1.2. L'ICAT et le renforcement de capacités des
organisations paysannes (OP)
Dans le monde de l'encadrement rural régnait un grand
désordre qui nécessitait une prise de conscience. En effet, le
niveau de compétence technique des agents d'encadrement de base des DRDR
était dans l'ensemble très bas. La grande majorité des
encadreurs et chefs de sous-secteurs n'avait jamais
bénéficié de formation agricole de base. Leur formation
professionnelle initiale se limitait à une session de 2 à 3 jours
aux techniques simples de production. Il n'existait donc aucun système
de suivi et d'évaluation des activités d'encadrement. Ainsi, le
rapport annuel du Ministère du développement rural (MDR) de
l'année 1981 concluait-il en ces termes : « Nous avons
l'impression que pour 80% de nos encadreurs, tout est à refaire, depuis
l'alphabétisation fonctionnelle jusqu'aux techniques agricoles en
passant par des tests d'éveil de bons sens, la plupart des encadreurs
n'inspiraient aucune confiance »177
(Maman, 2011 : 103-104). La création de l'ICAT dont la mission fut de
contribuer à la promotion du monde rural, à travers la
professionnalisation des producteurs agricoles était une réponse
à ce fléau. Il comprend une Direction générale,
cinq délégations régionales et des agences au niveau des
préfectures. Compte tenu de l'importance du secteur agricole et des
enjeux qui le caractérisent, les pouvoirs publics par le biais de
l'ICAT, s'appuyant sur les opportunités offertes par l'organisation
paysanne, ont mis en oeuvre depuis 1996 une réforme structurelle
basée sur la responsabilisation du monde rural, afin de garantir
177 Ministère du développement
rural, 1986, nouvelle stratégie de développement rural, document
3 : encadrement et formation, p. 5.
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aux populations agricoles/rurales des services de base tels
que l'accès aux marchés, la défense de leurs
intérêts, l'accès aux prises de décision et la
participation, la contribution à leur bien-être et à la
bonne gouvernance locale. La stratégie repose alors sur la
reconnaissance du rôle des agriculteurs comme agents économiques
et se fonde aussi sur un nouvel équilibre et une collaboration entre les
organismes publics et le secteur privé.
En termes de situation des OPA issues de la mise en oeuvre de
la DPDA178 1996, latypologie des organisations paysannes s'est
développée selon deux axes, à savoir: l'axe professionnel,
agricole et financier; et l'axe sociocommunautaire. Le premier axe,
étant le plus ancien de l'organisation paysanne, a connu au cours de la
période 1996-2004 179, une évolution
typologique progressive et pyramidale autour de
l'activité économique, professionnelle et dans l'espace
géographique excentrique (village, préfecture, région,
nation, etc.). Cependant, il y a lieu de relever que cette évolution
n'est pas uniforme selon les filières, en raison de la convergence ou
non des intérêts et des motivations respectives des acteurs des
filières et de l'Etat. Ainsi, l'organisation des filières de
productions vivrières et celle des productions de diversification des
exploitations connaissent un essor moins encourageant que celui des productions
traditionnelles(coton, café/cacao) de rente. Néanmoins, toutes
les filières sont affiliées aux chambres régionales de
l'agriculture. Globalement, tous les sous-secteurs de l'agriculture, au sens
large, connaissent des mouvements coopératifs. Le deuxième axe
étant celui de motivation très récente (la
décentralisation par transfert de pouvoir de décision,
d'exécution et de gestion,...) et visait comme intérêts le
bien-être communautaire, la bonne gouvernance locale, la
responsabilisation des communautés rurales, ses outils et
stratégies sont peu maîtrisés. Son évolution ne
présente pas encore une couverture géographique de base
complète ni une évolution pyramidale. Mais il faut aussi retenir
qu' en même temps qu'il appuie les OP, l'ICAT se charge de la
vulgarisation des intrants et des nouvelles techniques culturales mises en
place par l'ITRA, à leur endroit.
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