1. Les projets de développement agricole
Les projets réalisés dans le cadre du programme
d'ajustement structurel et de relance de l'agriculture, et de la
sécurité alimentaire au Togo des années 90 aux
années 2000, peuvent être regroupés en deux
catégories. Les projets de soutien à l'agriculture et les projets
de soutien au domaine de la santé.
1.1. Les projets à caractère de soutien
agricole
Les projets de soutien agricoles estimés à une
dizaine à l'horizon 2006 sur toute l'étendue du territoire
togolais avaient presque tous les mêmes objectifs. Il s'agit entre autres
de :
Projet d'organisation et de développement villageois
(PODV). Le PODV réalisé de 1996 à 2005 dans la
Région Maritime et financé par le FIDA pour un montant total de
4,544 millions de FCFA206, avait pour objectifs d'augmenter et
diversifier les revenus agricoles, de réduire les contraintes
liées au foncier et de protéger les ressources naturelles
renouvelables. Les actions prévues en vue d'atteindre ces objectifs sont
regroupées en quatre composantes que sont la protection du patrimoine
foncier, la petite hydraulique agricole, l'appui aux organisations
villageoises, et le financement rural.
Projet vivrier Avé-Togo (PVAT). Le PVAT installé
dans la préfecture de l'Avé visait les objectifs ci-après:
garantir la sécurité alimentaire par la maîtrise de l'eau,
intensifier et diversifier la production agricole, augmenter les revenus des
populations de la zone d'intervention, renforcer les capacités de
gestion des organisations professionnelles pour une responsabilisation plus
accrue des bénéficiaires.
Programme d'amélioration des moyens d'existence des
populations pauvres(PAMEP) de 2000 à 2003.Il visait à
améliorer le niveau de vie des populations pauvres dans les
Régions de la Kara et Centrale, et d'autre part, à renforcer les
capacités des
205 UEMOA, les grandes orientations de la politique agricole
de l'UEMOA, p. 81.
206 MAEP, Programme national de sécurité
alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen
termes (2008-2015), janvier 2009, p. 42.
101
principaux acteurs (publics etprivés) dans la mise en
oeuvre et le suivi des actions de lutte contre la pauvreté. Le projet
fut mis en oeuvre à travers deux composantes: mise en place d'un fonds
d'appui au développement villageois (FADEV), basé à Kara
et renforcement des capacités et appui au système de suivi et de
coordination de lutte contre la pauvreté, dont la cellule était
à Lomé.
Projet de soutien aux groupements villageois de l'est de la
Région des Savanes (SOGVERS). De tous ces projets, celui-ci paraît
comme étant le prototype pour appréhender la portée de
l'ensemble de tous, puisqu'ayant presque les objectifs similaires. En effet,
réalisé dans la zone des préfectures de l'Oti et de
Kpendjal sur une superficie cultivable d'environ 50 000 ha et une durée
de quatre années consécutives (1996-2000), il avait comme but
principal d'améliorer leurs conditions de vie et de protéger
l'environnement en amorçant un processus de développement
auto-entretenu et autogéré au niveau des villageois. Ce but
principal se déclinait sous cinq points d'impact à savoir :
promouvoir les groupements villageois, augmenter la production agricole et de
l'élevage par la fourniture des services de vulgarisation en
matière d'agriculture et d'élevage, aménager des
infrastructures rurales, octroyer un appui aux services financiers ruraux et
mettre en place une ligne de crédit ainsi qu'un fonds de
développement rural, et renforcer la capacité de la
DRDR-Savanes207.Pour le premier point concernant la promotion des
groupements villageois, les résultats ne furent pas à la hauteur
de l'objectif. En effet, le projet devait sur ce point promouvoir 157
groupements villageois (GV), et créer également 157 centres
d'alphabétisations. Mais, en fin de projet en 2000, seulement 100 GV et
68 centres d'alphabétisation furent construits, soit un taux de
réalisation de 36,30 % et de 24,68 % respectivement208. En
conséquence, la sensibilisation et la formation des membres de GV qui
devaient se faire à partir des techniciens spécialisés
(TS) et d'animateurs travaillant avec le les groupements, afin de former les
techniciens villageois (TV) n'a tout simplement pas pu fonctionner. En
conséquence le relai que ces derniers devaient assurer dans les secteurs
en lieu et palace des TS et des animateurs fut un voeu pieu. Dans le
deuxième point focal, qui concernait l'augmentation de la production
agricole qui devait se matérialiser par le renforcement des services de
soutien aux
207 Au lancement du projet en 1996, le ministère en
charge de l'agriculture le Ministère du développement rural (MDR)
n'avait pas encore subit la restructuration. Celle-ci était intervenue
un an plus tard en 1997, transformant ainsi le MDR en MAEP et les DRDR en
ICAT.
208Projet de soutien aux groupements villageois de
l'est de la région des savanes (SOGVERS), rapport d'évaluation
finale, mars 2001, pp. 14-15.
102
agriculteurs afin d'accroître leur production,
malgré les efforts déployés, l'apport d'intrants n'a pas
progressé assez comme le montre le tableau 8 :
Tableau n° 8: Evolution de l'usage de l'engrais
vivrier par les GV en tonnes dans la zone du projet de 1998 à
2000.
Année
|
engrais NPK
|
engrais urée
|
semences maïs
|
semences riz
|
1998
|
435 650
|
113 000
|
1 789
|
1 460
|
1999
|
172 200
|
27 300
|
1 700
|
700
|
2000
|
361 900
|
115650
|
|
|
Source : SOGVERS, rapport
d'évaluation finale, mars 2001, p. 18.
Malgré l'effort de construction des infrastructures
rurales telles que la mise en place des sites rizicoles, les difficultés
de leur mise en valeur et de leur entretien s'étaient posées. Sur
une dizaine de sites réalisés, à presque 100 %
d'exécution, aucun n'a connu un labour de 10 %. Prévu pour
construire 73 km de nouvelles pistes rurales et réhabiliter 98 km
anciennes, pour un total de 171 km, le projet n'a réalisé que
81,43 km de pistes rurales soit moins de la moitié209. Quant
à l'appui financier en zone rurale, l'objectif du projet était de
couvrir la zone d'un réseau de COOPEC viables, aptes à rendre des
services financiers aux populations paysannes et à faire face aux
besoins générés par l'activité du projet. Compte
tenu du peuplement de la zone, du besoin d'un service de proximité et de
la nécessité pour chaque COOPEC d'avoir un marché
suffisamment étoffé, le chiffre de 15 COOPEC a été
retenu. Cela représente pour chaque COOPEC un potentiel théorique
de 2000 comptes et au moins 30 millions de francs CFA d'épargne. Au 31
décembre 2000, seul un réseau de 12 COOPEC210
fonctionnelles, capables d'offrir des services financiers aux paysans,
était implanté dans la zone du projet. Ceci est un
résultat non encourageant, comparé aux autres sous-secteurs. Le
dernier point portant sur le renforcement des capacités du personnel de
la DRDR, n'a vraisemblablement pas marché à cause du fait que le
ministère du développement rural était en pleine
restructuration, à l'issue de laquelle la majeure partie des encadreurs
jugés incompétents devraient être licenciés. Ce qui
avait fait que ces derniers portaient moins d'attention aux
209 Projet de soutien aux groupements
villageois de l'est de la région des savanes (SOGVERS), rapport
d'évaluation finale, mars 2001, p. 21.
210 Ibid.
103
formations que leurs proposaient les techniciens
spécialisés (TS) du projet. Les projets de lutte contre
l'insécurité alimentaires ont aussi porté sur les mesures
sociales et sanitaires des productions agricoles, à cause de la
multidimension du concept de sécurité alimentaire.
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