4.2. Le congrès de Rome
sur la communication pour le développement
Le Congrès de Rome sur la communication pour le
développement est l'une des initiatives des partenaires au
développement qui a pourobjectif de promouvoir la communication pour le
développement dans les stratégies et les pratiques de
développement. Il a été organisé en 2006 par la
FAO, la Banque Mondiale et The communication Initiative Network.Le
Congrès de Rome n'est pas une initiative inédite à ce
sujet, il ne vient qu'entériner les conclusions de
précédents actes et accords, mais il a le mérite d'avoir
proposé un document pratique, et somme toute consensuel, et d'avoir
défini clairement des recommandations allant dans le sens d'une
meilleure approche et une meilleure pratique de la communication participative.
Les conclusions du congrès ont été résumées
dans un document intitulé Consensus de Rome, qui définit sept
exigences stratégiques et avance huit recommandations aux
décideurs publics, pour une pratique efficiente de la communication
participative.
Deux éléments essentiels à une meilleure
pratique de la communication participative dans les efforts de
développement ressortent du Consensus de Rome. En premier lieu,
l'importance d'avoir une volonté politique affirmée
derrière toute initiative de communication participative; et en
deuxième lieu, le rôle fondamental des médias pour
l'atteinte des objectifs du développement.
Le Congrès a présenté des défis
majeurs auxquels les acteurs du développement sont confrontés
pour promouvoir la communication participative, avant de conclure avec des
recommandations ; l'une de celles-ci étant d'encourager les
décideurs publics à intégrer davantage une approche
participative dans leurs politiques. En réalité, ce qui fait
défaut aux décideurs publics, c'est non seulement un manque
d'expertise dans ce domaine (The CI, FAO & World Bank, 2006, p. 38 --
41),mais également un cadre stratégique permettant de renforcer
les principes de la communication pour le développement.
Par ailleurs, à la question fondamentale du rôle
des médias dans ces stratégies, le Congrès s'est
également demandé comment faire pour améliorer
l'environnement dans lequel évoluent les médias dans les pays en
voie de développement - aux niveaux communautaires et nationaux -, et
comment promouvoir des structures médiatiques libres, pluralistes et
indépendantes afin qu'elles participent plus activement aux efforts de
développement. Ce qui implique évidemment qu'elles accordent
davantage de place aux thématiques liées au développement
dans leurs programmations, mais également qu'elles encouragent une plus
grande participation des acteurs nationaux - notamment les communautés -
dans ces thématiques. Effectivement, il est important de promouvoir des
plateformes médiatiques qui encouragent les échanges avec les
communautés, ainsi que l'accès de celles-ci à
l'information (et par conséquent à la communication). Pour ce
faire, il est important de mettre en place des politiques et des
législations favorables. Les décideurs publics ont, dans ce
contexte, tout à gagner à soutenir les structures
médiatiques, puisque cela répond à des enjeux majeurs
liés aux objectifs du développement. Les conclusions des
discussions du Congrès résument ces enjeux en trois points :
(1) il est souvent très difficile dans les pays en développement
pour certaines communautés, notamment rurales, d'avoir accès aux
débats portant sur les priorités du développement ;
(2) des structures médiatiques fortes et accessibles permettent une
meilleure collaboration de toutes les parties prenantes aux efforts du
développement (organisations de la société civile,
communautés, secteurs privés et publics, etc.) ; et (3) les
médias sont le meilleur outil pour un développement inclusif.
C'est pour ces raisons, et celles
énumérées dans les parties précédentes, que
le Consensus de Rome recommande que les États définissent des
stratégies qui vont dans le sens d'un meilleur appui aux structures
médiatiques.
Il est évident que pour que les médias soient un
réel outil de support aux efforts de développement, il faut
qu'ils soient munis d'une expertise adéquate et d'un soutien technique
et financier approprié. Ce qui ne peut toutefois être accompli
avec succès qui si l'ensemble des parties prenantes - dont les
communautés - disposent des compétences et des capacités
leur permettant d'être totalement impliquées dans le processus de
définition et de mise en oeuvre de telles stratégies.
C'est dans ce sens que le Congrès réaffirme la
recommandation faite aux États de mettre en place une politique
nationale de communication pour le développement. Car, la mise en place
d'une telle politique - de manière consensuelle - est la meilleure
stratégie qui puisse assurer un soutien effectif aux structures
médiatiques afin qu'elles participent aux efforts de
développement, en promouvant la participation de l'ensemble des acteurs
dudéveloppement.
Le Consensus de Rome est d'un grand apport dans la mesure
où il affirme de manière claire et consensuelle les exigences
essentielles à la pratique de la communication participative ainsi que
les directives pour la rendre efficiente. Selon ce document, il faut que les
décideurs et les organismes de développement encouragent une plus
grande participation des communautés aux processus de décisions,
particulièrement les communautés vulnérables. Il faut, de
fait, que les outils de communication soient renforcés, et
particulièrement que les médias soient soutenus à tous les
niveaux (communautaire, national et international - y compris les médias
traditionnels). Afin de répondre à ces exigences, le Consensus
recommande (1) que les partenariats soient renforcés à tous les
niveaux ; (2) que toutes les politiques de développement incluent
un volet portant sur la communication pour le développement comme
élément central ; (3) que les décideurs renforcent -
à tous les niveaux - les expertises dans ce domaine ; (4) qu'un
suivi et une évaluation des programmes et des politiques de
développement soient exigés ; (5) que les principes de la
communication pour le développement deviennent un droit pour les
communautés et les partenaires au développement (The CI, FAO
& World Bank, 2006, p. xxxv).
Toutefois, une analyse pertinente que l'on peut tirer et
mettre à l'avant dans l'analyse des conclusions du Congrès est
que l'État a un rôle fondamental à jouer; de par ses
prérogatives,il est le mieux placé pour garantir un environnement
favorable à la promotion de la communication participative.
C'est pour cette raison, que le Congrès affirme
d'ailleurs que « Communication for Developmentcanachieve relevant
impacts and sustainabilityonly if itisadequatelyinserted in national
developmentpolicies and builds on existingexperiences and
capacities » (The CI, FAO & World Bank, 2006, P.77). En
effet, les politiques nationales sont sans conteste un soutien fort et effectif
aux initiatives de développement participatif, car elles mettent en
place le cadre légal et apportent les soutiens financiers et techniques
favorables à la promotion des principes de l'approche participative.
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