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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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3.2. La liquidation de la CNCA et l'asphyscie de l'agriculture togolaise

La CNCA était devenue inefficace pour le développement rural (comme nous l'avions dit un peu plus haut), surtout à partir de 1987, suite à un grand détournement de fonds qui l'avait paralysée presque totalement159. De plus, elle n'accordait ses prêts qu'aux agriculteurs intégrés à un groupement ou liés à un projet. Encore faut-il se poser la question de savoir combien de cultivateurs togolais étaient intégrés, ou étaient bien groupés ? La situation est beaucoup plus grave du côté des producteurs des cultures vivrières car certains producteurs de cultures industrielles étaient liés à des groupements, ceci depuis l'époque coloniale. Ainsi, cette situation a permis aux productions de rente de garder toujours leur prépondérance grâce aux avantages qu'ils avaient vis-à-vis des décideurs. Au fait, c'est que leur financement venait aussi de l'extérieur qui en tire aussi grand profit et qui n'a rien à gagner en investissant sur le maïs ou l'igname par exemple. Cela va aboutir à la liquidation de la CNCA (en 1990) portant ainsi un coup sévère aux paysans, donc à NSDR en ce sens qu'elle limita la capacité d'accumulation productive de ces derniers160. Comme la réussite de toute politique agricole dépend indubitablement du niveau de son financement, il est clair que cette situation explique des mésaventures des tentatives de modernisation agricoles mises en place dans le pays.

3.3. La libéralisation des échanges des produits agricoles

La Société nationale du commerce (SONACOM), était une Société mixte qui s'occupait de la commercialisation de tous les produits au Togo. Mais dès 1989, elle fut amputée du monopole de l'importation et de la distribution de tous les produits et denrées alimentaires. La commercialisation de ces produits fut alors libéralisée et exemptée de toutes les taxes de monopole. Il s'agit par exemple du riz et du sucre. Après l'abolition de ce monopole, l'Etat engagea la politique des prix aux producteurs, notamment des productions de rente, en référence au « prix plancher »161. Cette politique vise à assurer la croissance économique auto-soutenue à moyen terme des agriculteurs, tout en continuant d'améliorer la position de la balance des payements et des finances publiques. A titre d'exemple, au cours de la campagne agricole 1986-1987, les prix aux producteurs de café et de cacao ont été élevés : le prix du

159 Schwartz, 1989 : 99.

160 Maman, 2011 : 108-109 ; et Schwartz, 1989 : 99.

161 Hausse du prix aux producteurs, ou baisse de ce dernier par rapport au prix plancher, en fonction des cours mondiaux et de l'intervention de la caisse de stabilisation.

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café est passé de 365 FCFA le kg à 400 F CFA le kg et celui du cacao de 300 FCFA à 360 FCFA, soit une hausse respective de 9,6% et de 9,1%162.

La lecture attentive de cette politique de prix montre que l'Etat voulait tout simplement inciter les paysans à produire plus, car ceux-ci étaient déjà découragés par des mesures d'austérité. Pour les cultures vivrières, la libéralisation devait consister en la mise en place, d'un système d'attribution de licence d'exportation, et d'une ligne de crédit pour les groupements de paysans et les exportations en vue d'alléger les contraintes immédiates qui se posait à eux dans la commercialisation. Quant à TOGOGRAIN qui s'en chargeait, dès 1986 avec la NSDR, ce dernier fut restructuré, et il devait évoluer selon un certain nombre de règles qui lui sont tracées. A cet effet la règle de stock de TOGOGRAIN ne devrait pas dépasser 12 000 tonnes renouvelables par tiers annuel (Maman, 2011 : 110). L'objectif visé par la politique agricole du Togo durant cette période de déséquilibre et d'austérité budgétaire accentuée par les troubles sociopolitiques, était bel et bien la sécurité alimentaire.

Il paraît donc important de visiter les performances de l'agriculture pour voir s'il était arrivé à la hauteur de ce défi.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus