2.2.2. Recension des écrits théoriques
La recension des écrits théorique est le fond
théorique sur lequel s'établit tout travail de recherche. Elle
est considérée comme un inventaire des idées, des
théories, des méthodes, permettant d'analyser les approches et
les méthodologies précédentes en rapport avec le sujet, en
vue de mieux définir sa démarche propre.
2.2.2.1. Théorie de développement local
participatif
Le concept de développement local a vu le jour dans un
contexte où la vision centralisée de l'Etat était
critiquée par certains acteurs locaux. Ces derniers considéraient
que le développement d'un territoire devait prendre en compte les
besoins et les aspirations des habitants. Une nouvelle logique d'autonomie est
alors revendiquée vis-à-vis des centres décisionnels,
politiques ou économiques. Le développement local se rapporte
ainsi à des actions partenariales entre des acteurs
intéressés à l'amélioration des conditions de vie
dans leur environnement immédiat.
C'est vers la fin des années 1950 que prend forme la
théorie du développement endogène, par les chercheurs John
Friedman et Walter Stöhr. C'est une approche volontariste, qui
conçoit le développement comme étant une démarche
qui part du bas vers le haut en privilégiant les ressources provenant du
milieu local (milieu endogène). Elle fait s'intéresse aux
traditions industrielles locales et insiste particulièrement sur la
prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des
modalités coopératives.
L'approche participative du développement local insiste
sur l'importance de la participation et de la responsabilisation des
populations, dans toutes les actions de développement. Le concept
participation est à l'origine des préoccupations actuelles de la
prise en compte du '' local ''.
Bajeddi M. (2002), soutient que l'approche participative, est
une approche de concertation, d'ajustement continu et de compromis contractuels
qui accompagne une action de développement rural depuis la gestation de
l'idée de base, et qui entre dans les moeurs des populations bien
au-delà d'une première tentative. C'est une succession de
pratiques dictées par des impératifs temporels spécifiques
et définies à travers un vécu réels sur le
terrain.
Tremblay J.-F. estime que l'approche participative du
développement local repose sur une démarche volontaire d'acteurs
se réunissant sur un territoire à taille humaine pour envisager
l'avenir de leur territoire. Cela en perspective avec d'autres niveaux
d'administration et d'autres échelons politiques de la Nation. C'est une
vision du local dans le global, qui voit le territoire comme un système
de relation avec d'autres systèmes et d'autres acteurs. Pour cet auteur,
les acteurs oeuvrent à l'amélioration des conditions de vie de
leurs populations, ce qui passe, notamment par le développement des
activités de production, de la santé, de l'éducation et
l'approfondissement de la démocratie et la gouvernance locale.
Du point de vue juridique, l'Organisation des Nations Unies
(ONU), dans son article 1 de la déclaration sur le droit au
développement, l'Assemblée Générale du 4
Décembre 1986, stipule que :
« Le droit au développement est un droit
inaliénable de l'homme en vertu duquel toute personne humaine et tous
les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un
développement économique, social, culturel et politique dans
lequel tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales
puissent être pleinement réalisés et
bénéficier de ce développement ». (ONU,
1986 : 5).
Selon la Banque Mondiale (1992), le développement
participatif est à la fois une fin et un moyen de développement.
En avançant l'idée que le développement participatif est
une fin, elle entend se référer à une sorte d'objectif
idéal selon lequel le développement durable résulterait de
l'action responsable de citoyens politiquement mûrs et qui agiraient
à travers d'institutions électives, d'associations ou
d'organismes, dans le cadre d'une société démocratique et
libre. Toutefois, un tel objectif devrait être compris comme un processus
continu et de longue haleine, qui tendrait à améliorer sans cesse
la capacité des communautés à s'autogérer.
Cette idée est beaucoup plus familière car,
c'est sous cette forme qu'elle est apparue, il y a deux décennies, dans
les politiques de développement.
Malgré ses avancées considérables, la
démarche participative soulève plusieurs critiques. La
première interrogation, posée par Seck M.
et d'Aquino S. (2001), est dans le caractère
participatif, sur le terrain, des démarches développées.
La méthode " participative " telle qu'employée sur le terrain se
traduit trop souvent à des simples dialogues "participatifs",
échanges ritualisés où les acteurs locaux ne font que
valider, au mieux alimenter, les analyses et les choix faits par les agents
extérieurs.
Cependant, une grande partie de ces problèmes est due
à l'ambiguïté constitutive du concept de la " participation
". Par définition, celui-ci spécifie la présence
obligatoire et centrale d'une intervention exogène, à laquelle
participent les acteurs locaux, cette situation est peu adaptée à
l'émergence d'une dynamique endogène de décision et de
planification. L'autonomie des acteurs locaux est en fait loin d'être
totale, que ce soit dans la formulation des problèmes, dans le choix des
priorités ou dans la prise de décisions. La participation est par
essence différente de l'autonomie : c'est toujours la formule d'un
agent extérieur qui fait participer aux diagnostics et aux politiques
les acteurs locaux.
Par ailleurs comme solution à ce problème, un
nouveau principe participatif est soutenu par Seck et
d'Aquino, le principe d'endogénéité. Ce principe
consiste à transformer l'acteur local en décideur local dont la
règle est que l'accompagnement technique ne fixe aucun objectif
préalable à sa démarche d'appui, si ce n'est d'être
disponible pour une dynamique endogène de prise de décision
concertée sur le territoire. Ici, ce sont les acteurs locaux qui fixent
ce qu'ils considèrent comme une priorité dans cette nouvelle
prise ou reprise de pouvoir sur leur espace et leurs ressources que la
démarche leur propose. La seconde règle est que la planification
territoriale est avant tout, une oeuvre politique et non technique, ce qui
implique que devant l'incertitude de l'avenir, la responsabilité de
choix, avant tout, politiques et éthiques doit être laissée
aux décideurs politiques légitimes, selon le principe d'une
démocratie représentative, et aux populations, selon une
démocratie participative.
La grande réussite de ces évolutions est dans la
reconnaissance de la participation des populations aux actions les concernant,
c'est-à-dire la volonté de remplacer la relation d'assistance
entre l'encadrement et les populations par une relation de partenariat,
basé sur une reconnaissance des savoirs, perceptions et de la
légitimité des acteurs locaux. Seule une dynamique
réellement endogène pourra se pérenniser et se
démultiplier à une échelle raisonnable sans appui
extérieur lourd et permanent. Ceci vise à l'installation d'un
processus local et collectif de prise de décision. Elle permet aux
populations d'installer en amont un cadre stratégique de
développement local plus axé sur leurs propres aspirations.
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