des lois de la nature, de commandements divins ou des lois de la
raison. Elles ont un caractère universel, éternel, absolu,
normatif. Elles ne peuvent être ni changées ni
supprimées.
Relativiste : les valeurs morales ont une origine humaine.
Elles sont définies par la société ou par l'individu
lui-même et varient d'une société à une autre.
La philosophie morale aborde avec la seule autorité de
la raison, la question de la finalité de l'action humaine et cherche
à éclairer les choix pratiques et en particulier la prise de
décision : Que dois-je faire ? Qu'aurais-je dû faire ? Y a-t-il
des limites à mon action ? Les philosophes divisent la morale en trois
domaines dont les limites ne sont pas toujours parfaitement liées :
Meta-éthique : entendue comme la recherche des
origines et du sens de nos concepts moraux.
Morale ou éthique normative qui concerne les
critères de nos comportements (habitudes, devoirs, conséquences
de nos actes).
Morale ou éthique appliquée : application des
deux premières à des problèmes spécifiques et
controversés (par exemple avortement, environnement, droitdes
animaux).
Cette définition montre rapidement les deux lieux
d'investigation de la morale : d'une part les règles de conduite, les
lois ou les normes diverses et d'autre part tout ce qui a trait à leur
justification, aux principes et aux valeurs qui étayent les lois mises
en place.
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