3. La NSDR vue sous l'angle financier
Les effets pervers des différents programmes
d'ajustement appliqués par le gouvernement au cours de la
décennie 1980 ont affecté notablement les investissements publics
dans le secteur rural.
3.1. Un budget d'investissement agricole en baisse
Les investissements des zones rurales du Togo ont toujours
été essentiellement assurés par les ressources publiques
d'origine nationale ou étrangères. De 1985 à 1986 par
exemple, les finances publiques ont alloué au secteur rural 72,20
milliards de FCFA dont 61, 27 milliards pour le programme d'investissement
public 156 . Quant à la relativité des sources, de
financement, on note sur la période 1985/1990, une diminution des
ressources internes (BIE) dévolues à l'investissement. Alors que
l'effort des partenaires bilatéraux et multilatéraux est
resté constant avec une progression d'environ 3,7 % et des
réaménagements internes portant les dons en progression de 3,5
milliards FCFA en 1985 à 6 milliards en 1990, alors que les prêts
sont passés de 7,3 milliards F CFA et à 6,7 milliards sur la
même période157. Malgré la chute de l'aide
extérieure des années 1990 imputable aux événements
sociopolitiques, le secteur agricole avait continué à
bénéficier d'apports extérieurs. Le
déséquilibre budgétaire du pays au cours des années
1980 affecta beaucoup l'investissement agricole à commencer par la
fermeture des structures étatiques de production ou d'appui agricole,
notamment
154 Ministère du développement rural, 1986,
Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de
production, p.14.
155 Idem., p.15.
156 Ministère du développement rural, 1996,
Stratégie national de la sécurité alimentaire,
document de travail, p. vi.
157 Ibid.
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TOGOFRUIT, SOTEXMA, GEMAG..., puis survient alors une baisse
des fonds investis dans le secteur rural comme le montre le tableau 5 de
l'évolution du budget national sur une période de 5 années
consécutives.
Tableau n° 5 : Evolution du budget d'investissement
agricole du Togo en
millions de F CFA de 1986 à 1990
Années
|
Budgets d'investissement
|
1986
|
2366,350
|
1987
|
2032,250
|
1988
|
1973,900
|
1989
|
2295,400
|
1990
|
2225,400
|
Source : MDR, 1990 rapport national
d'avancement de la réforme agricole et le développement
1987-1990, p. 29.
Les données du tableau montrent que le budget
d'investissement dans le secteur rural qui était de 2 366,350 millions
de FCFA en 1986 a chuté de 14,11 % l'année suivante soit un
investissement de 2 032,250 millions de FCFA pour 1987. La chute continua alors
pour atteindre les 16,58 % en 1988, soit un investissement de 1 973, 900
millions de FCFA, avant de se stabiliser autour des 2 295, 400 millions de FCFA
pour les années 1989 et 1990.
Les dépenses consignées dans le tableau 5
servent essentiellement au financement du secteur paysannal, notamment le
personnel d'encadrement, les activités en amont et en aval du secteur de
l'agriculture ? Il est avéré que cette baisse d'investissement va
réduire considérablement les performances de l'agriculture.
L'évaluation du budget agricole par rapport au budget national montre
que la volonté politique des pouvoirs publics ne se traduit pas dans les
faits. En effet, jusqu'en 1991, le budget agricole n'avait jamais
dépassé les 3 % du budget national. Il était de 2,5 %, du
budget national en 1988, de 2,9 % en 1989 et 1990, et de 3 % en
1991,158 dans un pays essentiellement agricole, où le secteur
primaire était considéré comme une arme du
décollage économique. Dans une pareille situation, les paysans ne
pouvant plus compter sur l'effort traditionnel des pouvoirs publics pour les
soutenir, il est évident que leur production ne fera que baisser
à leur tour. Mais la grande déception des paysans était
venue de la liquidation de leur banque.
158 DESA, 1993, Recueil des données
socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 17.
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