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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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4. Les performances de la production agricole togolaise dans la NSDR face au défi de la sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire est assurée dans un pays si ce dernier arrive à couvrir les besoins de sa population par les disponibilités alimentaires (production locale + importation) stables, accessibles et d'une qualité nutritionnelle.

4.1. La NSDR et l'évolution de la production agricole

A la fin de la politique de la Nouvelle stratégie de développement rural, en 1993, la production agricole présentait une progression dans son ensemble, avec des variantes suivant les spéculations. Le tableau suivant montre l'évolution de chaque produit durant cette période.

162 Ministère du Plan, 1988, déclaration de la politique de développement du gouvernement togolais dans le cadre du 3ème PAS, p. 10.

83

Tableau n° 6 : Evolution de la production des principaux produits agricoles durant la NSDR en milliers de tonnes de la campagne 1985-1986 à la campagne 1993-1994

Campagnes agricoles

Production agricole en millier de tonne

Céréales

Tubercul

e

Racine

Légumineuses

Maïs

Sorgho- mil

Riz

paddy163

Igname

Manioc

Niébé

Arachide

1985-1986

181,6

168,9

15,2

364,4

474,4

26,6

31,5

1986-1987

127,0

212,9

19,8

409,4

410,7

23,1

34,8

1987-1988

172,1

168,2

23,2

360,4

355,2

36,2

31,7

1988-1989

296,3

175,5

28,7

378,7

413,1

18,0

25,2

1989-1990

287,3

249,8

27,7

405,1

408,6

22,8

27,6

1990-1991

285,4

172,5

25,1

391,9

592,9

19,6

26,5

1991-1992

231,1

191,2

39,3

376,5

510,5

17,0

21,8

1992-1993

278,1

187,6

25,3

368,0

452,1

23,8

32,1

1993-1994

393,1

201,5

34,0

350,4

389,5

38,6

34,7

1994-1995

269,5

129,8

38,8

375,2

411,8

21,5

29,2

1995-1996

225,1

191,1

39,7

411,2

466,8

22,5

27,2

Taux de croissance

23,95%

13,14%

161,18%

12,84%

-1,60%

-15,41%

-13,65%

Source : Par nous à partir des données de la DESA, 1996, (Cf. Annexe 1).

Selon le tableau 6, les différentes spéculations ont connu dans leur ensemble une tendance à la hausse durant la NSDR mais une observation de ce tableau dans les détails laisse voir que les différents produits ont alterné bonnes saisons et mauvaises saisons. C'est dire qu'il y a eu une énorme fluctuation, tant l'agriculture est pluviale et soumise aux caprices des aléas climatiques. Au niveau des céréales, le maïs constitue le meilleur exemple qui illustre cette situation. Sa production qui était de 181 600 tonnes en 1985-1986, était tombée à 127 000 tonnes la campagne suivante, soit une chute de 30,06 %, puis à 172 100 tonnes celle d'après, avant de rebondir à 196 300 tonnes à la campagne 1988-1989, soit un bond de 14,06 %. Puis elle grimpa jusqu'à 231 100 tonnes à la campagne 1991-1992 avant de remonter jusqu' à sa production record de 393 100 tonnes à la campagne 1993-1994, puis elle chuta de nouveau à

163 Le riz paddy, c'est le riz récolté à l'état brut avant décorticage.

84

269 500 tonnes en 1994-1995, et à 225 100 à 1995-1996.Mais cette évolution en dents de scie, n'empêcha pas cette spéculation d'enregistrer une croissance d'ensemble de 23,95 % entre 1985 et 1996. La bonne opération a été du côté du riz paddy qui enregistra une forte croissance de 161,18 % sur la même période, alors que le sorgho-mil avait fait un bond de 13,14 %. Les tubercules et les légumineuses à l'exception de l'igname ont plutôt été très décevants. En effet de 1985-1986 à 1995-1996, le manioc a régressé de 1,60 %, le niébé de 15,41 %, et l'arachide de 13,65 %.

De toutes ces spéculations en régression, c'est le cas du manioc qui paraît un peu délicat, pour la simple raison qu'il est un produit à la fois alimentaire et matière première pour la petite industrie de transformation de ses multiples dérivés.

La production de viande et abats s'est accrue de 1986 à 1993 (15 200 tonnes en 1986, 17 300 tonnes en 1989, et 22 133 tonnes en 1993) avec un taux modeste 5,4 %.

Au même moment, les cultures de rente ont aussi vu leur production baisser. Le café est passé d'une production de 17 234 tonnes d'une valeur de 5 170, 2 millions de F CFA en 1989 à seulement 9 290 tonnes d'une valeur de 2 552,818 millions de F CFA en 1991, soit une baisse de 50,62 % du chiffre d'affaire164. Le cacao ne présentait pas aussi une situation satisfaisante durant la même période, car il est passé d'une production de 8 701 tonnes d'une valeur de 4 440, 308 millions de F CFA à seulement 6 279 tonnes d'une valeur de 3 093,306 millions de F CFA, soit un baisse du chiffre d'affaire de 30,33 %165. Le coton qui était entre-temps devenu une culture locomotive166, avait une production qui tournait autour de 35 832 tonnes d'une valeur de 1 622,529 millions de F CFA en 1991167.

Ces mauvaises performances de la production des cultures de rente constituent une grande perte pour les paysans producteurs. Ceux-ci n'avaient pas assez de devises après la vente, ce qui ne leur permet donc pas de faire face aux besoins sociaux en l'occurrence l'achat des denrées alimentaires, principalement en période de soudure. Cette situation constitue donc une menace sérieuse pour leur sécurité alimentaire de cette frange de la population togolaise.

164 DESA, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 21.

165 Idem., p. 21.

166 Les pouvoirs publics pensaient que le développement de cette culture de rente allait entraîner, grâce à son caractère national celui de tout l'ensemble de l'exploitation agricole et au-delà, celui de tout le milieu rural. C'est en cela que le coton était considéré comme « culture locomotive ».

167 DESA, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 21.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld