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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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2. Etat de la sécurité alimentaire au Togo à l'aube du troisième millénaire

Pour évaluer l'état de la sécurité alimentaire, il s'avère nécessaire de connaître celui des disponibilités alimentaires.

2.1. Disponibilités alimentaires et productions

La production locale des denrées agricoles de base constitue la très grande partie des disponibilités alimentaires d'un pays. Ainsi, au Togo de 1996 aux années 2008, la production locale avait connu une croissance non négligeable dans l'ensemble, comme le montre le tableau 9.

213 La consommation des pesticides au Togo est passée de 60 000 litres en 1978 à 170 000 litres en 1987, soit une croissance de 183,33 % en moins d'une décennie, (Ministère de la santé publique, Plan national d'action pour l'alimentation et la nutrition (PNAAN), 1996-2000 p. 45).

105

Tableau n° 9: Evolution des principaux produits agricoles vivriers du Togo de 1996/1997 à 2007/2008, en tonnes.

Production en milliers de tonnes

Campagne Agricoles

Céréales

Tubercules

Racines

Légumineuses

Mais

Sorgho

Mil

Riz- paddy

Igname

Manioc

Haricot

Arachide

1996/1997

387,5

155,8

55,1

76,5

604,7

548,3

42,6

55,4

1997/1998

452,1

151,7

48,7

86,2

683,0

595,7

46,6

34,2

1998/1999

350,4

136,5

40,6

86,6

696,1

579,3

32,7

27,1

1999/2000

493,5

141,6

39,3

81,0

665,6

693,9

45,3

35,3

2000/2001

482,0

155,401

37,3

62,3

563,2

700,6

41,7

25,9

2001/2002

463,9

 

41,2

63,6

745,9

651,5

41,3

33,0

2002/2003

510,0

168,9

 

69,2

745,9

663,5

44,6

35,6

2003/2004

537,9

163,2

 

62,0

614,9

778,8

43,6

38,2

2004/2005

523,6

169,7

 

83,8

636,3

679,0

49,4

34,8

2005/2006

509,4

206,0

42,1

72,1

575,2

678,9

67,3

33,4

2006/2007

543,3

224,6

42,4

76,2

621,0

767,3

52,8

39,2

2007/2008

546,0

210,2

45,4

80,4

618,2

773,1

62,9

35,9

Taux

moyen de croissance

41,08

%

34,91%

-

17,60

%

5,09%

2,23%

40,99%

47,65%

-27,97%

Source : Par nous à partir des résultats des enquêtes statistiques des campagnes agricoles de 1990 à 2009 menées par la DSID.

Si d'une manière générale, la lecture du tableau 9 laisse voir une tendance globalement haussière de la production, les différentes spéculations ont cependant évolué selon des fortunes diverses. En effet, la production céréalière a connu une progression non

106

négligeable avec des taux de croissance de 41,08 % pour le maïs et de 34,91 %, pour le sorgho de 1996 à 2008. Le mil a plutôt baissé de 17,60 % sur la même période alors que le riz-paddy n'a connu qu'une croissance de 5 % environ. Du côté des plantes à racines, c'est le manioc qui réalisa de très bonnes performances enregistrant sur une décennie à peu près, une croissance d'environ 41 %. Au même moment chez les légumineuses, le haricot connut une prestation appréciable avec un taux de croissance de plus de 47 % alors que l'arachide sombra avec une contre-performance de 30 % environ. La principale remarque qui s'impose d'après les performances de la production agricole montre une évolution en dents de scie de celle-ci. Elle associe bonne production (bonne saison) et mauvaise production (mauvaise saison) au gré des conditions climatiques et des catastrophes naturelles. Cependant, en règle générale, et en situation de sécurité alimentaire, cette production est appelée à être disponible auprès des populations nécessiteuses. Au Togo, ce sont les céréales (maïs, sorgho-mil, riz) qui constituent les aliments de base de la consommation qui devraient jouer ce rôle. Ainsi, selon une étude menée par le MAEP en collaboration avec la FAO, sur la période 1998-2005, le bilan céréalier a été légèrement déficitaire, sauf en 1998 (avec un taux de couverture de 87%), et en 2001 (avec un taux de couverture de 94%). En 2004 et 2005, les taux étaient respectivement de 96% et 97%214. Ces différences de taux s'expliquent en partie par les aléas climatiques et/ou autres événements comme les inondations qui détruisent périodiquement une partie des récoltes. Ainsi, en 2008, une évaluation de la FAO avait estimé que 15 000 ha de cultures ont été détruits et 24 900 agriculteurs touchés principalement dans les régions des savanes, plateaux et maritime lors des inondations de 2007. Une enquête conduite par le Programme alimentaire mondiale (PAM) toujours en 2008 sur l'impact des inondations de 2007 montrait que dans les trois régions, au moins 65 000 personnes étaient à risque (pour leur vie). Les inondations de juillet-août 2008 ont gravement endommagé les cultures, les habitats et les infrastructures (destruction de ponts et de routes, ...)215. Tout ceci démontre assez clairement que les périodes excédentaires correspondent à celle de bonnes récoltes, et les périodes déficitaires, à celles de mauvaises saisons.

Les disponibilités en produits d'élevage ne présentent pas elles aussi une situation enviable. En effet, sur la période allant de 1998 à 2005, le taux de couverture des besoins en produits

214 MAEP, Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen termes (2008-2015), janvier 2009, p. 17.

215 Réseau africain du droit à l'alimentation (RAPDA-TOGO), Etat des lieux sur le droit à l'alimentation adéquate au Togo, p. 46.

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d'élevage a été largement déficitaire. Il était de l'ordre de 70% et la consommation était estimée à 7 Kg de viande et abats par habitant et par an, ce qui est nettement inférieur à la norme préconisée par la FAO qui est de 12 Kg par personne et par an. Le pays importe annuellement 30 000 bovins, 40 000 petits ruminants, un million de volaille correspondant à près de 10 000 tonnes de viande216.Quant à la production halieutique, le taux de couverture des besoins était sur la même période inférieur à 50% et risque de s'aggraver à l'avenir compte tenu de la faiblesse des ressources maritimes et des eaux continentales217.Autant dire qu'en résumé, le Togo est importateur net de riz, de viande et de poisson pour satisfaire les besoins alimentaires de sa population. En 2007 par exemple, selon la Direction générale de la statistique et de la comptabilité nationale218, plus de 4 milliards de F CFA ont été consacrés à l'importation du riz, presque 3 milliards de F CFA pour l'importation de poissons et environ 1,25 milliard de F CFA pour la viande. En matière de sécurité alimentaire, la qualité nutritionnelle des aliments reste aussi très importante que leur disponibilité.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand