2. la promotion d'une industrie agro-alimentaire
basée sur la transformation des produits agricoles locaux
Cette politique répond au souci de créer dans le
pays une industrie d'import-substitution, à même d'une part de
mettre sur le marché à des conditions satisfaisantes pour les
consommateurs, des biens alimentaires de première
nécessité, de l'autre, d'oeuvrer dans le sens d'un
développement autocentré. Deux principales sociétés
de transformation ont été mises à contribution. Il s'agit
de l'Office national de promotion, et de développement des cultures
fruitières (TOGOFRUIT) et la Société nationale de
développement des palmeraies et des huileries(SONAPH). En fait, ces deux
sociétés ont été créées bien avant le
lancement de la politique de la révolution verte. Il s'est donc agi
d'une réorientation de leurs objectifs vers l'atteinte de
l'autosuffisance alimentaire.
94 Rapport annuel, DGDR, 1983, p. 149.
95 Ibid.
96 Y. Nagnango., ingénieur agricole, et
Directeur exécutif de la Centrale des producteurs de
céréales (CPC) du Togo, entretien du 28 mai 2014 à 12 h03,
dans son bureau à Tsévié.
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2.1. TOGOFRUIT
L'Office national de promotion et de développement des
cultures fruitières (TOGOFRUIT)97 créé en 1971,
avait des objectifs qui épousaient les attentes de la politique de la
révolution verte lancée vers la fin de la décennie 70. En
effet, elle devait s'occuper dans un premier temps, de tout programme de
recherche et d'adaptation du matériel végétal en vue de la
vulgarisation, et de la conduite de toutes opérations arboricoles
fruitières au Togo ; et dans un second temps, promouvoir la
transformation, la conservation et la commercialisation des fruits issus de la
production locale. Pour ce faire, elle créa divers postes
(Kpalimé, Notsè, Sotouboua, Kara, ...) équipés de
structures techniques de bases afin de créer et d'entretenir des
pépinières. Lors du troisième quinquennat par exemple, la
société avait pour objectif de faire la mise en place de 10 015
hectares de vergers répartis dans les cinq régions
économiques du pays dont 380 ha pour la région maritime, 4 260 ha
pour celle des plateaux, 2 185 ha dans la région centrale, 1 500 ha dans
celle de la Kara et 1 690 ha pour celle des savanes98. Les essences
fruitières qui devaient être développées sont les
agrumes pour 1 445 ha, les ananas pour 1 715 ha, les avocatiers pour 810 ha,
les anacardiers pour 3 000 ha, les bananiers pour 1 120 ha, les manguiers pour
1 650 ha, et d'autres divers fruits estimés à 275
ha99. Cependant, force est de constater qu'à la fin de ce
quinquennat, l'objectif fixé plus haut n'a pas été atteint
en matière de production, car le patrimoine de TOGOFRUIT en 1980
atteignait à peine les 4 089 ha, alors que les objectifs fixés
étaient de 10 015 ha100.Le manque de suivi dans la
réalisation de cette politique fruitière fut l'une des
principales causes de ce fiasco. Exemple de l'institution de la
journée de l'arbre en marge de cette politique, qui se résume
à la livraison des plans, et leur mise en terre chaque 1er
juin, sans aucun suivi (Agbévé, 2011 : 84).Mais la conservation
des fruits fut de loin la plus grande difficulté de cette
société fruitière, comme le relate un enquêté
: « Cette politique s'est limitée seulement à la
production. Le grand problème fut celui de la conservation de ses fruits
; il n'y avait aucun système de leur conservation. TOGOFRUIT se
contentait de vendre les fruits aux bonnes femmes, quelques fois au
Bénin voisin... la production était de la sorte qu'elle
n'attirait aucun investisseur» (B. Akondo101).En
définitif, la politique agro-industrielle sur la
97 TOGOFRUIT fut créée en Novembre
1971par décret n°213/71.
98 Ministère du plan et des mines, plan de
développement socio-économique 1976-1980, p. 231.
99 Ibid.
100 Ministère du plan et des mines, plan de
développement socio-économique 1981-1985, p. 88.
101 B. Akondo, ingénieur agricole, ancien Chef
régional de la protection des végétaux à Kara,
entretien du 24 mai 2014 à17h 05, à son domicile à
Agoé.
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base de la production locale, ne bénéficia pas
d'une bonne mise en application. Des projets évoqués ne furent
donc pas réalisés, ceci n'est pas sans conséquence sur les
résultats globaux de la révolution verte. Un autre volet de
l'agro-industrie concernait les palmiers à huiles.
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