Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011.( Télécharger le fichier original )par Jean Pierre Loic NKULU ATANGANA Université de Douala - Master II Recherche 2012 |
B. L'inefficience relative des missions de monitoring des électionsIl faut d'emblée préciser que l'inefficience relative des missions de monitoring des élections tient à la fluctuation effective de chacune d'elles dans la mesure où comme on a pu le constater, ces missions ont néanmoins réussi à changer, même partiellement, la culture du pouvoir politique357. Mais au-delà de ces quelques points qu'on peut considérer comme positifs, il convient d'indiquer que ces missions restent malheureusement très disputées même à l'intérieur des Etats d'Afrique où elles ne font pas encore complètement consensus. Dans chacun des cas, les raisons invoquées sont multiples, à savoir, notamment un cloisonnement ou la dispersion des acteurs et une démultiplication de celle-ci en micro organisations à plusieurs vitesses avec d'une part les OIG et s'autre part les puissances occidentales. Dans le même ordre d'idées, les missions de monitoring des élections sont moins perçues à la base comme un mécanisme efficace capable d'instaurer la démocratie. Les populations et les observateurs de la scène politique y croient de moins en moins, même si d'une manière générale les acteurs du monitoring estiment aussi que leur rôle n'est pas de changer les choses, mais de surveiller et d'apporter leur concours et assistance au bon déroulement des élections. L'ambiguïté dans laquelle se trouvent ainsi les missions de monitoring des élections déteint naturellement sur les initiatives que celle-ci peuvent prendre. Car à défaut d'affirmer des positions claires et fortes, elle se consacre pour le moment plus à sauver sa place fortement mise à mal par l'émergence et l'affirmation d'une puissance politique et 355 Le Cameron a failli connaître une situation de crise sociopolitique en 1992. Il est arrivé que le NDI, en présentant son rapport provisoire est déclaré élu le candidat du SDF, alors que le processus électoral de cette élection n'était pas encore arrivé à son terme. Cette publication provisoire des résultats a emprunté les voies de la violence. De violentes manifestations de rue avec la destruction des biens de certains dignitaires du pouvoir et le meurtre d'un sous-préfet et du responsable d'un parti allié au président Paul Biya ont eu lieu dans les villes de Bamenda et de Muyuka après que le NDI ait publié des résultats non officiels de l'élection présidentielle. 356Bourgi, (A), Op. cit., p. 75. 357 Monney Mouandjo, (S), Op cit., p. 345. 86 Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011 culturelle anglo-américaine fortement entreprenante358. On a notamment pu observer bon nombre d'Etats, jadis considérés comme des chasses gardées francophones, s'ouvrir progressivement et de façon déterminante aux Etats-Unis et, par extension, à la culture anglo-saxonne, même s'il faut reconnaître que la Chine pourrait constituer une brèche capable d'atténuer les effets d'une trop grande influence de cet ordre359. 358 La France partie colonisatrice du Cameroun a connu cette situation à l'occasion de l'élection présidentielle anticipée du 11 octobre 1992. Mais c'est ressaisi face à la montée en puissance des Etats-Unis, qui soutenait ouvertement le candidat de l'opposition Ni John Fru Ndi. Lire Ebolo (M.D), L'implication des puissances étrangères dans le processus de démocratisation au Cameroun : l'expérience française et américaine (19901997), Thèse de Doctorat 3ème cycle, IRIC/UYII, 1997. 359 Hugon, (P), « Les nouveaux acteurs de la coopération en Afrique », International Development Policy | Revue internationale de politique de développement, 1 2010, Online since 14 December 2009, connection on 17 June 2014. URL : http://poldev.revues.org/118 ; DOI : 10.4000/poldev.118 87 Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011 |
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