3. La politique agricole intégrée face au
défi de la sécurité alimentaire au Togo
Cette politique s'était traduite par l'adoption des
politiques agricoles communes au niveau régional et sous
régional, sans oublier les recommandations internationales en la
matière.
3.1. La politique agricole de l'Union africaine (UA)
À la veille du troisième millénaire,
l'insécurité alimentaire frappait la plupart les Etats africains,
dont la cause principale était la défaillance des politiques
agraires initiés dans différents pays. Afin de renverser la
tendance du déclin du secteur agricole, sur le continent, les ministres
africains en charge de l'agriculture ont adopté, à la
XXIIèm Conférence régionale pour l'Afrique, le
8 février 2002 au Caire, une résolution sur les étapes
clefs à considérer dans le domaine agricole dans le cadre du
Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique
195 Gouvernement de la République du Togo, Appui
à la mise en oeuvre du NEPAD-PDDAA, Programme national d'investissement
à moyen terme (PNIMT), p. 11.
97
(NEPAD)196. Pour mettre en oeuvre cette
résolution, ils ont approuvé, le 9 juin 2002, le Programme
détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique
(PDDAA). La Déclaration sur l'agriculture et la sécurité
alimentaire en Afrique, ratifiée par l'Assemblée des Chefs d'Etat
et de Gouvernement de l'Union africaine réunis à Maputo
(Mozambique) les 10 et 11 juillet 2003, a apporté un soutien politique
fort au PDDAA. A cette occasion, les Chefs d'Etat et de gouvernement se sont
engagés à adopter des politiques déterminées en
faveur de l'agriculture et du développement rural et à y
consacrer, dans les cinq années à venir, au moins 10% de leur
budget. Le PDDAA définit un cadre général
présentant les principaux axes d'intervention prioritaires pour
restaurer la croissance agricole, le développement rural et la
sécurité alimentaire en Afrique. Par essence, il a pour objectif
de mettre en oeuvre les recommandations des conférences internationales
récentes sur la sécurité alimentaire, la réduction
de la pauvreté et l'utilisation durable des ressources naturelles. Le
programme repose sur cinq piliers, à savoir : extension des superficies
bénéficiant d'une gestion durable des sols et de systèmes
fiables de maîtrise de l'eau ;amélioration des infrastructures
rurales et des capacités de commercialisation, pour un meilleur
accès au marché ;augmentation de l'offre alimentaire et
réduction de la faim ;recherche agricole, vulgarisation et adoption de
technologies permettant une croissance durable de la production ; et
Développement durable de l'élevage, des pêches et des
forêts.
Le résultat attendu de ces initiatives était de
faire augmenter les productions agricoles nationales de 6 %. Toutes ces mesures
ne valent que par leur financement, et cela fut même le point phare de la
PDDAA, adopté sur engagement à Maputo en 2003. Pour atteindre cet
objectif, le Togo avait soumis à la FAO, en 2005 un projet de
financement nommé Projet national d'investissement à moyen terme
(PNIMT). Cinq années après (en 2008) Maputo (en 2003) et
malgré l'appui de la FAO, le Togo ne réalisa pas l'objectif
d'accorder 10 % de son budget au secteur agricole. En effet, pour atteindre cet
objectif, l'Etat togolais estimait ce budget à 70 milliards de FCFA, ce
qui le classait dans la fourchette des pays à revenus
intermédiaires (10 % du PIB agricole)197. Or de 2003 à
2008 le budget agricole togolais bien qu'il soit en croissance n'atteignit
même pas 23,33 milliards, c'est-à-dire le tiers des 70 milliards
recommandés. En effet, le budget agricole était passé
d'environ 8 milliards en 2004 à
196 Le NEPAD est né en juillet 2001 de la fusion du
Plan Oméga et du Millenium African Plan, au cours de
l'année 2000, et qui cherchaient à pallier le retard immense
qu'avait pris l'Afrique en matière de développement sur la
scène internationale. Il n'est pas une institution complètement
autonome. C'est avant tout un projet, sous la tutelle de l'Union africaine. Son
ultime but est de combler le fossé séparant l'Afrique du reste du
monde.
197 République togolaise, revue diagnostique des
dépenses publiques dans le secteur agricole, rapport final, p.
ix.
98
environ 21 milliards en 2008198, soit une
croissance d'environ 162,5 % mais pas suffisant pour être dans les normes
du PDDAA, alors que cinq pays de l'Afrique occidentale voisins du Togo avait
réussi à réaliser cet objectif. Il s'agit du Burkina Faso,
du Niger, de la Guinée, du Sénégal et du
Mali199. En conséquence, la croissance attendue de 6 % ne fut
pas au rendezvous. La tendance était plutôt à la baisse
passant de 4,8 % en 1996 à 1,2 % en 2003200. Des mesures
conjointes étaient aussi prises sur le plan sous-régional afin de
bouter l'insécurité alimentaire hors des frontières.
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