4. Les performances de la production agricole togolaise
dans la NSDR face au défi de la sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire est assurée dans
un pays si ce dernier arrive à couvrir les besoins de sa population par
les disponibilités alimentaires (production locale + importation)
stables, accessibles et d'une qualité nutritionnelle.
4.1. La NSDR et l'évolution de la production
agricole
A la fin de la politique de la Nouvelle stratégie de
développement rural, en 1993, la production agricole présentait
une progression dans son ensemble, avec des variantes suivant les
spéculations. Le tableau suivant montre l'évolution de chaque
produit durant cette période.
162 Ministère du Plan, 1988,
déclaration de la politique de développement du gouvernement
togolais dans le cadre du 3ème PAS, p. 10.
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Tableau n° 6 : Evolution de la production des
principaux produits agricoles durant la NSDR en milliers de tonnes de la
campagne 1985-1986 à la campagne 1993-1994
Campagnes agricoles
|
Production agricole en millier de tonne
|
Céréales
|
Tubercul
e
|
Racine
|
Légumineuses
|
Maïs
|
Sorgho- mil
|
Riz
paddy163
|
Igname
|
Manioc
|
Niébé
|
Arachide
|
1985-1986
|
181,6
|
168,9
|
15,2
|
364,4
|
474,4
|
26,6
|
31,5
|
1986-1987
|
127,0
|
212,9
|
19,8
|
409,4
|
410,7
|
23,1
|
34,8
|
1987-1988
|
172,1
|
168,2
|
23,2
|
360,4
|
355,2
|
36,2
|
31,7
|
1988-1989
|
296,3
|
175,5
|
28,7
|
378,7
|
413,1
|
18,0
|
25,2
|
1989-1990
|
287,3
|
249,8
|
27,7
|
405,1
|
408,6
|
22,8
|
27,6
|
1990-1991
|
285,4
|
172,5
|
25,1
|
391,9
|
592,9
|
19,6
|
26,5
|
1991-1992
|
231,1
|
191,2
|
39,3
|
376,5
|
510,5
|
17,0
|
21,8
|
1992-1993
|
278,1
|
187,6
|
25,3
|
368,0
|
452,1
|
23,8
|
32,1
|
1993-1994
|
393,1
|
201,5
|
34,0
|
350,4
|
389,5
|
38,6
|
34,7
|
1994-1995
|
269,5
|
129,8
|
38,8
|
375,2
|
411,8
|
21,5
|
29,2
|
1995-1996
|
225,1
|
191,1
|
39,7
|
411,2
|
466,8
|
22,5
|
27,2
|
Taux de croissance
|
23,95%
|
13,14%
|
161,18%
|
12,84%
|
-1,60%
|
-15,41%
|
-13,65%
|
Source : Par nous à partir des
données de la DESA, 1996, (Cf. Annexe 1).
Selon le tableau 6, les différentes spéculations
ont connu dans leur ensemble une tendance à la hausse durant la NSDR
mais une observation de ce tableau dans les détails laisse voir que les
différents produits ont alterné bonnes saisons et mauvaises
saisons. C'est dire qu'il y a eu une énorme fluctuation, tant
l'agriculture est pluviale et soumise aux caprices des aléas
climatiques. Au niveau des céréales, le maïs constitue le
meilleur exemple qui illustre cette situation. Sa production qui était
de 181 600 tonnes en 1985-1986, était tombée à 127 000
tonnes la campagne suivante, soit une chute de 30,06 %, puis à 172 100
tonnes celle d'après, avant de rebondir à 196 300 tonnes à
la campagne 1988-1989, soit un bond de 14,06 %. Puis elle grimpa jusqu'à
231 100 tonnes à la campagne 1991-1992 avant de remonter jusqu' à
sa production record de 393 100 tonnes à la campagne 1993-1994, puis
elle chuta de nouveau à
163 Le riz paddy, c'est le riz récolté à
l'état brut avant décorticage.
84
269 500 tonnes en 1994-1995, et à 225 100 à
1995-1996.Mais cette évolution en dents de scie, n'empêcha pas
cette spéculation d'enregistrer une croissance d'ensemble de 23,95 %
entre 1985 et 1996. La bonne opération a été du
côté du riz paddy qui enregistra une forte croissance de 161,18 %
sur la même période, alors que le sorgho-mil avait fait un bond de
13,14 %. Les tubercules et les légumineuses à l'exception de
l'igname ont plutôt été très décevants. En
effet de 1985-1986 à 1995-1996, le manioc a régressé de
1,60 %, le niébé de 15,41 %, et l'arachide de 13,65 %.
De toutes ces spéculations en régression, c'est
le cas du manioc qui paraît un peu délicat, pour la simple raison
qu'il est un produit à la fois alimentaire et matière
première pour la petite industrie de transformation de ses multiples
dérivés.
La production de viande et abats s'est accrue de 1986 à
1993 (15 200 tonnes en 1986, 17 300 tonnes en 1989, et 22 133 tonnes en 1993)
avec un taux modeste 5,4 %.
Au même moment, les cultures de rente ont aussi vu leur
production baisser. Le café est passé d'une production de 17 234
tonnes d'une valeur de 5 170, 2 millions de F CFA en 1989 à seulement 9
290 tonnes d'une valeur de 2 552,818 millions de F CFA en 1991, soit une baisse
de 50,62 % du chiffre d'affaire164. Le cacao ne
présentait pas aussi une situation satisfaisante durant la même
période, car il est passé d'une production de 8 701 tonnes d'une
valeur de 4 440, 308 millions de F CFA à seulement 6 279 tonnes d'une
valeur de 3 093,306 millions de F CFA, soit un baisse du chiffre d'affaire de
30,33 %165. Le coton qui était entre-temps
devenu une culture locomotive166, avait une
production qui tournait autour de 35 832 tonnes d'une valeur de 1 622,529
millions de F CFA en 1991167.
Ces mauvaises performances de la production des cultures de
rente constituent une grande perte pour les paysans producteurs. Ceux-ci
n'avaient pas assez de devises après la vente, ce qui ne leur permet
donc pas de faire face aux besoins sociaux en l'occurrence l'achat des
denrées alimentaires, principalement en période de soudure. Cette
situation constitue donc une menace sérieuse pour leur
sécurité alimentaire de cette frange de la population
togolaise.
164 DESA, 1993, Recueil des données
socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 21.
165 Idem., p. 21.
166 Les pouvoirs publics pensaient que le
développement de cette culture de rente allait entraîner,
grâce à son caractère national celui de tout l'ensemble de
l'exploitation agricole et au-delà, celui de tout le milieu rural. C'est
en cela que le coton était considéré comme «
culture locomotive ».
167 DESA, 1993, Recueil des données
socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 21.
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