2.2.2.2. Théorie de la décentralisation
La théorie de la décentralisation part du
principe que pour amorcer un développement local et participatif, il
faut accorder un certain pouvoir à des collectivités locales
reconnues par la constitution ou par la loi. La décentralisation et le
désengagement doivent, par des effets de synergie qui restent à
définir, permettre aux populations rurales d'assurer leur
développement, plus et de meilleure façon. La
décentralisation apparaît comme un effet direct d'une critique de
l'Etat au nom de la société civile et d'un renforcement des
rapports entre le monde urbain et le monde rural. Jacob cité par Hong et
al, (Camara M., 2007).
Pour Souare et al, (2010), l'objectif de la
décentralisation est la prise en charge par les populations elles
mêmes de la gestion de leurs propres affaires. Cette prise en charge
implique, par conséquent, d'organiser un transfert de compétence
de pouvoir et moyens de l'Etat central vers les entités territoriales
auxquelles il est reconnu une certaine autonomie, ceci dans le respect et les
limites qui découlent du caractère indivisible de l'Etat qui
demeure le gardien de l'unité politique et sociale pour l'ensemble du
territoire du pays.
Pour la Banque Mondiale (2011), la décentralisation
joue des rôles importants dans l'augmentation de la participation des
citoyens dans les activités politiques, économiques et sociales
dans les pays en développement, la décentralisation contribue
à atténuer les goulots d'étranglement dans les prises de
décisions, là où elle fonctionne efficacement. Elle permet
aussi de réduire des procédures bureaucratiques complexes et
à accroître l'attention des officiels sur les conditions et les
besoins locaux. Elle favorise une plus grande représentation politique
des divers groupes politiques, ethniques, religieux et culturels dans le
processus des prises de décision.
La décentralisation implique donc, une
impérieuse nécessité de créer ou renforcer au
niveau des collectivités décentralisées les
capacités des ressources humaines qui interviennent aux
différents niveaux. Il s'agit donc d'une oeuvre de longue haleine et
dont la finalité est un meilleur bien-être de la population.
2.2.2.3. Théorie du changement social
Le changement social est l'un des objets les plus
controversés chez les sociologues. C'est pourtant l'un des objets
privilégiés de la sociologie avec le fonctionnement de la
société. Selon la définition de Rocher G., le changement
social est :
« Toute transformation observable dans le temps,
qui affecte, d'une manière qui ne soit que provisoire ou
éphémère, la structure ou le fonctionnement de
l'organisation sociale d'une collectivité donnée et qui modifie
le cours de son histoire » (Rocher G., 1968 :22).
En effet, pour Rocher G., il y a d'abord lieu de faire une
distinction entre l'évolution sociale et le changement social. On
s'accorde généralement à dire que l'évolution
sociale est l'ensemble des transformations que connaît une
société pendant une longue période, c'est-à-dire
pendant une période qui dépasse la vie d'une seule
génération ou même de plusieurs générations.
L'évolution sociale se rapporte donc à ce qu'on pourrait appeler
des tendances séculaires qu'on ne peut observer à une
échelle réduite, mais qui apparaissent lorsqu'on adopte une
perspective à très longue terme.
Le changement social quant à lui, selon Rocher,
consiste plutôt en des transformations observables et vérifiables
sur de plus courtes périodes de temps. Ce changement affecte les
représentations, les moeurs, et touche donc à la culture
générale.
Les sociologues, rechignant aujourd'hui aux théories
générales, traitent donc du changement social qui s'inscrit dans
le court ou moyen terme. Certains vont jusqu'à rejeter toute
possibilité de théorie du changement social, considérant
que la sociologie doit se limiter à « l'analyse de
processus de changement datés et signés » (Boudon
R. et Bourricaud F., 1982 :64). Mais « les sociologues
marxistes ont continué d'appliquer à des champs
spécifiques (l'Etat, la question urbaine, le développement, etc.)
le principe du changement social par les conflits de classe »
(Durand J.-M et Weil R., 2006 : 397).
Au-delà de tout cela, il faut souligner que les auteurs
qui se sont préoccupés de définir le changement social, le
caractérisent par les trois dimensions suivantes :
- Le changement social est repérable dans le
temps ; c'est-à-dire que l'on peut désigner ce qui a
été modifié entre deux moments. Il tend donc à
être identifié par rapport à une situation de
référence. Dans le cas de cette recherche il s'illustre par le
fait que jadis, les pratiques traditionnelles jouent un rôle important
dans la vie des populations. Ces pratiques empreintes de différentes
normes, sont consacrées par la tradition et demeurent les garants de
l'équilibre social et de la prospérité des populations. Au
rang de ces richesses, on note l'importance accordée au travail, la
préservation de la nature, la cohésion, l'honnêteté,
le respect des cadets envers les aînés et la solidarité
familiale (entraide, unité de production et de résidence). Ces
valeurs ont pour vocation de maintenir l'ordre social. Cependant, de nos jours,
certaines de ces vertus ont totalement disparu. D'autres, par contre, essaient
difficilement de survivre tandis qu'une grande part est devenue
méconnaissable en raison des mutations qu'elles ont connues. C'est dans
cet état de déperdition culturelle que se trouvent actuellement
la plupart des zones rurales du Togo.
- le changement social est durable ; c'est-à-dire
que les transformations structurelles observées ont une certaine
stabilité.
- le changement social est évidemment un
phénomène collectif ; il concerne une communauté, une
organisation, une collectivité ou des individus pris collectivement. Le
changement social fait appel à des facteurs tels que le progrès
technique (les innovations), les valeurs culturelles, la démographie
etc.).
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