1.5. Une anomalie climatique dans le bas-Togo qui n'arrange
pas les producteurs
Bien que situé dans une zone presque équatoriale
(Lomé 6°10), le Bas-Togo connaît un climat relativement sec.
En effet, dans les années 2000, les quantités d'eau annuelles
enregistrées dans toutes les stations dépassaient difficilement
1000 mm alors qu'elles étaient nettement
40 A. Gon-Kondé et al. p. 120.
41 Ibid.
42Ministère de l'environnement et des
ressources forestières (MERF), 2009, p. 30. 43 A.
Gon-Kondé et al. p. 120.
44Ministère de l'environnement et des
ressources forestières (MERF), 2009, p. 30.
31
supérieures à 2000 mm à Lagos (5°27)
et Abidjan (6°21) pourtant situées dans la même zone.
Même Cotonou (5°12) et Accra (5°32) très proches sont
plus arrosées que Lomé puisque les précipitations y
avoisinaient 1 500 mm (Gon-KondéA., Apaloo E., Agbodjan S., Adama A.,
1998 : 123). Toujours dans les années 2000, cette anomalie climatique
était beaucoup plus sensible lorsqu'on fait une comparaison des totaux
pluviaux de Lomé (930 mm) et d'Aného (884mm) à ceux des
stations de l'intérieur (1046 mm à Tsévié, 1048 mm
à Tabligbo, 1212 mm à Notsè...). Quatre facteurs
conjuguent leurs effets pour créer cette anomalie. Il s'agit de
l'orientation parallèle de la côte par rapport aux flux de la
mousson, l'éloignement du Front intertropical (FIT) en
juillet-août, la présence des courants marins froids de Benguela
en août, et la descente de l'Harmattan jusqu'à la côte au
cours de l'année, tout en n'oubliant pas les facteurs anthropiques
(Gon-Kondé A., Apaloo E., Agbodjan S., Adama A., 1998 : 120). En
conséquence l'on assiste non seulement à la savanisation de la
bande côtière connue sous le nom de la terre de barre, mais aussi
à la diminution des précipitations. D'où la perte de la
fertilité des terres dans cette zone (le pays Ouatchi), l'une des plus
importantes zones productrices de maïs. Cette situation, baisse la
production agricole, et met à mal les politiques agricoles, car
celles-ci peinent à mettre en place un véritable système
de régénération de ces terres.
1.6. Une variabilité climatique due à l'effet
s du changement climatique
Au Togo, la température moyenne est
généralement élevée jusqu'à 28°C dans
les zones septentrionales, 27°C dans la zone côtière, entre
24 et 26°C dans les autres localités. L'humidité relative
moyenne est élevée dans les zones méridionales (73
à 90%) mais faible dans les régions septentrionales (53 à
67%). La vitesse moyenne du vent est de 1,93 m/s et la durée moyenne de
l'insolation est de 6,62 heures par jour. L'évapotranspiration moyenne
est de 1540 mm/an.45
Mais depuis les années 1980 46 , le Togo
connaît des changements climatiques qui s'expriment par l'augmentation
des températures et une diminution de la pluviométrie. De 1961
à 2005 par exemple, la température a augmenté de
0,5°c à Sokodé, de 0,9°c à Atakpamé et
à Lomé et de 1,1°c à Mango, alors que la
pluviométrie a diminué de 113,8 mm à Lomé, 80,3 mm
à Sokodé et de 36,7 mm à Atakpamé47. Il
en est résulté un indice d'aridité en dessous de 0,75
témoignant ainsi de la tendance à l'aridification du climat.
Aux
45 Ministère de l'environnement et des
ressources forestières (MERF, 2007, p. 12).
46 La période allant de 1961 à 2005 a
été subdivisée en deux sous-périodes. La
sous-période 1961-1985 durant laquelle le climat n'a pas connu de grands
bouleversements et la deuxième sous-période 1986-2005,
période climatique agitée par le phénomène de
réchauffement (MERF, 2007, p. 18)
47 L'indice d'aridité est le rapport de la
pluviométrie (P) sur l'évapotranspiration potentiel (ETP). I =
P/ETP.
32
changements climatiques sont liés des risques
climatiques qui pour certains se manifestent sous la forme de catastrophes
naturelles comme les inondations graves, les sécheresses, les vents
violents, les glissements de terrains, les érosions de montagnes, avec
des impacts à court, moyen et long termes sur les ressources en eau,
l'agriculture, la sécurité alimentaire, la foresterie, les
établissements humains et la santé.48Le Togo a connu
trois grandes sécheresses qui ont provoqué une famine
sévère entre 1942 -1943 ; 1976 -1977 ; et 1982-198349.
Ce phénomène est surtout localisé dans les Régions
des Savanes, de la Kara, Maritime et dans l'Est de la Région des
Plateaux. Elle est caractérisée par une augmentation progressive
de la température ambiante, une diminution de la pluviométrie,
une diminution du nombre de jours de pluies et une diminution du ratio
pluviométrie/évapotranspiration potentielle (P/ETP). Les impacts
environnementaux sont surtout la dégradation des terres et la perte de
la biodiversité. Le tableau 1 illustre la synthèse des variables
disponibles des 22 dernières années (1976 à 2000),
publiées par la Direction de la météorologie nationale
(DMN).
Tableau n° 1: Moyenne par Région des
variables climatiques de 1976 à 2000
Régions
|
Températur
e (°C)
|
Précipi- tation(mm)
|
Nbre de jrs
pluies
|
Humidité relative %
|
Evapotrans- piration (mm)
|
Insolation (H)
|
Maritime
|
27,4
|
882
|
84
|
78,5
|
1502
|
6
|
Plateaux
|
26,4
|
1328
|
107
|
73
|
1532
|
6,2
|
Centrale
|
26,4
|
1276
|
118
|
67
|
1588
|
6,6
|
Kara
|
26,8
|
1302
|
114
|
63
|
-
|
7,1
|
Savanes
|
28,3
|
1000
|
82
|
56
|
-
|
7,3
|
Togo
|
21,1
|
1157,6
|
101
|
67,5
|
1504
|
6,62
|
Source : MERF, 2007 : 12.
La prise en compte des niveaux et des effets des variables
climatiques ci-dessus permet de déduire que la région des savanes
qui enregistre un volume de précipitation assez bas, un nombre de jours
de pluies réduit, la température la plus élevée, le
degré hygrométrique le plus bas, et la durée d'insolation
la plus longue, serait la plus défavorisée sur le plan des
conditions climatiques. La région maritime dont la pluviométrie,
le nombre de jours de pluies et la
48 République togolaise, 2009, p. IX.
49Ministère de l'environnement et des
ressources forestières (MERF), 2009, p. 29.
33
température sont défavorables enregistre par
contre le degré hygrométrique le plus élevé, elle
peut être classée au titre de la deuxième région la
plus défavorisée au plan climatique.
2. Des aires agro-écologiques en
mutations
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